Il est devenu extrêmement rare, dans la LNH moderne, qu’un ancien choix de première ronde doté d’un physique imposant et d’une efficacité solide aux mises au jeu se retrouve disponible… gratuitement.
Et pourtant, c’est exactement ce qui se produit avec la décision des Bruins de Boston de placer John Beecher au ballottage (30e choix au total en 2019), une décision qui fait immédiatement réagir plusieurs formations, dont le Canadien de Montréal.
Selon Elliotte Friedman, Montréal est ouvertement à la recherche d’un centre, et Beecher coche plusieurs cases qui, en ce moment, apparaissent presque trop évidentes pour être ignorées.
Le contexte montréalais est brutal. La perte successive d’Alex Newhook, puis la blessure de Kirby Dach, a laissé un trou béant dans l’alignement.
Oui, Dach jouait souvent à l’aile depuis le début de la saison, mais il représentait l’assurance ultime : un droitier capable d’être parachuté au centre en cas d’urgence.
Aujourd’hui, cette urgence est réelle. Le Canadien n’a plus de marge de manœuvre, plus de tampon, plus de sécurité. Ce n’est pas un luxe que Martin Saint-Louis recherche, c’est une nécessité.
Et à ce chapitre, Beecher arrive avec un profil presque parfaitement fait sur mesure pour la situation : centre gaucher de 6 pieds 3 pouces et 220 livres, âgé de 24 ans, capable de jouer en désavantage numérique, doté d’un pourcentage de mises au jeu supérieur à 54 % la saison dernière, et surtout, un style physiquement robuste que le Canadien n’a jamais vraiment réussi à combler au centre. Il ne transformera pas le club, mais il pourrait stabiliser ce qui menace de déraper rapidement.
Ce n’est pas un secret : Montréal manque de joueurs capables de rivaliser physiquement dans le bas de l’alignement.
Beecher ne marque pas beaucoup, mais il impose le respect, il finit ses mises en échec, et il offre une dimension que l’organisation tente de retrouver depuis des années.
Il faut aussi rappeler qu’il n’a que 24 ans, qu’il a disputé 136 matchs dans la LNH, mais qu’il n’a jamais vraiment reçu les minutes nécessaires pour s’installer.
Boston a toujours joué au yoyo avec lui, l'envoyant dans les gradins ou sur le 4e trio avec des responsabilités minimales. Il n’a jamais eu la stabilité que réclame un jeune centre au gabarit imposant.
Et c’est ici que l’analyse d’Elliotte Friedman devient intéressante. Selon lui, plusieurs clubs ont déjà coché son nom : Montréal, bien sûr, mais aussi Vancouver, qui aurait vérifié son dossier.
Sauf que les Canucks viennent tout juste de signer David Kämpf, centre défensif par excellence, spécialiste des mises au jeu, exactement le type de joueur qu’un club cible lorsqu’il veut consolider son troisième ou quatrième trio.
Rien, absolument rien, ne justifie que Vancouver se lance soudainement dans la course à Beecher, sauf pour créer de la fumée dans le marché.
L’intérêt des Canucks ressemble davantage à une politesse, à un geste administratif : vérifier par principe. Rien de plus. Le Canadien, lui, a un besoin réel, urgent, et criant.
Et c’est là où la situation prend un angle encore plus intéressant : Montréal est dans le viseur des dépisteurs depuis que la blessure de Dach a été confirmée, parce que tout le monde sait que le club n’a pas la profondeur nécessaire pour traverser les prochaines semaines sans renfort.
Beecher cadre naturellement dans le vestiaire du CH. Et surtout, il arrive avec un prix parfait : 900 000 $ pour une seule saison, un contrat qui ne laisse aucune trace à long terme.
C’est exactement le type de pari que Kent Hughes affectionne : peu coûteux, peu risqué, mais potentiellement utile. Et dans un marché des transaction où tout le monde sait que le CH est en panique, un pari qui ne coûte rien est parfois la meilleure décision à prendre.
Dans une période où Montréal se fait régulièrement bousculer, où Arber Xhekaj ne fait plus peur à personne, Beecher pourrait redonner un peu d'autorité à l'équipe "soft" qu'est devenue le CH.
Même... s'il n'est pas le meilleur bagarreur:
Au moins, il a un bon menton. Disons qu'il est capable d'encaisser la taloches:
De toute façon, personne ne le voit comme un « sauveur ». Et lui-même ne prétendrait jamais à ce rôle. Il n’a qu’un but cette saison, un seul point en 6 matchs, et 22 points en 136 matchs depuis ses débuts.
Au moins, il a déjà marqué en séries éliminatoires:
On ne lui demande pas de casser des faces ou de marquer des buts. On lui demande d’être fiable, d’absorber des mises au jeu importantes, d’alléger le fardeau d’Evans.
Si Montréal veut se protéger contre l’effondrement au centre… c’est maintenant.
Beecher de l'ennemi de Boston à Montréal demain? Friedman en est persuadé...
