Tension au Centre Bell: Jeff Gorton a joué dans le dos de Martin St-Louis

Tension au Centre Bell: Jeff Gorton a joué dans le dos de Martin St-Louis

Par David Garel le 2025-12-10

On savait que la situation était explosive à Montréal. On savait que la dégelée contre Tampa Bay avait secoué les murs du Centre Bell. On savait que les joueurs frôlaient le point de rupture, que le leadership interne se fragilisait, que les gardiens étaient détruits psychologiquement, que le système défensif coulait.

Mais ce qu’on ignorait encore, et que Michel Bergeron a révélé sur les ondes de TVA Sports, c’est que la fracture a atteint la haute direction.

Ce n’est plus seulement un vestiaire qui glisse entre les doigts de Martin St-Louis.

Ce n’est plus seulement un système qui ne fonctionne plus.

Ce n’est plus seulement un groupe qui se désagrège.

C’est Jeff Gorton lui-même, l’ingénieur du grand projet, qui commence à poser des gestes en dehors de la ligne officielle, en dehors du discours de son entraîneur, en dehors de l’image unie que l’organisation tente encore de projeter.

Et quand Gorton se détache d’un coach, dans cette ligue… ce n’est jamais pour rien.

Devant Jean-Charles Lajoie, Michel Bergeron a livré une bombe que personne n’attendait :

« Pendant ce temps-là, Gorton, lui, je pense qu’il en a plein le coco en haut. J’espère. Je pense qu’il en a plein le coco parce que, pour avoir fait ce qu’il a fait hier (rappeler Fowler)… L’affaire d’hier… aujourd’hui, on disait qu’ils se sont réunis (avec St-Louis, Hughes et Gorton), mais ça s’est fait pendant la troisième période. C’est Gorton qui a appelé avec Hughes. Ils ont appelé… Il a appelé les deux autres (Beck, Engström). Il a dit : “Les boys, allez chercher vos stocks. Vous êtes à l’entraînement demain.”

Après ça, ils ont dit à Martin Saint-Louis : trois nouveaux joueurs. Puis Fowler. »

St-Louis, lui, avait affirmé devant les caméras que le rappel de Fowler était une décision d’organisation réfléchie, un choix mûri à l’avance, une étape logique du plan de développement décidé tous ensemble.

Mais si Bergeron dit vrai, alors le coach a menti ou a été mis devant le fait accompli.

Et si Martin St-Louis n’est même plus consulté sur le rappel du gardien censé sauver son équipe… alors l’entraîneur-chef n’est plus réellement l’homme en charge.

Bergeron ne s’est pas arrêté là. Il est allé droit au cœur du malaise :

« Il n’y a plus de passion. Il n’y a plus de passion. On perd trois à zéro, c’est dur maintenant. C’est toujours les mêmes propos qu’on entend : “C’est dur de revenir dans cette ligue tellement forte.” Donc, on a tout ça dans la tête. Trois zéro, on ferme les livres, puis on se rend à six, on blâme les gardiens de but. Bonsoir la visite. »

Cette phrase résume l’état du Canadien mieux que n’importe quel tableau statistique.

Le CH n’a plus d’âme.

Le coach parle de “processus”, de “standards”, de “petits détails”, mais ce que les vétérans, les jeunes et les spectateurs voient… c’est une équipe qui abandonne après dix minutes.

“Il n’y a personne pour challenger Martin.”

Michel Bergeron a lancé l’autre phrase clé de son intervention. Une phrase que beaucoup pensent tout bas :

« J'en avais des gars, Peter (Stastny) notamment, t’en avais des gars capables de me challenger. Qui challenge Martin dans ce club-là ? Personne. Les vétérans, c’est des joueurs de quatrième trio. »

C’est l’un des pires constats qu’un coach peut recevoir :

Personne n’est capable de te confronter, donc personne ne croit assez au système pour se battre pour lui.

Et Bergeron le dit sans détour : St-Louis n’est pas challengé parce que ses leaders naturels n’existent pas.

« Regarde Gallagher. Il commence le match hier, il donne des coups de bâton. Il veut plaire à la foule. Je pense que c’est sa façon de motiver. On n’est pas rendu là. »

Un leader qui force son leadership n’est plus un leader.

Une équipe sans voix, un coach sans colonne, un vice-présidetn qui reprend le contrôle...  tellement déprimant.

Bergeron est allé plus loin encore :

« Ça prend réellement une bonne discussion avec le coach. Ça ne marche pas. Ça ne fonctionne pas. Donc, on change les choses. »

Rappeler Fowler sans même attendre la fin du match, cela signifie :

St-Louis n’a plus la confiance totale de sa direction.

Les résultats sont tellement catastrophiques que la gestion se fait maintenant en mode panique.

Car si Gorton avait voulu protéger son coach, il aurait attendu le lendemain, au lieu que la décision soit prise entre la deuxième et la troisième période, derrière le dos du coach, pendant que St-Louis regardait impuissant son équipe s’effondrer.

C’est une humiliation à peine maquillée.

Une fois que la haute direction commence à agir dans l’urgence, sans consulter l’entraîneur-chef, l’histoire de la LNH montre que le congédiement devient une simple question de séquences, pas de convictions.

On ne renvoie jamais un coach quand l’équipe gagne.

On le renvoie quand la direction réalise qu’elle n’a plus rien à protéger.

Et aujourd’hui, ce n’est plus le vestiaire qui abandonne St-Louis.

C’est Jeff Gorton.

Si Michel Bergeron a raison, Martin St-Louis n’est plus le capitaine du navire.

Il est déjà un passager... prêt à être sacrifié...