Colère de Juraj Slafkovsky sur le banc: tension à Buffalo

Colère de Juraj Slafkovsky sur le banc: tension à Buffalo

Par David Garel le 2025-11-12

Hier soir, la frustration était écrite sur le visage de Juraj Slafkovský. Quand Martin St-Louis a décidé de le retirer du premier trio, les caméras ont capté l’essentiel : un joueur bouillant sur le banc, furieux, incapable de cacher son irritation.

On aurait dit que la fumée lui sortait des oreilles. Ce n’était pas de la simple déception, mais bien de la colère pure, celle d’un jeune homme qui se voit glisser alors qu’il croyait avoir solidifié sa place parmi les intouchables.

Sur le banc, il n’a pas échangé un mot. Le regard vide, les mâchoires serrées, il fixait la glace comme si chaque présence sans lui était une gifle.

Les coéquipiers, eux, ont vite compris : Slafkovský était en furie. Pas contre les autres, mais contre lui-même et contre la situation. Et le message du coach était clair... : il ne transporte plus l’attaque, il la ralentit.

Parce que le problème est devenu visible : Slafkovský n’est pas un porteur de rondelle. C’est un joueur de puissance, un ailier lourd, pas un créateur d’espace.

Quand il tente d’entrer en zone adverse avec la rondelle, ça finit presque toujours mal. Les revirements s’enchaînent, les passes sont mal dosées, les lectures de jeu sont hésitantes.

Hier encore, un “bad pass” en entrée de territoire a tué le momentum d’un avantage numérique. Deux minutes plus tard, il a perdait bataille sur bataille le long des rampes.  Et c’est là que St-Louis a tranché.

Quanf tu vois un géant perd sa bagarre dans le coin contre un gars de 5 pieds 10, il est normal que le coach perde patience.

Fin de période : sur l’avantage numérique, Noah Dobson a pris sa place, aux côtés de Demidov, Caufield, Hutson et Suzuki. Un changement symbolique, le genre de décision qui ne passe pas inaperçue dans une chambre de hockey.

Surtout qu'on parlait d'un 5 contre 3. Slafkovský savait qu’il venait de perdre du terrain.

Et ce malaise survient au pire moment possible.

Parce qu’à Buffalo, les rumeurs d’échange autour de Tage Thompson refont surface.. Les Sabres, derniers dans l’Est, s’enfoncent dans une spirale sans fin.

Leur DG Kevyn Adams est fragilisé, et même s’il jure qu’aucune transaction n’est sur la table, tout le monde dans la LNH sait qu’un autre revers ou deux pourraient tout faire basculer.

Selon Marco D’Amico et RG Media, Montréal et Vancouver ont officiellement pris contact avec les Sabres pour sonder la disponibilité de Thompson. Réponse : « pas pour l’instant. » Mais tout le monde comprend: « pas encore ».

Et voilà où Slafkovský entre dans le portrait.

Tout le monde se rappelle la saison dernière quand Antoine Roussel, sur le plateau de TVA Sports, a lâché une bombe :

« Si le Canadien veut Tage Thompson, il devra sacrifier Slafkovský. »

Une phrase qui a électrisé le Québec hockey. Parce que ce n’est pas une hypothèse folle : Buffalo veut un monstre en retour. Et Slafkovský, avec son statut d’ancien premier choix, son gabarit et son potentiel encore inexploité, coche toutes les cases.

Sauf que l’attitude d’hier soir n’aidera pas sa cause.

Ce qu’on a vu sur le banc, c’est un jeune joueur à bout de nerfs, frustré par son jeu, frustré par la décision du coach, et qui n’arrive plus à se recentrer.

Un joueur qui a perdu la simplicité qui faisait sa force. Il veut être un porteur de rondelle, mais il n’a ni les mains ni la vision pour ce rôle. Quand il tente de percer la zone adverse, il prend de mauvaises décisions, perd le contrôle, et ruine le tempo de ses trios.

Les entraîneurs lui répètent la même chose depuis des semaines : simplifie ton jeu. Laisse la création à Suzuki et Demidov, joue dans le trafic, frappe, récupère, joue pour faire mal.

C’est son identité. Mais il continue de s’entêter à vouloir prouver qu’il peut tout faire. Résultat : il se met lui-même dans le trouble.

Et pendant ce temps, Buffalo regarde.

Les Sabres, eux, cherchent un gros ailier, un joueur qui peut dominer physiquement, qui pourrait renaître dans un autre environnement.

Slafkovský, malgré ses lacunes, attire. Parce qu’à Buffalo, on n’a plus grand-chose à perdre. Et parce qu’un échange Slafkovský-Thompson, aussi choquant soit-il, pourrait convenir aux deux camps : Montréal obtiendrait enfin son centre de puissance, Buffalo récupérerait un projet excitant et contrôlable à long terme.

Mais il y a un détail que peu soulignent : Tage Thompson coûte moins cher que Slafkovský.

Le contrat de Thompson (7,14 M$/an jusqu’en 2030) est une aubaine. Celui de Slaf (7,6 M$/an) est un pari. Et c’est ce qui pousse certains à se demander si Kent Hughes ne doit pas agir avant que la valeur de Slafkovský ne commence à chuter.

Pour l’instant, Hughes n'est pas pressé. Il ne veut pas paniquer, surtout pas après trois défaites en quatre matchs. Mais la conclusion est claire : Slafkovský est en train de glisser. Et Buffalo, même si Adams se veut patient, pourrait céder à la pression d’ici février, quand la réalité du classement frappera pour de bon.

Ce qui était hier une rumeur lancée à la télé est devenu aujourd’hui un débat légitime.

Slafkovský contre Thompson.

L’émotion contre la constance. Le potentiel contre la garantie.

Et la colère du jeune Slaf, captée hier soir par la caméra, pourrait bien marquer le début d’un tournant.

Parce qu’au fond, ce qu’on a vu hier, ce n’était pas seulement un joueur fâché.

C’était un signe.

Un joueur en rupture avec son rôle, son coach, et peut-être même avec l’organisation.

Et si, dans les coulisses, ce moment de colère venait d’ouvrir une porte à Kent Hughes...

Une porte menant directement à Tage Thompson, le joueur que tout Montréal rêve de voir enfiler le chandail du Tricolore?