Juraj Slafkovsky n’a pas terminé la saison comme il l’aurait espéré, et les séries n’auront fait qu’enfoncer le clou sur cette conclusion douloureuse.
L’élimination du Canadien contre les Capitals l’a frappé fort, mais pour certains joueurs, elle aurait été un réveil brutal. Dans le cas de Slafkovsky, c’est un désaveu cinglant signé Danny Dubé qui vient amplifier un malaise évident au 2e étage du Centre Bell.
« Je suis un peu déçu des séries de Slafkovsky, il est comme un adolescent qui cherche encore son identité », a affirmé Dubé au micro du 98.5 FM.
Une phrase qui résume tout. C’est exactement le sentiment qui habite les observateurs depuis le début des séries : Slafkovsky semble constamment en quête de repères.
Tantôt robuste, tantôt effacé, tantôt inspirant, tantôt en panne d’énergie. Et au moment où l’équipe avait besoin de son premier choix au total pour s’imposer physiquement, il s’est à nouveau éclipsé.
Sur la séquence où Cole Caufield a été rudoyé par Alex Ovechkin, les regards se sont tournés immédiatement vers Slafkovsky.
Il est le plus gros joueur du club, il est censé incarner le futur "power forward" de la LNH, mais il est resté distant. Passif. Invisible. Et ça, pour un entraîneur comme Martin St-Louis, c’est plus qu’un problème tactique. C’est une cassure identitaire.
Slafkovsky a souvent dit vouloir devenir un Brady Tkachuk 2.0. Un joueur qui frappe, qui dérange, qui impose le respect.
Mais à chaque occasion où il aurait pu démontrer cet ADN de guerrier, il a reculé. Il a choisi de contourner les mêlées. Il a évité le contact. Et aujourd’hui, ce sont ses propres coéquipiers qui doivent se demander où est passé l’intensité attendue.
Danny Dubé l’a dit clairement :
« Il va y avoir des décisions déchirantes à prendre. »
Et même s’il n’a pas prononcé le nom de Slafkovsky comme joueur à échanger, tout le monde a compris. Le premier choix de 2022 n’est pas intouchable.
Pas après ce qu’il vient de montrer. Pas après avoir signé un contrat de 60,8 millions sur huit ans qui commence l’an prochain. Car si Slafkovsky n’élève pas son niveau de jeu, il risque d’engloutir une partie précieuse de la masse salariale du Canadien sans produire à la hauteur.
Il faut dire que le contexte n’aide pas. Avec Ivan Demidov en route vers Montréal, la pression sur Slafkovsky n’a fait que croître au fil des semaines.
Le public rêve d’un trio Suzuki–Caufield–Demidov, et les performances hésitantes de Slafkovsky ne plaident pas en sa faveur.
Quand l’enthousiasme des partisans se dirige vers le nouveau venu russe, c’est parce que Slafkovsky ne s’est pas imposé comme il aurait dû. Et ça, Kent Hughes le voit très bien.
L’autre variable qui complique tout, c’est le besoin criant du Canadien pour un deuxième centre. Danny Dubé l’a répété : il veut un centre costaud, capable d’imposer sa présence.
Et dans les coulisses, tout le monde pense immédiatement à Tage Thompson à Buffalo. Thompson est frustré. Les Sabres sont dans le trou. Et Slafkovsky, avec son âge, son contrat et son profil physique, pourrait séduire Kevyn Adams dans un échange entre deux joueurs au croisement de leur trajectoire.
Le nom de Noah Dobson revient aussi. Les Islanders ont besoin d’un attaquant de puissance, le Canadien a besoin d’un défenseur droitier top-2.
Il y a là une logique que tout le monde voit. Et si le nouveau directeur général à Long Island veut repartir sur de nouvelles bases, pourquoi ne pas frapper un coup d’éclat avec un échange Dobson–Slafkovsky? Le téléphone de Kent Hughes n’a pas fini de sonner.
En fait, ce que les séries ont révélé, c’est que Slafkovsky ne fait pas encore partie du noyau solide. Il est en orbite.
Il gravite autour de Suzuki et Caufield, mais ne s’est jamais imposé comme une pierre angulaire du futur. Et dans une ligue où les joueurs doivent justifier leur salaire tous les soirs, sa marge de manœuvre diminue.
Ce n’est plus un adolescent naïf qui apprend la LNH. C’est un homme de 20 ans, payé comme une vedette. Et qui ne joue pas comme une vedette.
Mais au-delà de ses performances irrégulières sur la glace, ce sont les controverses qui collent à la peau de Juraj Slafkovsky qui commencent sérieusement à irriter la direction du Canadien de Montréal.
