John Tortorella à Montréal: la bombe médiatique de Jean-Charles Lajoie

John Tortorella à Montréal: la bombe médiatique de Jean-Charles Lajoie

Par David Garel le 2025-03-27

Jean-Charles Lajoie est fidèle à lui-même : coloré, excessif, et ratoureux.

À peine quelques heures après le congédiement de John Tortorella par les Flyers de Philadelphie, l’animateur de TVA Sports frappait fort en lançant ce qu’il appelle lui-même un « stunt incroyable » : le retour de John Tortorella… à Montréal, comme adjoint de Martin St-Louis.

Mais au-delà de l’effet de manche et de la phrase-choc, ce que Lajoie a livré en ondes est une tirade cinglante, passionnée, bourrée d’émotion et de contradictions assumées, comme seul lui sait le faire. Dès les premiers mots, le ton était donné :

« C’est pas le Canadien le sujet. Le Canadien, c’est le contexte. Le sujet, c’est Tortorella. »

Ce matin sur Qub Radio avec Benoît Dutrizac, on ne parlait pas d’un entraîneur ordinaire. Jean-Charles le rappelle :

« C’est un capitaine d’Amérique. C’est un coach États-Unis par excellence. Il a coaché Martin St-Louis au sommet de sa carrière. »

Mais selon lui, Tortorella est devenu un problème à Philadelphie. Un entraîneur usé, « passé date », incapable de se plier à la logique d’une reconstruction moderne. Et surtout, un homme qui a défié publiquement son DG.

« Ce qu’il a fait mardi, c’est une claque à la face de Daniel Brière. Il a dit à tout le monde que son plan valait pas pas de la crotte. »

Il s’est fait montrer la porte. Et rapidement.

Mais alors, pourquoi l’envoyer à Montréal ? Parce que Lajoie voit dans cette union l’ultime boucle narrative entre un mentor et son élève.

« Martin prendrait une balle pour John Tortorella. Ce gars-là, c’est comme un père professionnel pour lui. Il a fait de lui un champion, un leader. »

Et si Martin, désormais bien établi comme entraîneur-chef, annonçait lui-même son arrivée ?

« C’est Marty qui devrait en faire l’annonce. Là, ce ne serait pas un chaperon. Ce serait un statement. »

Puis il ajoute, en se contredisant presque volontairement :

« Il a commencé comme adjoint, il pourrait y retourner. Mais je pense qu’il est fini. Fini… jusqu’à ce qu’il ressuscite encore. Parce qu’il ressuscite toujours. »

Car c’est là, dans ce paradoxe vibrant, que réside toute la signature Lajoie : un mélange de ridicule, d’espoir que l'un de ses faux scoops va arriver et de showmanship de bas-étage.

Mais l’idée de le voir à Montréal, c’est l’idée qui le fait vibrer. Même s’il sait que c’est probablement de la fiction.

Jean-Charles Lajoie, c’est ça. C’est un feu d’artifice d’idées, de rumeurs, de vérité louche et de non-flair médiatique.

 Il jette Tortorella dans l’arène montréalaise avec intensité, tout en sachant qu’il vient probablement d’inventer la plus belle fausse bonne idée de l’année.

Mais au fond, il ne cherche pas à avoir raison. Il veut provoquer. Réfléchir à voix haute. Toucher une corde. Et c’est ce qu’il fait, avec un naturel désarmant.

« Je le sais qu’il viendra pas à Montréal. Mais t’imagines-tu ? Juste t’imagines-tu ? »

Et c’est là qu’on comprend : ce n’était pas un scoop. Ce n’était pas une info.

C’était juste pour avoir des vues.

Tortorella est tombé. Martin est resté debout. Mais dans l’imaginaire de Jean-Charles, ils sont encore côte à côte.

Lajoie le sait mieux que quiconque : ce n’était pas un scoop, ce n’était pas une information exclusive, encore moins une piste crédible.

C’était simplement un stunt, une idée lancée en l’air, une fiction calibrée pour faire réagir. Et c’est précisément ce que TVA Sports lui a demandé d’éviter.

Car derrière les projecteurs et les envolées théâtrales, son patron Louis-Philippe Neveu est inquiet, les dirigenats de TVA Soirts sont fatigués, et des avertissements officiels qui s’accumulent dans le dossier de Lajoie.

Depuis plusieurs mois déjà, Neveu et ses équipes lui ont demandé de tempérer ses ardeurs, de cesser d’utiliser la tribune de TVA Sports comme un terrain de jeu sensationnaliste.

On l’a sommé de revenir à l’essentiel : l’analyse, la rigueur, la crédibilité.

Mais fidèle à lui-même, Lajoie n’a rien voulu savoir. L’homme de 400 000 $ par année s’entête à jouer les pyromanes médiatiques, même si sa propre maison brûle.

Chaque intervention est une performance, chaque émission un terrain d’expérimentation où la vérité se tord au profit de la flamboyance.

Les avertissements ne manquaient pourtant pas. Lorsque Jean-Charles avait affirmé en ondes que Martin St-Louis allait démissionner, la direction avait failli exploser.

On lui avait reproché de jouer dangereusement avec la frontière entre l’opinion et la désinformation. Pire encore, on lui avait demandé — noir sur blanc — de ne plus balancer de fausses bombes pour créer artificiellement du « buzz ». Une demande claire. Un avertissement direct.

Mais rien à faire. Moins de deux mois plus tard, il remet ça avec l’affaire Tortorella. Et cette fois, ce n’est même pas un bruit de coulisse, c’est un scénario qu’il écrit de toutes pièces, dans un délire narratif digne d’un film de sport mal scénarisé. C’est du théâtre, pas du journalisme. Et il le sait.

Ce refus de plier, cette obstination à ne pas écouter ses patrons, commence sérieusement à irriter à l’interne. Plusieurs sources confirment que la patience est à bout.

On murmure dans les couloirs que la prochaine sortie publique louche pourrait être la dernière. Ce n’est plus simplement une question d’éthique journalistique : c’est une question de survie pour la chaîne.

Et pendant ce temps, les cotes d’écoute ne remontent pas. Malgré tous les « coups » de Lajoie, malgré ses prétendues révélations et ses provocations, l’émission peine toujours à franchir le cap des 20 000 téléspectateurs en direct.

Une catastrophe industrielle. Une émission aussi coûteuse qu’invisible.

Et pourtant, Jean-Charles continue. Il refuse de plier. Il alimente la machine à clics comme s’il animait un podcast indépendant, comme si TVA Sports était son canal personnel.

Mais ce n’est pas le cas. Il est l’employé d’un réseau qui se bat pour survivre, qui tente d’obtenir les droits de la LNH après 2026, qui marche sur une corde raide entre la faillite et le sursaut.

Alors quand Lajoie lance que « ce n’était pas un scoop, c’était juste pour avoir des vues », il ne fait que confirmer ce que tout le monde sait déjà : il n’a aucunement l’intention de respecter les balises.

Il a choisi le chaos. Il a choisi l’écho au lieu de la substance.

Et peut-être qu’un jour très bientôt, ce sera son dernier coup d’éclat.

Parce qu’à force de défier ceux qui le paient, de s’imaginer plus gros que le réseau qui l’emploie, Jean-Charles Lajoie court vers l’inévitable.

Ce n’est pas Tortorella qui va tomber à TVA. Ce sera lui.