Il n’y a plus de doute. Samuel Montembeault a perdu son poste de gardien numéro un à Montréal. Le problème? Ce n’est pas Martin St-Louis qui l’a dit officiellement, mais ses gestes et sa gestion du calendrier qui l’ont hurlé bien fort.
Et pour José Théodore, le traitement réservé à Samuel Montembeault est inhumain.
L'ancien gardien du CH et maintenant commentateur vedette au 98.5 FM a été cinglant avec ses mots, accusant directement Martin St-Louis de jouer avec la santé mentale et la confiance de son gardien québécois.
« Tu gagnes, tu restes... tu perds, tu sautes? C’est la pire stratégie »
Intervenant avec Mario Langlois aux Amateurs de sports, José Théodore s’est insurgé contre ce qu’il appelle une stratégie de gardien « à la pelletée », où on récompense celui qui gagne sans plan à long terme.
« Ça veut dire que Martin St-Louis s’embarque dans une stratégie ‘tu gagnes, tu perds’. Supposons que tu enlèves Dobes et que tu mets Sam. S’il gagne 6 à 5, tu fais quoi? Tu le laisses dans le filet parce que tu viens de gagner? C’est la pire stratégie : garder ton gardien qui gagne », a-t-il dit, visiblement hors de lui.
Mais ce qui choque le plus Théodore, c’est l’absence totale de vision humaine dans la façon dont Montembeault est traité :
« Il faut quand même penser à Sam. Il ne faut pas faire des dommages à long terme à sa confiance », a-t-il lancé, inquiet pour un gardien qui n’a pas gagné depuis 15 jours et qui n’a presque pas vu la glace depuis deux semaines.
Le message envoyé est clair : Jakub Dobeš est maintenant le partant de cette équipe. Ce samedi contre Ottawa, Montembeault sera devant le filet, non pas pour retrouver sa place, mais parce que c’est un retour à la maison et que le club veut donner une pause à Dobeš.
Même Martin McGuire l’a dit sur les ondes de Cogeco :
« Si on envoie Montembeault samedi soir face aux Sénateurs, il va faire chaud dans la cuisine. »
Dany Dubé a enchaîné :
« Les décisions prises en ce moment sont pour garder le momentum. Et (Martin) coach comme ça. »
En d’autres mots, Montembeault est sacrifié au nom du momentum. Il est envoyé dans la gueule du loup samedi soir, dans un match à haute pression, après un retour de l’Ouest, sans rythme, contre un rival historique.
Une décision qui, selon José Théodore, pourrait avoir des conséquences dramatiques :
« Même s’il joue contre Ottawa, ça fait huit jours qu’il n’a pas joué. Si on met Dobes au prochain match, puis Montembeault après, ça fait 12 jours. Et si Dobes gagne contre Ottawa? Tu fais quoi ensuite? »
Le traitement de Montembeault ne passe pas inaperçu. Les réseaux sociaux sont impitoyables. Après sa contre-performance contre les Oilers d’Edmonton (6 buts sur 29 tirs, pour un pourcentage honteux de .793), les critiques pleuvent.
Montembeault affiche maintenant une moyenne de buts alloués de 3.82 et un pourcentage d’efficacité catastrophique de .842.
Ce sont des chiffres historiquement bas dans l’histoire du Canadien. On n’a jamais vu un effondrement aussi complet en aussi peu de matchs.
Et le camp Montembeault le sait. Sa mère, Manon Royer, a déjà publiquement exprimé sa douleur de voir son fils être enfoncé par les partisans et les journalistes.
Elle s’est dite écœurée des attaques et a même évoqué son indignation face à la passivité de l’organisation. Aujourd’hui, ce silence fait encore plus mal. On le regarde se noyer sans lui tendre la moindre bouée.
Pendant que Montembeault s’effondre, Jakub Dobeš vole le spectacle. En six départs, il est invaincu. Sa fiche est parfaite. Sa présence est calme, rassurante. Ses coéquipiers le respectent. Même Martin St-Louis a été obligé de l’admettre : ç
« Il est dans une zone présentement. C’est dur de pas prendre avantage de ça. »
Le momentum est là. Le Centre Bell va scnader son nom... et non celui de Montembeault.
Ce qui rend la sortie de José Théodore encore plus virulente, c’est le clash philosophique entre lui et Martin St-Louis.
L’un est un ancien gardien vedette qui a vécu une montée fulgurante, mais aussi l’humiliation, le doute, la fragilité d’un poste de numéro un.
L’autre est un membre du Temple de la Renommée devenu un coach analytique, obsédé par les résultats, les séquences et la culture de la victoire. Deux visions du hockey. Deux visions du respect humain aussi.
« Je ne dis pas que Sam doit jouer tout le temps. Mais là, il est carrément écarté. Et si tu ne veux pas le jouer, échange-le. Parce que là, tu es en train de le briser », a résumé Théodore.
Et il n’est pas le seul. Dans les coulisses, plusieurs anciens gardiens, dépisteurs et analystes murmurent la même chose : le CH a attendu trop longtemps pour l’échanger, alors que les Oilers, les Flyers et les Hurricanes sont tous intéressés.
Sa valeur fond comme neige au soleil. Et le choc est trop violent pour un gars qu’on présentait comme un héros québécois il y a un an à peine.
Le match de samedi contre Ottawa est un piège tendu sous les yeux de 21 000 personnes. Montembeault n’aura pas joué depuis 9 jours. Il revient d’un voyage à l’autre bout du continent.
Le CH fait face à une équipe rivale qui les déteste. Tout est en place pour que Montembeault s’écroule encore s'il est en uniforme.
Et Martin St-Louis le sait.
José Théodore, lui, n’est pas prêt à pardonner Martin St-Louis pour son traitement envers Sam.
Ses mots résonnent. Et en ce moment, il est le seul à défendre un gardien que le CH semble avoir laissé derrière.
