Charlotte Robillard-Millette, autrefois une étoile montante du tennis canadien, a connu un parcours aussi sombre que celui de Jonathan Drouin dans le hockey.
Toutefois, contrairement à Drouin, Charlotte n'a pas eu la même chance de rebondir financièrement ou professionnellement.
Charlotte, au même titre que Félix Auger-Aliassime et Bianca Andreescu, était l'une des plus grandes prodiges du tennis canadien.
À 14 ans, elle remportait l'Orange Bowl U16 et, deux ans plus tard, elle se lançait dans une carrière professionnelle où tout le monde pensait qu'elle allait la plus grande dans l'histoire du tennis canadien.
Ses débuts étaient marqués par des succès impressionnants, atteignant même le quatrième rang mondial chez les juniors. Cependant, la transition vers le circuit professionnel a été difficile...pour ne pas dire catastrophique...
«Chez les juniors, j’avais une confrérie, des amis. Je ne connaissais personne chez les pros. Tout le monde est plus âgé. C’est leur pain et leur beurre." (crédit: Journal de Montréal)
"J’étais seule et je n’avais pas toujours un entraîneur avec moi. C’est plus un zoo, c’est froid, c’est dur, c’est déstabilisant. Je n’étais plus la star»
Le passage des juniors aux professionnels a été déstabilisant pour Charlotte. Elle s'est retrouvée isolée, sans le soutien de ses amis et de son entourage habituel. Au point de vouloir mettre fin à ses jours.
«Si ça n’avait pas été de mon père (François Millette), qui m’a beaucoup accompagnée, je ne serais plus là aujourd’hui». (crédit: Journal de Montréal)
Les attentes élevées et la pression constante ont eu raison de sa santé mentale, la poussant à retourner à Montréal en 2018 pour se reconstruire mentalement. Exactement comme quand Jonathan Drouin a quitté le Canadien de Montréal en pleine saison car son anxiété avait pris le dessus.
«J’ai dû revenir à Montréal d’urgence parce que ça n’allait vraiment pas bien. On m’a recommandé d’être hospitalisée, mais je n’ai pas voulu."
"J’ai pris beaucoup de temps pour moi, pour ma santé, mon bien-être. C’était la priorité. J’étais tellement rendue au fond du trou, j’étais si désespérée» affirme-t-elle les yeux plein d'eau.
«C’est difficile parce que tu as été cette personne toute ta vie, tu as eu un statut, une reconnaissance, une confiance, des résultats, un entourage, un environnement, une routine, un train de vie dynamique, et du jour au lendemain, tu te retrouves à juste devoir aller mieux, sans vraiment avoir un but tangible».
Malgré ses efforts, y compris une tentative de retour en 2020, la pandémie de COVID-19 a mis un terme définitif à ses ambitions professionnelles.
«On ne savait pas combien de temps la pandémie allait durer. Est-ce que ça valait la peine d’attendre 2-3 ans avant de recommencer les tournois?"
"Un autre 2-3 ans avant d’être dans le top 100 si tout va bien? Et ça coûte environ 150 000$ par année jouer au tennis. Tu ne fais pas d’argent si tu n’es pas dans le top 100. Il y avait beaucoup de “si”, et j’avais déjà deux ans de retard sur tout le monde»
Jonathan Drouin, quant à lui, a connu des hauts et des bas similaires dans sa carrière de hockeyeur. Après un début de carrière compliquée et une arrivée à Montréal décevante, il a dû faire face à des problèmes de santé mentale et à des crises d'anxiété majeures.
«Les séries à l'été 2020 m'ont vraiment affecté. On était dans la bulle à Toronto et j'ai commencé à faire de l'anxiété."
"Est-ce que j'aurais pris une pause pour prendre soin de ma santé mentale s'il n'y avait pas eu la COVID? Je ne sais pas, mais les règle au Canada pendant la pandémie ont clairement joué sur mon mental."
"On ne pouvait pas sortir, on ne pouvait pas quitter notre maison, sauf si c'était pour une marche avec le chien. Je pense que je sortais mon chien minimum 6 fois par jour juste pour pouvoir prendre de l'air et respirer."
"La pression à Montréal, surtout pour un Québécois, c'est énorme. Vous ne pouvez pas vous préparer à ça. Tant que vous n'y êtes pas dedans, impossible se se préparer."
Son agent Allan Walsh a été d'un grande aide pour Drouin.
«À chaque jour, on disait à Drouin qu'il n'avait pas à se plaindre, qu'il était millionnaire, qu'il n'avait pas le droit d'être déprimé. Mais quand ça commence à mal aller, l'argent n'a aucun rapport sur la santé mentale."
"Jonathan voulait se répéter qu'il n'avait pas le droit d'avoir mal, que ses fans comptaient sur lui, mais la dépression le grugait de l'intérieur."
"À Montréal, tu as 30 caméras dans ton visage jour après jour. Vous vous enfermez. Vous ne voulez pas aller à l'épicerie. Vous ne voulez pas aller au parc de peur d'être reconnu."
"Vous évitez les endroits publics, vous évitez les gens, vous évitez les foules, vous vous repliez sur vous-même et le mal ne fait qu'empirer."
"Jonathan n'était pas fait pour cette vie d'isolement, Peu de joueurs le sont. Montréal peut être très très dur au niveau mental".
Drouin a pris une pause pour se concentrer sur son bien-être, mais contrairement à Charlotte, il a eu l'opportunité de revenir sur la scène professionnelle avec l'Avalanche du Colorado.
La résilience de Drouin a été exemplaire. Réuni avec son ami Nathan MacKinnon, il a retrouvé sa passion pour le hockey et est devenu un joueur clé pour son équipe.
Sa nomination pour le trophée Bill Masterton, récompensant la persévérance et le dévouement au hockey, témoigne de son parcours inspirant.
Charlotte, bien que n'ayant pas eu la même opportunité de retour que Drouin, a trouvé une nouvelle voie en travaillant avec Tennis Canada et en inspirant les jeunes joueurs.
«C’était gratifiant de voir que je pouvais faire autre chose et que mon tennis ne servira pas à rien. Je faisais une différence pour les autres."
"J’étais plus qu’une joueuse de tennis. Ça m’a fait du bien dans mon processus de deuil, même si encore aujourd’hui, j’ai de la misère à croire que c’est terminé. J’aimerais embarquer sur le court et jouer l’Omnium Banque Nationale»
Son histoire est un puissant rappel des défis mentaux auxquels les athlètes sont confrontés et de l'importance du soutien et de la résilience.
Les histoires de Charlotte Robillard-Millette et de Jonathan Drouin illustrent la fine ligne entre succès et échec dans le monde du sport. Surtout, cela nous montre à quel point la santé mentale est plus importante que tout.
Tandis que Drouin a réussi à surmonter ses défis et à retrouver une place de choix dans le hockey professionnel, Charlotte a dû réinventer sa carrière.
Leur parcours respectif montre l'importance de l'accompagnement et du soutien dans le sport, mais aussi la force intérieure nécessaire pour surmonter les obstacles.
Charlotte, avec sa détermination et sa passion, continue d'inspirer, même en dehors des courts de tennis. Son expérience nous rappelle que, même lorsque les projecteurs s'éteignent, la vie continue.
Quand on a la santé dans sa tête...les échecs sportifs deviennent bien secondaires...