Il ne faut pas se voiler la face : le jeune homme est devenu, bien malgré lui, un sujet de distraction récurrent, et son lien avec Angélie Bourgeois-Pelletier n’a rien arrangé.
Tout au long de la saison, les rumeurs ont circulé avec insistance. Slafkovsky, dit-on, aurait veillé jusqu’à 4 h du matin à plusieurs reprises dans les bars du Vieux-Montréal, notamment au Flyjin, là où travaillait auparavant sa copine.
Une serveuse-mannequin-influenceuse qui, même si elle ne travaille officiellement plus dans l’établissement, y serait encore très présente.
Slafkovsky, de nature jalouse, aurait même déjà passé plusieurs soirées au bar uniquement pour la “surveiller”. Ce comportement a fait jaser, au point où Chantal Machabée elle-même a été contrainte de monter au front pour défendre son jeune attaquant.
Mais les dommages étaient déjà faits.
Dans une ville comme Montréal, où chaque geste est scruté à la loupe, ces histoires de nightlife ont fini par s’incruster dans la perception publique.
Les performances de Slafkovsky, jugées trop irrégulières, ont commencé à être interprétées de façon négative et liées sa vie privée. À tort ou à raison, beaucoup y ont vu un manque de discipline.
Et aujourd’hui, avec la déclaration de Danny Dubé, c’est comme si tout le monde disait tout haut ce que plusieurs pensaient tout bas : Slafkovsky doit couper avec ses distractions.
Il n’est plus un "prospect", ni une curiosité européenne. Il est maintenant un joueur payé 60,8 millions sur huit ans. Ce contrat change tout. Il vient avec une étiquette. Une attente. Et surtout, une exigence de rendement.
Danny Dubé n’a pas seulement exprimé sa déception. Il a dit que Slafkovsky ressemblait à un adolescent qui n’a pas trouvé son identité.
Cette phrase, aussi dure soit-elle, résume parfaitement le malaise ambiant. On parle d’un joueur au gabarit exceptionnel, doté d’un potentiel physique immense, mais qui semble encore se chercher.
Il veut être Brady Tkachuk, dit-il. Mais dans les séries contre Washington, il s’est comporté comme un joueur en fuite. Un monstre qui a peur. Le mot qui revient dans les coulisses : déconnexion.
Et cette déconnexion pourrait coûter cher.
Kent Hughes sait qu’il doit faire des choix déchirants. Et si un directeur général téléphone pour parler de Noah Dobson, le nom de Slafkovsky sera mentionné. Il l’est déjà.
À Buffalo aussi. Les rumeurs qui l’envoient pour Tage Thompson ne sont pas anodines. Elles viennent d’un besoin criant du CH : trouver un centre imposant pour encadrer seconder Nick Suzuki.
Car si Slafkovsky est incapable de se transformer en "power forward" fiable et discipliné, s’il peine à assumer les responsabilités d’un joueur de premier trio, alors oui, il deviendra une monnaie d’échange. Et son âge ne suffira plus à le protéger.
Il y a une fenêtre. Une courte fenêtre. Slafkovsky peut encore redresser la barre. Mais il doit couper avec ses distractions. Il doit se défaire de cette image d’adolescent un peu trop sensible, trop préoccupé par les perceptions, et trop vulnérable aux remous médiatiques.
Les larmes qu’il a versées après le 2e match à Washington ont touché certains. Mais elles ont aussi inquiété d’autres.
Dans les coulisses, certains se demandent : a-t-il les nerfs pour supporter Montréal? Peut-il vraiment performer sous cette pression constante, cette surveillance étouffante? Ou a-t-il besoin d’un environnement plus calme pour éclore?
Quoi qu’il en soit, l’été s’annonce long pour Slafkovsky. Et pour Kent Hughes. Les appels téléphoniques ne manqueront pas.
Les Islanders, les Sabres, peut-être même une équipe de l’Ouest. Tout le monde va vouloir savoir si Slafkovsky est encore intouchable. Et à l’heure actuelle, la réponse semble être non.
Maia dans la business du hockey, tout peut changer en un claquement de doigt.
Il reste un espoir. Mais cet espoir devra passer par une métamorphose. Slafkovsky devra revenir en septembre plus affamé que jamais, plus mature, et débarrassé de ses distractions.
S’il veut prouver qu’il mérite son contrat, et surtout, sa place à Montréal, il doit comprendre une chose : les émotions, c’est bon.
Mais ce qu’on attend de lui maintenant, c’est qu'il soit menaçant sur la glace. Pas dans un bar à quatre heures du matin...