Le match venait à peine de commencer.
Dix petites minutes, à peine, et déjà James Hagens frappait.
Un jeu éclatant contre la Finlande, dans un Summer Showcase que peu de gens regardent en plein mois de juille.
Mais qui pourrait devenir, avec le recul, le premier chapitre d’un grand règlement de comptes.
Car cette passe extrordinaire, ce n’était pas juste une ligne sur une feuille de match. C’était une claque. Une réponse. Une morsure lancée à distance, directement en direction de Long Island.
Une pique à l’endroit d’un homme : Mathieu Darche.
James Hagens already on the scoresheet 10 minutes in vs. Finland. #NHLBruins pic.twitter.com/VKIs0YLXvg
— Robert Chalmers (@IvanIvanlvan) July 27, 2025
Le nouveau DG des Islanders, qui avait tout misé pour ramener le prodige de Long Island à la maison.
Il n’a pas réussi. Et voilà que, moins d’un mois plus tard, James Hagens lui rappelle pourquoi il aurait dû tout faire pour y arriver.
James Hagens n’a jamais caché ses couleurs. Originaire de Long Island, il a grandi en rêvant d’enfiler le chandail des Islanders.
Il l’a dit en conférence de presse. Il l’a répété dans les médias américains. Il a même eu le courage de l’affirmer quelques heures avant le repêchage, alors que tout indiquait que son rêve n’allait pas se réaliser.
Tout portait à croire que Matthew Schaefer allait être sélectionné au tout premier rang par les Islanders, et Hagens, lui, glissait dans les classements.
Ses débuts à Boston College ont été jugés timides. Sa production correcte, mais pas dominante.
Et sa valeur a fondu dans les bureaux des recruteurs.
Mais pas dans ceux de Mathieu Darche.
Le plan du nouveau DG était clair : repêcher Schaefer au premier rang, puis tout faire pour monter dans le top 5 et sélectionner Hagens.
Créer un duo générationnel. Rebâtir les Islanders autour d’un défenseur mobile et d’un centre explosif. L’objectif était ambitieux, mais limpide.
Here’s a look at James Hagens, No. 10 in white, running PP1 for Team USA as he wins the offensive-zone faceoff. Hagens has an impressive ability to keep pucks alive with his awareness, IQ and quick hands under pressure. Some nice passes, setups from him on this shift. #NHLBruins pic.twitter.com/7SuSIERFqs
— Bruins Network (@BruinsNetwork) July 27, 2025
Darche a donc lancé les grandes manœuvres.
Il a envoyé Noah Dobson à Montréal, obtenant en retour les choix 16 et 17, ainsi qu’Émil Heineman. Une transaction qui a fait exploser Long Island.
On l’a traité de fou, d’incompétent, d’amateur.
Mais Darche n’avait pas fini. Il a tenté coup sur coup d’acquérir le 5e choix des Predators, le 6e des Flyers, puis le 7e des Bruins.
À chaque fois, il offrait son butin fraîchement acquis de Montréal. À chaque fois, il se faisait fermer la porte.
Les Preds et les Flyers n’ont même pas voulu discuter.
Les Bruins, eux, ont hésité, mais ont exigé davantage.
Et Darche a dit non.
Quelques minutes plus tard, Boston montait au podium et sélectionnait… James Hagens.
L’enfant du pays. Sous les yeux de Darche.
Il aurait pu faire un effort de plus. Ajouter un choix tardif. Un jeune espoir. Quelque chose. Il a préféré garder son prix plancher.
Et il a vu son plan s’écrouler.
Depuis ce moment-là, tout ce que Darche essaie de faire, c’est de réparer les pots cassés.
D’un désastre annoncé, il a tenté de créer un récit de rédemption. Il a repêché Victor Eklund au 16e rang. Un ailier suédois explosif, comparé à Jesper Bratt.
Puis Kashawn “Cash” Aitcheson, défenseur droitier robuste, convoité par plusieurs clubs, dont le Canadien.
Deux sélections applaudies. Deux “vols”, selon certains observateurs. Deux coups de circuit qui ont calmé la tempête.
Mais le feu couve encore.
Parce que personne n’oublie pourquoi ces choix étaient disponibles.
Noah Dobson est maintenant à Montréal.
Et James Hagens est à Boston.
Et à Long Island, tout le monde sait qu’il aurait pu être à la maison.
Et pour ne rien arranger, Darche a tenté de faire passer Émil Heineman comme pièce maîtresse de l’échange.
Il a multiplié les apparitions dans les médias, vantant la vision, la “identity line”, l’importance du style nord-sud de Heineman.
Thomas Hickey, sur le réseau local, a même déclaré que le Suédois était le meilleur joueur du CH avant d’être échangé. Une affirmation qui a fait éclater de rire plusieurs analystes à Montréal.
Heineman est un joueur honnête. Rapide. Courageux. Mais il n’a jamais été vu comme un espoir top-6. Il a marqué 10 buts dans un rôle de soutien.
Et le voilà propulsé au rang de pièce centrale.
Parce que Darche a besoin qu’il le soit.
Parce qu’en coulisses, Patrick Roy commence à douter. Barzal aussi. Horvat est frustré. Romanov a exprimé son désaccord.
Et les propriétaires, eux, se demandent ce qui s’est passé entre les promesses faites lors de l’embauche de Darche… et la réalité actuelle.
Darche avait promis qu’il ne reconstruirait pas. Qu’il misait sur le noyau actuel. Qu’il soutiendrait Patrick Roy avec un effectif compétitif.
Et pourtant, il a offert Sorokin aux équipes du top 5. Il a sacrifié Dobson. Il a menti, tout simplement.
Aujourd’hui, le château de cartes menace de s’écrouler.
Parce que la vérité commence à sortir. Parce que Patrick Roy n’est pas un homme qu’on manipule sans conséquence.
Parce que Sorokin pourrait être le prochain domino. Et si lui part, Barzal et Horvat vont suivre.
Et pendant que Darche tente de contrôler les dégâts… James Hagens marque.
Il marque tôt. Il marque fort. Il marque dans un match que personne ne regarde, mais dont tout le monde retiendra le symbole.
Il aurait dû porter le bleu marine des Islanders. Il aurait pu devenir l’enfant roi de Long Island. Il aurait dû entendre la foule scander son nom à l’UBS Arena. Il voulait ce rôle. Il était prêt à l’endosser.
Mais Darche a raté son rendez-vous.
Et maintenant, Hagens commence à écrire sa propre histoire. Une histoire qui commence par un but contre la Finlande.
Et qui, un jour, croisera à nouveau le chemin des Islanders.
Ce n’est peut-être qu’un premier but dans un tournoi d’été. Peut-être.
Mais pour Darche, c’est une claque.
Et c'est loin d'être la dernière.