Alarme pour Juraj Slafkovsky: l'inquiétude grandit au Centre Bell

Alarme pour Juraj Slafkovsky: l'inquiétude grandit au Centre Bell

Par David Garel le 2025-10-16

C’est le mystère le plus frustrant du début de saison du Canadien de Montréal.

Juraj Slafkovský, 6 pieds 3, 225 livres, le plus gros gabarit du vestiaire, joue comme s’il mesurait 5 pieds 9. Et ça, tout le monde le voit.

Après quatre matchs, il n’a marqué qu’un seul but, ne gagne pas ses batailles le long des rampes, et donne l’impression d’éviter les zones de contact.

Le problème n’est pas seulement statistique. Il est visuel. Il saute aux yeux.

Le Slafkovský qu’on voit en ce moment n’a plus la flamme.

On voit un géant qui refuse la guerre

À ce stade-ci, la comparaison avec Guillaume Latendresse n’est plus exagérée.

Un grand gabarit, une force physique naturelle, mais une absence criante d’instinct combatif.

Slafkovský n’utilise pas son corps. Il ne frappe pas. Il ne s’impose pas.

Et ce n’est pas un hasard : il a peur d’aller dans les coins.

Pour un joueur de son format, c’est presque incompréhensible.

Les défenseurs adverses le savent, et ils s’en amusent : ils le forcent dans les coins, et il se débarrasse de la rondelle avant le contact.

Le résultat est atroce: pas de possession soutenue, pas de création, pas d’impact.

On ne parle plus ici d’un jeune qui apprend. On parle d’un joueur qui n’assume pas son rôle.

À 21 ans, avec près de 150 matchs derrière la cravate, il ne peut plus se cacher derrière la jeunesse ou la courbe d’apprentissage.

Malgré tout, Slafkovský conserve son siège sur le premier trio avec Suzuki et Caufield.

Et pire encore : il garde sa place sur la première unité d’avantage numérique, comme si rien n’allait.

Pendant que Ivan Demidov brûle tout sur son passage sur le deuxième trio et alimente le jeu avec une créativité rare, Slafkovský reste protégé, quasi intouchable.

Personne ne comprend pourquoi.

Les partisans se posent la question. Les journalistes aussi. Et, selon plusieurs témoins du vestiaire, certains joueurs commencent à grincer des dents.

À Montréal, tout le monde doit mériter son temps de glace. Mais visiblement, pas Juraj Slafkovský.

Ce privilège permanent, cette « immunité Slafkovský », devient malsaine.

Car elle envoie un message clair : peu importe ton rendement, si tu fais partie du plan de Kent Hughes, tu restes là.

Ce qui inquiète le plus, ce n’est pas le manque d’efficacité, c’est l’attitude.

Slafkovský a l’air épuisé, cerné, détaché.

On ne parle pas ici de mauvaise volonté, mais d’un joueur qui semble en perte totale de repères.

Ceux qui l’ont côtoyé dans les dernières semaines le disent : il n’a pas le même regard, pas le même sourire, pas la même confiance.

Même à l’entraînement, il reste souvent à l’écart.

Certains se demandent s’il recommence à mal dormir, comme l’an dernier, quand son entourage inquiet évoquait des problèmes d’hygiène de vie.

Sans vouloir ressasser le passé, on sait que sa conjointe, Angélie Bourgeois-Pelletier, travaillait autrefois dans un bar du Vieux-Montréal (Flyjin) et que le rythme de vie nocturne du couple inquiétait l’organisation.

Personne n’accuse, mais les signes sont là : Slafkovský n’a pas l’air bien.

Il est pâle, nerveux, absent. Et sur la glace, ça se voit.

Le plus troublant, c’est de voir un joueur aussi imposant refuser le jeu physique.

Chaque fois qu’il doit aller chercher une rondelle dans le coin, il freine.

Chaque fois qu’un défenseur le provoque, il se détourne.

C’est devenu presque douloureux à regarder.

Et dans une équipe où Zachary Bolduc et Cole Caufield se défoncent sur chaque présence, voir Slaf avoir peur de se casser un ongle est insupportable.

Slafkovský, lui, semble prisonnier de son propre corps.

Martin St-Louis a tenté de le défendre, affirmant qu’il « cherche encore son rythme ».

Mais à un moment donné, le rythme, il faut le créer.

Et dans une ligue où les jeunes de 20 ans dominent déjà (Connor Bedard, Demidov, Logan Cooley), Slafkovský n’a plus d’excuses.

L’écart entre les attentes et la réalité devient énorme.

Le premier choix au total du repêchage 2022 devait devenir un power forward moderne, un mélange de force et de finesse.

Aujourd’hui, il est surtout un power forward sans power.

Et quand on voit un joueur comme Demidov, explosif, inspiré, précis, devoir se contenter du deuxième trio pendant qu’un ailier apathique garde sa place par droit acquis, ça crée une tension interne.

Plusieurs observateurs affirment d’ailleurs que Demidov mérite la place de Slafkovský sur la première unité de supériorité numérique.

Mais St-Louis s’entête.

Ce qui se dessine, c’est un Slafkovský en perte de confiance, prisonnier d’un rôle qu’il ne comprend plus.

Il sait qu’il déçoit. Il sait que la ville le regarde. Et plus il essaie de faire simple, plus il se fige.

C’est le cercle vicieux classique des jeunes talents de Montréal : la peur de mal faire finit par tout paralyser.

Le problème, c’est qu’à force de le surprotéger, le Canadien risque de briser sa progression.

Montréal ne peut pas se permettre d’attendre éternellement.

Quatre matchs, c’est peu, mais le signal est clair : le joueur ne progresse plus.

Et tant qu’il sera placé sur le premier trio sans produire, tout le système offensif sera ralenti.

Le Canadien joue mieux quand Demidov touche plus souvent la rondelle.

Et la logique voudrait que St-Louis l’essaie à la place de Slafkovský, ne serait-ce que pour relancer l’étincelle.

Mais tant que l’organisation continuera de traiter Slafkovský comme un intouchable, le blocage collectif persistera.

Montréal ne peut pas continuer à faire semblant.

Slafkovský n’est pas un espoir en apprentissage : il est un joueur régulier qui doit performer.

Et quand un ailier de 225 livres ne gagne pas ses batailles, ne marque pas, ne s’implique pas, il doit être déplacé.

Martin St-Louis doit avoir le courage de le faire.

Lui donner un électrochoc, un vrai. Le descendre sur le troisième trio, ou le sortir du power play, ne serait pas une punition. Ce serait une thérapie.

Un moyen de le forcer à redevenir un joueur affamé.

Parce qu’en ce moment, Slafkovský ressemble à tout sauf à un joueur affamé.

Le Canadien se veut une équipe de mérite, de développement et de culture.

Mais une culture sans responsabilité, ça ne marche pas.

Et si Montréal veut vraiment bâtir une équipe compétitive, il faut cesser de ménager ceux qui refusent d’aller dans les coins.

Demidov doit prendre sa place.

Le public le réclame. Les chiffres le prouvent.

Et si St-Louis continue d’ignorer l’évidence, il risque de payer le prix.

Parce que pour l’instant, ce n’est pas seulement l’avantage numérique du Canadien qui ne fonctionne pas.

C’est tout un équilibre offensif qui vacille à cause d’un géant trop doux, trop lent, trop invisible.

Slafkovský a encore le potentiel pour redevenir un monstre.

Mais pour ça, il faudra qu’il cesse d’avoir peur de son ombre.