Il y a un an, à Montréal, les partisans ont vu un jeune pilier défensif se faire avoir en direct.
Kaiden Guhle a signé l’un des contrats les plus avantageux pour le Canadien de Montréal dans l’ère moderne. Huitième merveille pour Kent Hughes, cauchemar pour l’agent Allain Roy.
Le verdict public était sans appel : Guhle, joueur de première paire, s’était fait voler.
L’histoire est connue. L’été 2024, le clan Guhle réclamait un contrat massif : huit ans, entre 7 et 8 millions de dollars par saison.
Un contrat qui aurait verrouillé l’avenir du défenseur québécois et reconnu sa juste valeur. Mais Hughes a refusé net. Il a imposé sa propre recette :
Pas de cinq ans, parce que cela aurait mené trop rapidement à l’autonomie complète,
Pas de huit ans à prix fort, parce que cela aurait trop coûté à long terme.
Résultat : un contrat de six ans, 5,5 millions $ par saison, qui attache Guhle jusqu’en 2031 à rabais.
Et l’agent lui-même, Allain Roy, a reconnu sa défaite.
« Si on s’était rendus à huit ans, pour nous, ç’aurait été dans cette région-là (8 M$ par année). Mais ça, c’était hors de question pour l’équipe. Kent Hughes ne voulait pas se rendre là. C’est pour ça qu’on a atterri au milieu avec six ans. »
« Kent ne voulait pas aller à cinq ans, parce que les Canadiens achetaient seulement une année d’autonomie complète. Ils voulaient au moins deux années. À cinq ans, ç’aurait été un coup de circuit pour nous. »
Puis, la phrase qui a marqué l’imaginaire :
« À sept ou huit ans, on voulait quelque chose dans ces eaux-là, 8 millions $ et plus… »
En un instant, Roy a confirmé ce que tout le monde soupçonnait : Hughes avait imposé sa loi, et Guhle avait accepté un contrat très inférieur à sa valeur réelle. Pour plusieurs, un « hold-up » pur et simple.
Aujourd’hui, la même pièce de théâtre est en train de se jouer… mais avec Mason McTavish dans le rôle du jeune vedette. Et cette fois, c’est le directeur général des Ducks, Pat Verbeek, qui reprend la recette Hughes et qui veut en passer une petite vite à l'agent du centre, Pat Morris.
Les demandes de l’attaquant sont claires:
Un contrat de 7 à 8 ans.
Une valeur de 7 à 8 millions $ par saison.
C’est exactement le gabarit de ce que Guhle et son clan réclamaient il y a un an.
Mais Verbeek, fidèle à sa réputation de négociateur de fer, refuse.
Son offre est rigide : 5 ans, 5,5 millions $ par année. Pas plus. Exactement le scénario Guhle. Exactement la même stratégie de rabais forcé.
Et voilà pourquoi la situation est explosive. Car contrairement à Guhle, McTavish n’a pas l’intention de plier.
Le respecté insider Pierre LeBrun (The Athletic) a résumé la situation dans des propos sans pitié.
Le clan McTavish et les Ducks n’ont eu aucune discussion depuis lundi. McTavish a quitté pour Ottawa, où il s’entraîne avec les 67’s, et c’est un signe clair que les positions sont figées.
Les deux camps sont en désaccord sur la durée et sur le salaire. L’attaquant n’a pas demandé de transaction et veut rester à Anaheim, mais si ça traîne jusqu’en octobre, tout peut arriver.
Une bombe en règle. LeBrun met noir sur blanc ce que tout le monde sent : Anaheim veut imposer la recette Guhle, et McTavish refuse de se faire « guhlleyser ».
Pourquoi c’est plus grave qu’à Montréal
À Montréal, malgré tout, Guhle est resté dans un environnement stable. Kent Hughes est son DG, Martin St-Louis croit en lui, et il a déjà sa place assurée dans le top 4. L’humiliation contractuelle ne l’a pas empêché de se développer.
Mais à Anaheim, le dossier McTavish a une teinte plus toxique.
Le joueur est déjà mis sous pression.
On le menace de ne pas lui donner un poste de centre garanti.
On l’oblige à rester à Ottawa, loin du camp des Ducks.
Bref, on joue au bras de fer « old school ». On tente de briser la volonté d’un jeune qui sait pourtant qu’il est le pilier offensif de la franchise.
N’oublions pas qui est McTavish.
Un centre de puissance, capable de dominer physiquement et offensivement. Le genre de profil rarissime que toutes les équipes recherchent. Un gars qui, à 22 ans, a déjà mené le Canada au Championnat mondial junior à lui seul et qui, dans la LNH, est perçu comme un futur capitaine.
Et c’est ce joueur-là qu’Anaheim essaie de sous-payer à coups de manœuvres contractuelles douteuses.
C’est ici que le parallèle devient encore plus croustillant.
À Montréal, on sait très bien ce que ça donne : un contrat en or pour l’équipe, un joueur qui sort humilié. Et c’est précisément ce que McTavish veut éviter.
Le contraste est flagrant :
Kaiden Guhle a cédé.
Mason McTavish refuse.
C’est pourquoi il rêve de Montréal. Parce qu’ici, il serait accueilli comme un sauveur, pas comme un joueur à rabais.
Parce qu’ici, Martin St-Louis lui donnerait immédiatement le poste de centre #2 derrière Nick Suzuki. Parce qu’ici, Kent Hughes, même s’il négocie dur, a démontré qu’il est prêt à payer ses centres.
Et maintenant?
La question est simple : est-ce que le Canadien pourrait profiter de cette fracture pour revenir à la charge?
On sait déjà que les Ducks, cet été, étaient prêts à céder McTavish… mais à une condition : que Montréal donne David Reinbacher. Hughes a refusé. C’était le nerf de la guerre.
Le dossier McTavish, c’est plus qu’une simple négociation. C’est le reflet d’une tendance dans la LNH : les DG qui veulent enfermer leurs jeunes vedettes à rabais avant que le plafond salarial explose. Hughes l’a fait à Montréal avec Guhle. Verbeek essaie de le faire avec McTavish.
Mais cette fois, le joueur n’a pas l’intention de se plier.
Et si jamais le bras de fer s’éternise, Montréal sera là, tapis dans l’ombre, prêt à bondir.
Parce qu’au fond, Mason McTavish ne veut qu’une chose : éviter de devenir le prochain Kaiden Guhle.