C’est devenu une habitude. Une mauvaise habitude.
Joshua Roy monte, descend, remonte, redescend. Laval, Montréal, Laval, Montréal. Comme un pion qu’on déplace sans émotion sur un échiquier déjà décidé d’avance.
Ou plutôt... un yoyo...
Et aujourd’hui encore, le couperet est tombé. À peine revenu du voyage dans l’Ouest, le Canadien a confirmé ce que tout le monde anticipait : Roy retourne au Rocket. Encore une fois. Sans un mot, sans un regard, sans une explication claire.
Le jeune Québécois a disputé un seul match, celui de Calgary, en remplacement de Kirby Dach, avant d’être relégué à la galerie de presse pour les trois suivants.
À 22 ans, Roy vit le cauchemar de tout espoir : être là sans être là, faire partie du voyage sans en faire partie.
Il s’entraîne, il patine, il regarde les autres jouer.
Et quand vient le moment de boucler les valises, il apprend qu’il retourne à Laval, comme si son simple statut d'indésirable aux yeux de St-Louis justifiait de le trimballer pour remplir un chandail.
Il ne s’en cache plus. Joshua Roy en a marre.
Tanné d’être traité comme un bouche-trou. Tanné d’être rappelé pour « combler » un alignement, jamais pour contribuer. Tanné d’être ce joueur qu’on rappelle quand quelqu’un se blesse, qu’on enterre dès que le vestiaire est complet.
Son entourage le confirme : Roy n’a plus confiance en l’organisation. Il se sent instrumentalisé, manipulé et utilisé comme un objet sans sentiments et surtout sans aucun avenir clair à Montréal. Et à ce stade, il ne rêve plus de s’imposer dans le top 9. Il rêve simplement de partir.
Car la vérité, c’est que le CH n’a plus besoin de lui.
Chaque fois que quelqu’un se blesse, Roy croit à sa chance, et chaque fois, la porte se referme plus vite qu’elle ne s’ouvre.
Même quand il monte, c’est pour mieux redescendre après avoir joué 5 minutes. Le message ne pourrait être plus clair : tu n’es pas dans nos plans.
Pourtant, son passage dans la LNH lui aura au moins laissé une consolation : l’argent.
Pendant ce court séjour, il a touché un salaire pro-rata de joueur de la grande ligue (835 000 par année) plutôt que les 80 000 $ de son contrat à Laval. Dix fois plus, pour réchauffer le banc et regarder les matchs depuis les gradins.
Un luxe amer, mais un luxe quand même.
Dans les coulisses, Kent Hughes ne se cache plus pour dire qu’il veut passer à autre chose. Roy n’est plus qu’un nom qu’on ajoute dans les discussions de transaction.
Il sert à remplir une offre.. en tant que throw-in na valant pas grand-chose.
Et tout le monde le sait : s’il y a un échange avec Calgary pour Nazem Kadri, ou avec Boston pour Pavel Zacha, Joshua Roy fera partie du lot. Pas comme atout, mais comme monnaie indésirable.
C’est cruel, mais c’est la réalité : Roy ne vaut plus rien à Montréal.
Le club ne croit plus à sa progression, Martin St-Louis ne le mentionne plus, et le vestiaire lui-même ne sait plus où le placer. À Laval, il est respecté. À Montréal, il est invisible.
Mais il y a un autre élément blessant qui hante toujours Joshua Roy : sa réputation hors glace.
Même s’il jure qu’il a tourné la page, qu’il ne fréquente plus les mêmes cercles et qu’il s’est assagi depuis ses débuts à Laval, le doute persiste dans les bureaux du Canadien.
Les dirigeants n’oublient jamais. Et ceux qui se rappellent du Joshua Roy version 2023-2024-2025 savent que ce passé lui colle encore à la peau.
Son comportement nocturne à l’époque avait laissé des traces.
Sorties fréquentes sur la Rive-Nord, soirées prolongées à Boisbriand, fatigue visible à certains entraînements : le genre de détails qu’on pardonne une fois, mais pas deux.
Le mot s’était répandu dans l’organisation : Roy devait prouver qu’il pouvait mener la vie d’un pro avant d’en obtenir le statut.
C’est ce qui explique pourquoi, dès qu’il trébuche un peu, on le renvoie aussitôt à Laval.
Pas parce qu’il joue mal, mais parce que la confiance dans son sérieux n’a jamais été totale.
Pour un entraîneur obsédé par la rigueur et la préparation, Roy symbolise ce qu’il ne veut pas encourager : le talent brut sans discipline constante.
Dans les réunions internes, St-Louis ne l’attaque pas, mais il ne le défend pas non plus. Il se contente de rappeler que « les joueurs déterminent eux-mêmes s’ils méritent leur place », une manière polie de dire que Roy n’a jamais su la gagner.
Et dans une équipe qui veut façonner une identité de culture et d’effort, ça ne pardonne pas.
Même Pascal Vincent, à Laval, marche sur des œufs. Il aime le joueur, mais sait qu’il porte une étiquette fragile.
« Josh, c’est un bon gars, mais il faut qu’il se protège de lui-même ». Il a le talent pour faire la Ligue nationale, mais encore faut-il qu’il laisse son passé tranquille.
Dans un vestiaire où les jeunes comme Kapanen et Demidov s’imposent par la sobriété et l’éthique, Roy apparaît comme un survivant d’une autre ère : celle où l’on pouvait encore se croire invincible.
Ce qui rend tout cela tragique, c’est que le hockeyeur a sincèrement essayé de changer. Il s’est entraîné plus fort que jamais cet été, il a coupé les excès, il a cherché à prouver qu’il avait mûri.
Mais la perception, à Montréal, est devenue une condamnation : une fois que ton nom circule pour de mauvaises raisons, il ne sort plus des conversations.
Roy vit encore dans cette ombre-là. Et tant qu’il portera le logo du CH, il ne pourra pas s’en défaire.
À l’intérieur, il sait que c’est fini.
Comme tant d’autres avant lui, il a découvert la face cachée du club : si tu n'es pas dans le coeur de Martin St-Louis, tu es dans le trouble.
Aujourd’hui, Roy voit son rêve être brisé en mille morceaux.
Seulement une envie : partir avant de s’éteindre.
Et si Hughes veut vraiment éviter un scandale, il devra agir vite. Parce qu’un Québécois frustré et oublié par son propre club, dans cette ville, ça devient vite une bombe.
Roy n’en est pas encore là, mais il s’en approche.
Et quand il explosera, ce ne sera pas à Laval… ce sera dans les médias.
