Ça sent la fin pour Martin St-Louis: José Théodore détruit la réputation du coach

Ça sent la fin pour Martin St-Louis: José Théodore détruit la réputation du coach

Par David Garel le 2025-12-10

Il fallait entendre José Théodore sur les ondes de Cogeco pour mesurer l’ampleur de la crise qui consume lentement le Canadien de Montréal.

Plus qu’un ex-gardien devenu analyste, il est aujourd’hui la voix que personne dans l’organisation n’ose écouter, mais dont chaque mot résonne comme un couteau dans le coeur.

Ce qu’il a livré ce soir aux Amateurs de Sports avec Mario Langlois n’était pas une simple analyse : c’était une autopsie sur table froide, le constat clinique d’un club qui s’est lui-même piégé par obstination, naïveté et improvisation tactique.

Et au centre de la tempête, Martin St-Louis, l’entraîneur que Montréal a longtemps élevé au rang de visionnaire, mais que Théodore décortique désormais comme l’un des grands responsables du fiasco actuel.

Car pour Théo, tout commence avec une faute stratégique horrible : détruire la hiérarchie des gardiens dès le mois d’octobre, alors que Jakub Dobeš était littéralement le gardien de l’heure dans la LNH. «

Le gardien du mois, c’était lui », rappelle-t-il avec une pointe de stupéfaction, comme s’il ne pouvait toujours pas croire qu’un entraîneur ait pu s’écarter volontairement d’un momentum aussi précieux.

Alors que le jeune Dobeš enchaînait les performances inspirées, Martin St-Louis s’est levé un matin pour livrer l’une des déclarations les plus lourdes de conséquences depuis son arrivée : “Peu importe ce qui va arriver, notre numéro un, c’est Montembeault.”

Pour Théodore, cette phrase a tout fait basculer. Ce n’est pas qu’une maladresse de communication : c’est le moment où, selon lui, St-Louis a brisé la confiance de Dobeš, miné les fondations du duo et déclenché la cascade de décisions hasardeuses qui ont mené à l’humiliation actuelle devant le filet.

« On vivait tellement dans le moment présent, tellement dans l’émotion, que l’entraîneur a révélé malgré lui qu’il n’avait pas confiance en Montembeault et qu’il ne voulait surtout pas voir un jeune s’imposer trop vite », explique Théodore.

En voulant protéger Montembeault, il a fait pire : il a déstabilisé l’un et refroidi l’autre. Le verdict? deux gardiens qui doutent, deux gardiens qui cherchent l’air, deux gardiens que le système abandonne soir après soir.

Et St-Louis, dans tout ça, n’a pas seulement commis une erreur de gestion humaine. Il a commis une faute professionnelle : croire qu’un gardien recrue peut tenir un club entier à bout de bras dans un système homme-à-homme que même des équipes expérimentées répugnent à employer.

Théodore ne se cache même plus pour le dire. Ce système, dans le contexte actuel, est un suicide collectif.

« On entend dire que c’est le système de St-Louis, que ce sont les gardiens… Mais il faut creuser plus loin », lâche-t-il, presque abasourdi de devoir répéter ce qui lui semble tellement évident.

Quand un club abandonne son gardien devant un fiasco constant, il ne s’agit plus de technique ni de positionnement : c’est une structure qui s’effondre.

Et Théodore ne s’arrête pas là. Parce que ce qu’il voit sur la glace, ce ne sont pas seulement des gardiens exposés, mais une équipe qui ne se bat même plus.

C’est là qu’il lance l’une des phrases les plus dévastatrices de son intervention :

« On est rendus l’équipe de Charlestown (les Chiefs dans Slap Shot). » Une équipe qui ne frappe pas, ne protège pas, ne replie pas, ne gagne pas ses batailles, ne dicte rien.

Une équipe qui laisse un enfant de 18 ans « peser deux livres », se faire tasser comme un sac de serviettes; une équipe dont les débuts de périodes sont des catastrophes chroniques; une équipe où chaque étincelle offensive se paie par une bévue défensive.

Il mentionne Suzuki. Il mentionne Slafkovský. Il mentionne Hutson qui se fait tasser comme une feuille mort en zonde défensice.. Il mentionne Caufield qui est soft selon luis.

Il rappele qu'Evans, rendu à un différentiel si astronomique que même ses partisans n’arrivent plus à croire qu’il occupe encore un rôle au centre.

Il rappelle comment le départ de Dvorak a fragilisé la colonne vertébrale de la formation. Et il met le doigt sur un point que personne dans l’organisation ne semble vouloir admettre : on demande à des jeunes d’assumer des responsabilités qu’un système bâclé rend presque impossibles à accomplir.

Et pendant que le système ’écroule, que la défensive se fait éventrer, que les centres coulent à pic, que les replis se font au ralenti, le club s’entête à soutenir que le problème n’est pas le système mais « l’exécution ».

Une obsession qui, aux yeux de Théodore, prouve qu’on ne veut pas voir la réalité.

« Si je jouais devant le filet, je m’attendrais à être changé », dit-il avec une ironie qui cache mal sa colère. Car oui, les gardiens ne sont pas à la hauteur. Oui, ils accordent des buts qu’ils devraient arrêter. Mais comment un gardien peut-il survivre quand les trous défensifs s’ouvrent dans tous les sens, quand l’adversaire traverse l’enclave comme un couloir de métro, quand les débuts de périodes ressemblent à des assauts orchestrés dans un scrimmage?

Et tout ça, ajoute-t-il, mène au pire scénario possible : non seulement St-Louis a brisé la dynamique, il a mêlé les deux gardiens, à un point tel que l’organisation est forcée de rappeler Jacob Fowler beaucoup trop tôt, avec l’espoir à peine voilé qu’un prodige de 21 ans tienne le navire à flot.

Pour Théodore, c’est l’échec ultime : « ce n’était pas le plan », et si on en est arrivé là, c’est parce que l’entraîneur a tout simplement perdu la main sur la gestion du poste le plus fragile du hockey moderne.

Le plus terrible dans tout ça, c’est que malgré l’effondrement, malgré les humiliations, malgré l’écroulement défensif, le Canadien est encore “dans le mix”. Le classement les garde artificiellement vivants, comme un patient sous respirateur dont les signaux vitaux persistent malgré les organes qui lâchent un à un.

Mais Théodore ne s’y trompe pas. Il voit un club qui tient plus par hasard que par structure, plus par éclairs individuels que par cohérence collective.

Et il voit surtout un entraîneur qui refuse de réviser ses certitudes, même quand elles brûlent sous ses yeux.

Ce que José Théodore a livré aujourd’hui n’est pas une simple critique. C’est une accusation formelle : Martin St-Louis a cassé ses gardiens, cassé son système, cassé la confiance de son groupe, cassé le développement de son avenir devant le filet. Et si Montréal continue dans cette direction, il ne restera bientôt plus rien à réparer.

Parce qu’à force de prêcher la créativité et la liberté sans structure, St-Louis a oublié que le hockey, même en 2025, reste un sport où un vestiaire doit pouvoir regarder son entraîneur et sentir que quelqu’un tient réellement le volant.

Aujourd’hui, grâce à Théodore, on découvre que ce volant n’est plus entre les mains de l’entraîneur, mais quelque part sous le siège, perdu entre les doutes, les contradictions et les décisions improvisées.

À entendre Théo, ça sent la fin pour Martin St-Louis.