Il y a un an et demi, Josh Anderson ne valait pratiquement rien sur le marché.
Trop cher, trop vieux, trop blessé, trop imprévisible.
À 5,5 millions par année jusqu’en 2027, les directeurs généraux de la ligue fermaient les lignes aussitôt que son nom était évoqué.
On riait presque quand on disait que le CH tentait de l’échanger. Mais aujourd’hui? C’est l’inverse.
C’est la panique. Josh Anderson n’a jamais été aussi attrayant. Et Kent Hughes le sait. Et s’il joue bien ses cartes, il pourrait transformer un contrat jugé toxique en or pur.
La vérité, c’est que Josh Anderson est un joueur qui a toujours été difficile à mouler.
Même Martin St-Louis a eu des sueurs froides avec lui. Un soir, c’est un bulldozer qui détruit tout sur son passage.
Le lendemain, c’est un fantôme qui traverse la glace sans toucher à la rondelle.
Comment bâtir une identité de trio autour d’un joueur aussi imprévisible?
Le coaching staff a essayé. Encore et encore. Et puis, tranquillement, on a arrêté d’essayer de le transformer.
On a accepté qui il était. On l’a laissé s’approprier son rôle au lieu de le forcer à rentrer dans un moule.
Et là, boum. Le déclic.
Josh Anderson a fini par trouver sa place dans le système de Martin St-Louis. Moins de pression.
Moins d’attentes. Moins de surutilisation. Juste du hockey nord-sud, de la vitesse, du poids, de la hargne, et une présence dans l’aréna que peu de joueurs peuvent égaler.
Et tranquillement, les chiffres ont recommencé à respirer. Quinze buts, douze passes, vingt-sept points en quatre-vingt-une parties.
Rien de spectaculaire, mais du Anderson pur jus. Le genre de joueur que tu veux avec toi en séries.
Et c’est là que le drame commence.
Parce que justement, Josh Anderson est exactement ce que les autres équipes recherchent à l’approche des séries.
Un power forward avec de l’expérience, capable de jouer sur un troisième trio, d’amener de l’énergie, de se battre, de créer des revirements.
Et là, soudainement, on parle d’un gars de 6’3, qui patine comme un vent de tempête, qui peut tuer des punitions, jouer sur l’avantage numérique, et qui a déjà scoré plus de vingt buts en une saison.
C’est devenu sexy. Très sexy.
Et quand tu vois que Tanner Jeannot, avec ses stats de misère (14 points l’an dernier), a fait lever une guerre de 20 équipes intéressées, tu réalises à quel point Josh Anderson a retrouvé son lustre.
Si Jeannot, à 28 ans, attire autant d’attention avec la moitié de la production d’Anderson, imagine ce que peut valoir Josh, qui a encore deux ans de contrat, et qui est en train de devenir un pilier dans le vestiaire du CH.
La comparaison entre Jeannot et Anderson n’a rien de farfelu.
On parle de deux joueurs robustes, agressifs, qui frappent tout ce qui bouge et qui peuvent jeter les gants.
Mais contrairement à Jeannot, Anderson a démontré une capacité de produire de façon plus constante.
Il a aussi un historique de santé plus stable cette saison, et il est mieux encadré dans un système qui le valorise.
Si Jeannot a fait sauter la banque, qu’est-ce qu’Anderson pourrait rapporter dans un marché en feu?
Mais c’est là que ça fait mal.
Parce que pour une fois, Josh Anderson est exactement là où il doit être. Il est utile. Il est respecté. Il est écouté. Il est en santé.
Il est pleinement intégré dans la culture du club. Il aide les jeunes. Il joue comme un gars qui veut gagner ici.
Et c’est précisément pour ça qu’il devient si échangeable.
Parce que c’est maintenant ou jamais pour Kent Hughes. Il est au sommet de sa valeur. Il a encore deux ans à son contrat, donc facilement absorbable pour une équipe qui veut aller loin.
Il faut aussi rappeler que l’horizon 2026-2027 est crucial.
À ce moment-là, Josh Anderson devient UFA. Si tu ne le signes pas, tu le perds pour rien.
Et ça, ce n’est pas dans le style de Hughes. Le DG l’a prouvé avec Joel Edmundson, avec Ben Chiarot, avec Tyler Toffoli : quand il sent que la fenêtre est parfaite pour tirer profit d’un vétéran, il appuie sur la détente.
Pas de sentiment. Que du rendement.
Mais avec Anderson, c’est différent. Parce que lui, il représente aussi quelque chose de plus intangible.
C’est une figure d’autorité silencieuse dans un vestiaire rempli de gamins en devenir.
C’est un tampon entre la jeunesse et le chaos.
C’est un gars que tu mets en mission contre les Matthews, les Pastrnak, les Tkachuks, et qui va leur faire sentir chaque présence.
Et si tu veux faire les séries, t’as besoin d’un gars comme ça.
Le dilemme est donc cruel.
D’un côté, tu as un joueur que tu peux encore utiliser pendant deux ans pour encadrer ton noyau jeune.
D’un autre, tu as un atout à sa valeur maximale que tu pourrais transformer en choix de première ronde, ou en espoir solide.
Et plus tu attends, plus sa valeur va baisser. C’est le paradoxe Anderson.
Et il y a une vérité cruelle qui s’impose : Josh Anderson ne sera jamais plus facile à échanger qu’aujourd’hui.
Il ne sera jamais plus attirant pour une équipe en quête de muscle, de vitesse et d’expérience.
Le cap a monté. Les DG ont de l’espace. Les séries approchent. Et tous les signaux clignotent.
Il faut aussi mentionner que ce n’est pas la première fois que son nom circule.
Mais personne ne voulait absorber le risque. Trop cher. Trop instable. Pas assez productif.
Aujourd’hui, c’est l’inverse. Trop parfait. Trop tentant. Trop bien placé dans le calendrier d’une équipe en reconstruction avancée.
Et le public montréalais? Il est divisé. Il y a ceux qui veulent le garder comme vétéran modèle.
Et il y a ceux qui veulent capitaliser maintenant.
La vérité, c’est que les deux camps ont raison. Mais Kent Hughes, lui, n’a pas le luxe de rester neutre. Il doit trancher. Et tout indique qu’il s’apprête à le faire.
Josh Anderson pourrait donc bien vivre ses derniers jours dans l’uniforme bleu-blanc-rouge.
Non pas parce qu’il a échoué. Mais parce qu’il a enfin réussi.
Parce qu’il est redevenu ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être : un atout.
Et c’est ça, la tragédie. Une tragédie avec un sourire en coin.
AMEN