José Théodore a lancé ce qui pourrait bien devenir le cri de ralliement de tous les fans frustrés du Canadien de Montréal sur les ondes du 98,5 FM.
Une entrevue... à coeu ouvert...
Un appel à la raison. Une critique froide, mais fondée. Et surtout, une déclaration qui tombe comme une tonne de briques sur la tête de Kent Hughes et Jeff Gorton :
« Le CH n’ira nulle part tant qu’il n’entoure pas ses jeunes de vrais vétérans. » a affirmé Théo au micro de Mario Langlois.
"Snowbird" assumé en Floride, mais analyste engagé quand vient le temps de parler du CH, Théodore a été cinglant.
Ce n’est pas un simple souhait, c’est un diagnostic. Un verdict. Et surtout, une condamnation du modèle actuel qui fait du Canadien un club de jeunes sans tuteurs.
« On a de bons jeunes à Montréal, mais on ne peut pas juste bâtir avec eux. Il faut des vétérans de caractère, des gars qui vont livrer quand ça compte. Des Perry, des Marchand, des Jones… ça te prend ça pour gagner. »
Le plus troublant dans cette sortie de Théodore? C’est qu’elle ne vient pas d’un partisan déçu, mais d’un ancien joueur qui a connu les deux extrêmes : la montée euphorique et la chute douloureuse. Un gars qui a vu le vestiaire du CH de l’intérieur. Un gars qui sait ce que ça prend pour survivre à Montréal.
Et il n’hésite pas à faire mal avec des comparaisons brutales mais lucides :
« Regarde la Floride. Trois finales de suite. Pourquoi? Parce qu’ils ont osé. Ils ont échangé Huberdeau contre Tkachuk. Ils ont ramené Perry, Marchand, Seth Jones… pas pour flasher, mais parce que ces gars-là livrent en séries. »
Selon ce qui circule au Combine et dans les coulisses de l’organisation, Kent Hughes et Jeff Gorton ne cherchent que des jeunes. Un jeune centre pour grandir avec Demidov, un jeune défenseur droitier pas trop vieux pour compléter la relève.
Mais à force de ne regarder que les promesses d’avenir, on oublie l’urgence du présent. La réalité, c’est qu’une équipe ne peut pas être construite uniquement avec des jeunes. Ça prend aussi des vétérans. Des joueurs établis, qui ont connu la guerre.
Pourquoi ne pas regarder le marché des agents libres? Pourquoi ne pas jeter un œil sur un gars comme Matt Duchesne, qui dit vouloir rester à Dallas, mais qui pourrait devenir libre?
Ce genre de vétéran, productif et respecté, pourrait faire toute la différence dans un vestiaire encore trop immature.
Pendant que le CH se cherche une identité, les Panthers gagnent avec des vétérans bien entourés. Pendant que Montréal accumule les victoires morales et les phrases creuses de développement comme "on veut être dans le mix", la Floride empile les victoires concrètes.
Une critique déguisée envers Kent Hughes?
Théodore ne nomme pas directement le DG du Canadien, mais ses propos en disent long. Lorsqu’il affirme :
« On est au même point qu’il y a un an. On voulait juste être dans le mix… et on l’a été. Mais on n’a pas dépassé le premier tour. On stagne », il place une pression énorme sur les épaules de Hughes.
Pour Theo, le CH a échoué à dépasser ses objectifs, ou du moins, à les redéfinir. On se contente de peu. On se félicite d’avoir fait les séries. On évite la pression. Bref, on agit comme une équipe de marché secondaire.
Et lui, il n’en peut plus.
« J’espère que cette année, au tournoi de golf, Hughes ne va pas encore nous sortir la cassette du “on veut être dans le mix”. J’aimerais qu’il dise : on veut faire les séries. Point. »
Le modèle pour Théodore est clair : la Floride. Pas pour ses plages ni ses taxes, mais pour sa stratégie. Il détaille sans détour les fondations de cette dynastie moderne :
- L’échange audacieux de Huberdeau pour Tkachuk
- La signature à 10 M$ de Bobrovsky, moqué pendant deux ans
- L’ajout tardif mais décisif de Seth Jones et Brad Marchand
- L’encadrement des jeunes par des vétérans aguerris
Et il insiste : « C’est pas juste le talent. C’est le caractère. C’est pas juste les stats de saison. C’est ce qu’ils font en séries. »
Il prend même l'exemple de Lane Hutson.
« Écoute, moi je l’aime beaucoup, Lane Hutson. Il est spectaculaire, il a une vision incroyable. Mais en séries, on l’a vu, c’était pas le même gars. Il se faisait frapper. Il hésitait plus, il prenait moins de risques, il voulait pas faire d’erreurs. Et ça, ça vient avec l’expérience. C’est là que tu vois que ça prend des vétérans autour. »
Autrement dit, Montréal mise sur des qualités insuffisantes pour gagner dans le vrai hockey. Celui du printemps. Celui de la douleur. Celui de la vérité.
Dans un passage troublant, Théodore aborde même la culture de l’équipe. Il sous-entend que le CH est peut-être trop propre, trop gentil, trop scolaire pour aspirer à la coupe.
« Les Panthers, ils ont bâti pour être à 75 % bons en saison, mais les 25 % restants, c’est pour les séries. C’est là qu’ils vont chercher les vrais guerriers. À Montréal, on a 100 % de joueurs de saison. »
Et vlan.
Le message est brutal et sans pitié : le Canadien de Montréal n’est pas construit pour les moments importants.
Théodore lance un ultimatum à demi-mot. Il ne parle pas de reconstruction. Il ne parle pas de patience. Il parle d’audace.
« On n’a plus le luxe d’attendre. Si on refait une autre saison “dans le mix”, ça va commencer à sentir le réchauffé. Il faut agir. Il faut oser. »
Et il ne s’agit pas seulement de signer des vétérans pour cocher une case. Il faut les bons. Les Corey Perry. Les Brad Marchand. Les gars qu’on aime détester. Ceux qui font la différence quand ça compte.
Et au passage, il envoie une flèche à l’organisation qui a laissé Perry filer sans résistance.
« On avait Perry. On l’a laissé partir. C’est une erreur. Une de plus. Même chose pour Sean Monahan. »
Ce qui rend la prise de position de Théodore encore plus tranchante, c’est qu’elle survient alors que la Floride pourrait gagner une deuxième Coupe Stanley consécutive. Une équipe qui, selon lui, a tout simplement compris comment gagner en 2025 : caractère, robustesse, intelligence émotionnelle et vétérans dans le bon rôle.
Et pendant ce temps, à Montréal, on prend des notes. On développe. On prépare 2026. Peut-être 2027.
Mais l’attente devient insoutenable.
« À force de vouloir faire fleurir nos jeunes, on oublie de les entourer. Et au final, ils se fanent. »
José Théodore n’a jamais été reconnu pour ses sorties cinglantes. Il est mesuré, réfléchi. Mais cette fois, il sonne l’alarme. Et s’il le fait, c’est que quelque chose cloche profondément dans la direction actuelle du CH.
Il n'y a rien contre les jeunes. Mais il veut de l’équilibre.
Et dans un marché comme Montréal, ce genre de message ne peut pas être ignoré. Pas quand il vient d’un ancien joueur étoile. Pas quand il fait écho à ce que tous les partisans pensent tout bas.
Kent Hughes, Jeff Gorton : vous avez entendu Théo. Maintenant, bougez. Et pas seulement pour des jeunes. Il nous faut des vétérans.
Avant qu’il ne soit trop tard.