José Théodore vient de lancer une bombe : selon lui, Fowler va retourner à Laval.
Cette nouvelle frappe droit au visage parce qu’elle vient d’une voix assez légitime pour changer l’atmosphère autour d’un joueur.
Lorsque José Théodore parle d’un gardien du Canadien, le marché écoute. Non seulement parce qu’il a porté ce chandail dans des tempêtes comparables, non seulement parce qu’il a connu les mêmes doutes, les mêmes rechutes, les mêmes sorties tout croches avant de devenir une étoile… mais surtout parce qu’il n’est pas neutre.
Théodore a toujours été proche de Samuel Montembeault. Il l’a protégé, défendu, accompagné médiatiquement. Et quand un allié de Montembeault se prononce sur Jacob Fowler, chaque mot devient soudain un message codé.
Hier soir, au micro de Mario Langlois, Théodore n’a pas seulement analysé le début de carrière du jeune gardien :
il a tracé son avenir immédiat. Et ce n’est pas ce que Montréal voulait entendre.
Selon lui, malgré les flashs de génie, malgré l’attitude exemplaire, malgré sa maturité, Jacob Fowler devrait et va reprendre le chemin de Laval quand Montembeault reviendra de la ligue américaine dimanche prochain.
Une phrase prononcée presque calmement, mais qui a fait l’effet d’un coup dur dans la conversation.
Le verdict de Théodore : “On va peut-être lui donner un match ou deux avant qu’il ne retourne à Laval.”
Il a commencé avec des fleurs, comme le veut la tradition :
« Il nous a montré qu’il a un talent exceptionnel, qu’il a vraiment une belle technique, qu’il a un grand potentiel… »
Puis Théo s’est retourné.
« … mais il nous a aussi montré que c’est un jeune et qu’il va faire des erreurs. »
Ce ne sont pas des mots lancés au hasard. Théodore sait exactement ce qu’il dit. Il sait que ce marché se nourrit de contradictions, de patience forcée, de casse-têtes à trois gardiens.
Il sait aussi que le Canadien est en train de repositionner toute sa structure devant le filet. Mais surtout, il connaît la réalité de Laval : c’est là que se réparent les mécaniques perturbées, que se reconstruisent les confiances fissurées, que se testent les identités techniques.
Selon lui, Fowler doit redescendre. Et quand Théodore dit ça, ce n’est pas un souhait personnel.
C’est son diagnostic de la situation.
Pourquoi ce verdict choque autant? Parce que Théodore n’est pas un observateur neutre.
Dans les coulisses médiatiques québécoises, tout le monde le sait :
Montembeault et Théodore entretiennent une relation respectueuse.
Théo a toujours vu en Montembeault une version plus sage de lui-même. Un Québécois qui porte le poids du marché sans casser, qui absorbe la critique, qui ne se défile jamais.
Il l’a défendu quand le reste du pays l’ignorait. Il l’a protégé quand Montréal cherchait déjà son remplaçant. Il l’a souvent comparé à des gardiens qui, comme lui, ont percé tard.
Alors lorsque ce même Théodore dit publiquement que Fowler va retourner à Laval, le messagedevient évident :
Montembeault n’est pas fini.
Il peut reprendre sa chaise.
Le jeune n’est pas encore prêt pour l’héritage.
Et ça, dans le contexte explosif actuel, il est clair que Montembeault l'a entendu sur les ondes du 98,5 FM.
Il fallait aussi entendre ce que Théodore a dit au sujet de la fameuse bourde derrière le filet et l'entrevue d'après-match de Fowler.
Là où plusieurs analystes auraient cherché une excuse, lui a fait le contraire :
« J’aime mieux voir un gardien critique qu’un gardien qui pleure après les matchs. »
Ouch. Théo méprise Jakub Dobes, lui qui a braillé devant les caméras.
Pour lui, Jacob Fowler est celui qui va tasser Dobes... mais pas Montembeault...
« On a vu son potentiel. On sait qu’il pourra jouer dans la LNH. » a affirmé Théo en parlant de Fowler.
Mais la suite a tout refroidi :
« Chaque pratique, chaque échauffement, chaque match LNH est une expérience énorme… mais ensuite tu redescends.»
C’est une vision traditionnelle, mais elle vient d’un homme qui, lui aussi, a goûté au va-et-vient entre Montréal et les filiales.
Un homme qui sait ce que c’est que de faire une erreur sous 21 000 paires d’yeux.
Un homme qui a gardé son meilleur hockey pour quand il était prêt.
Et son message est sans pitié :
Fowler n’est pas loin. Mais il n’est pas encore là.
En attendant, c’est passé presque inaperçu, mais c’est peut-être le morceau le plus violent de toute l’entrevue.
Théodore ne croit pas au profil NHL de Jakub Dobeš.
Il l’a dit sans détour.
Il l’a dit au moment précis où Dobeš vivait probablement sa meilleure semaine en carrière.
Et en élevant Fowler au-dessus de Dobeš… tout en affirmant que Fowler doit quand même retourner à Laval, Théodore fait passer un message beaucoup plus profond :
La hiérarchie idéale, selon lui, c’est Montembeault numéro 1… Fowler en développement… Dobeš en danger permanent.
Et quand Fowler sera prêt pour le temps plein... c'est bye bye Dobes via transaction.
Alors, que signifie vraiment cette sortie de Théodore?
Elle signifie qu’un ancien gardien du CH, respecté par tout le milieu, vient de dire publiquement ce que beaucoup murmurent déjà en coulisse :
Fowler va redescendre.
Montembeault va revenir après ses deux matchs à Cleveland dans la ligue américaine.
L’organisation n’est pas prête à tourner la page.
Et même si ce n’est peut-être pas ce que les fans veulent entendre, même si Montréal rêve déjà du prodige américain comme d’une réincarnation de Price ou Dryden…
Théodore vient de rappeler une vérité brutale :
Le filet du Canadien n’appartient pas encore à Jacob Fowler.
Il appartient à la réalité.
Et cette réalité, pour l’instant, s’appelle Laval.
