Ce devait être une histoire de rédemption. Une histoire de loyauté, de persévérance, de fraternité retrouvée avec son vieux complice Nathan MacKinnon.
Un scénario parfait où Jonathan Drouin, après avoir mis son ego et ses finances de côté, aurait trouvé sa juste place au sein d’un club champion.
Mais ce qui devait être son grand retour s’est transformé en cauchemar à ciel ouvert. Et aujourd’hui, le rêve de Jonathan Drouin s'est effondré sur la glace du Colorado.
Il avait tout misé. Deux années de suite, il a refusé des offres à long terme, dont une estimée à 20 millions sur 4 ans sur le marché des agents libres, pour signer à rabais : 825 000 $ en 2023-2024, puis 2,5 millions cette saison.
Le tout dans l’espoir de gagner une Coupe Stanley et de prolonger son aventure avec l’Avalanche, là où il se sentait enfin libre, loin du poids de Montréal.
Mais la réalité vient de le frapper comme une mise en échec à l’aveugle : Jonathan Drouin a perdu son pari. Et il l’a perdu salement.
Écrasé. Rayé. Disparu.
Pendant la saison régulière, Drouin a été utilisé sur le premier trio avec Nathan MacKinnon et la première unité d’avantage numérique.
Il connaissait une production de feu. Il était dominant malgré ses blessures (37 points en 43 matchs). On le décrivait comme un joueur en contrôle, calme, impliqué. On saluait sa maturité, son sens du jeu, son altruisme. Il voulait gagner, pas briller seul.
Mais dès que les séries ont commencé, la vérité s’est imposée brutalement. Jonathan Drouin a disparu.
Trois petites passes en sept matchs. Zéro but. Aucune présence marquante. Un fantôme. Un passager.
Et sans avertissement, la hiérarchie a été inversée du jour au lendemain :
Drouin a été éjecté du premier trio.
On l’a placé avec Charlie Coyle et Joel Kiviranta.
La première unité d’avantage numérique? Terminée. Il a été rétrogradé sur la deuxième, avec Charlie Coyle encore, loin des joueurs dominants.
Et tout ça, au moment précis où Gabriel Landeskog effectuait son retour. Comme si son retour ouvrait la trappe sous les patins de Drouin. Game over.
Pendant les séries, l’image était troublante : Jonathan Drouin assis sur le banc, le regard dans le vide, comme s’il n’était plus là.
Absent mentalement, vidé, coupé de l’intensité du moment. On avait l’impression que sa confiance, bâtie patiemment tout au long de la saison, s’était volatilisée en un claquement de doigts.
Le jeu physique, toujours sa bête noire, avait repris le dessus. Drouin n’aime pas les marchs où ca frappe comme s'il n'y avait pas de lendemain, il n’a jamais été ce genre de joueur, et en séries, cette réalité devient une faiblesse impardonnable.
Cette différence était d’autant plus cruelle quand on repensait à tout ce qu’il disait de bien sur sa vie à Denver : la sérénité, l’absence de pression, le bonheur d’être un simple citoyen anonyme, loin des projecteurs étouffants de Montréal.
Ce havre de paix, il en parlait avec reconnaissance, presque comme d’un salut. Comme s'il avait été sauvé des "griffes du Centre Bell".
Mais voilà que, après une performance timide et sans éclat en séries, tout s’est évaporé. Le conte de fées a viré au rejet brutal du jour au lendemain.
On l’a retiré du top-6, relégué à la deuxième vague de l’avantage numérique, et au final, écarté comme un indésirable.
Un drame financier sans précédent.
Et pendant que le vestiaire se refermait sur lui, le plan s’écroulait. Le plan de loyauté. Le plan d’amitié. Le plan MacKinnon. Tout ça pour quoi? Pour rester à rabais dans une équipe qui l’a laissé tomber au moment le plus crucial.
Il voulait gagner une Coupe et signer un gros contrat. Il va sortir sans bague… et sans contrat.
Et le pire? C’est que les médias de Denver ont commencé à pointer du doigt Jonathan Drouin. Pas directement, bien sûr, mais les murmures se font entendre.
On chuchote que la direction aurait conservé de l’argent pour lui… et que c’est en partie ce qui a poussé Mikko Rantanen vers la sortie.
L’idée de garder Drouin aurait coûté Rantanen. Une accusation lourde. Absurde? Peut-être. Mais elle colle à la peau, et elle affecte sa réputation.
Aujourd’hui, Jonathan Drouin est de nouveau joueur autonome. Mais cette fois, ce n’est pas la même musique.
Il n’est plus le jeune espoir du Lightning. Il n’est plus le gros contrat du Canadien. Il n’est plus la belle histoire du Colorado.
Il est un joueur de 30 ans, sans impact en séries, que personne ne veut sur une première unité.
Et ce qui devait être une renaissance s’est transformé en échec retentissant. Une saison où il aurait dû gagner le cœur de la direction.
Mais même son vieux chum MacKinnon n’a pas pu le sauver.
Jonathan Drouin a toujours été un joueur cérébral. Un gars qui pense, qui doute, qui analyse. Mais en séries, dans un système aussi rude que celui de la LNH, penser trop, c’est parfois le signe de la fin.
Et Drouin s’est retrouvé prisonnier de sa tête. Comme à Montréal. Comme à Tampa. Un cycle infernal.
Il avait tout pour réussir. Le bon alignement. Le bon système. Le bon coach. Le bon moment. Et pourtant, il a rechuté au pire moment.
Aujourd’hui, sa valeur sur le marché est en chute libre. Il devra encore signer à rabais. Encore recommencer. Encore prouver. Encore supplier qu’on lui donne une chance.
Jonathan Drouin n’a pas seulement perdu son pari. Il a perdu énormément d'argent. Il a perdu sa place de joueur offensif.
Reste à voir s'il va accepter encore des peanuts pour rester près de son ami MacKinnon.