Jake Evans à Los Angeles: La Presse crée la commotion

Jake Evans à Los Angeles: La Presse crée la commotion

Par David Garel le 2025-12-09

Depuis ce matin, un scénario improbable sème la confusion à Montréal : selon un texte de Mathias Brunet, le nom de Jake Evans circule réellement à Los Angeles dans un potentiel échange impliquant Phillip Danault.

À première vue, ça n’a aucun sens, Evans est plus jeune, moins cher, plus rapide, et surtout beaucoup plus adapté au cycle actuel du Canadien, mais lorsqu’on décortique les besoins des Kings et l’état du marché, on comprend pourquoi cette possibilité existe, même si elle demeure dérangeante.

Les Kings, rappelons-le, ne veulent pas d’espoir. Ils ne veulent pas de choix au repêchage. Ils ne veulent pas d’un “win-back project” comme Owen Beck, encore en développement. Ils ne veulent pas perdre leur place en séries pour des promesses futures.

Ils veulent gagner maintenant. Et c’est ici que l’équation devient logique pour eux, même si elle choque Montréal.

Phillip Danault vit un début de saison atroce offensivement: cinq maigres passes en 29 matchs, un temps de glace en chute libre, un rôle réduit au troisième trio, mais il demeure, malgré tout, un joueur établi, fiable défensivement, respecté dans un vestiaire, capable de fermer un match quand ça compte.

Ce n’est pas un joueur qu’on sacrifie gratuitement quand on se bat pour les séries, comme c’est actuellement le cas : les Kings sont troisièmes dans le Pacifique et n’ont aucune intention de briser leur structure.

Leur objectif n’est pas de s’effondrer, encore moins d’ouvrir une reconstruction.

Leur objectif est de corriger un problème précis : ils ont besoin d’un centre droitier, plus jeune, capable d’avaler des minutes, de stabiliser leur profondeur… et de coûter moins cher sur la masse.

Et c’est exactement là que Jake Evans devient une cible sérieuse.

Evans est droitier. Les Kings n’en ont pas.

Evans a 29 ans. Il coûte 2,85 millions $ pour encore trois ans, peut jouer en désavantage numérique immédiatement.

Il peut donner dix à douze buts par saison et travaille comme un défoncé.

Et surtout, Los Angeles le voulait déjà l’an dernier avant sa prolongation de contrat. Ce n’est pas un caprice improvisé, ce n’est pas une idée sortie d’un chapeau : c’est un joueur qui figure dans leurs plans depuis longtemps.

Pour les Kings, l’équation est simple :

Evans remplit leur besoin actuel mieux que Danault. Et il leur permettrait de rajeunir leur centre sans sacrifier leur structure offensive.

Pour Montréal?

C’est là que ça devient beaucoup plus compliqué.

Danault a peut-être eu de grandes heures ici, mais il ne correspond absolument pas au profil recherché par Kent Hughes.

Le CH veut un centre d’impact, fin vingtaine, début trentaine. capable de produire entre aujourd’hui et l’arrivée de Michael Hage et Alexander Zharovsky.

Pas un vétéran ralenti qui n’a toujours pas marqué cette saison et dont le contrat de 5,5 millions $ court jusqu’en 2027.

Le CH manque de centres gauchers, c'est vrai.,

Échanger Evans (droitier) pour Danault (gaucher) aggraverait-il vraiment le problème.

Surtout : Danault n’est plus un centre #2. Il n’est plus offensif. Il n’est plus explosif. Il n’est plus l’Homme des séries 2021.

Le Canadien, lui, regarde vers l’avenir :

Oliver Kapanen mange Danault au petit déjeuner.

Michael Hage arrive. Zharovsky est maintenan considéré comme un centre. Le CH veut un vrai joueur de deuxième ligne, peut-être même Sidney Crosby si Pittsburgh ouvre la porte cet été.

Alors pourquoi regarder vers Danault?

Parce que les Kings, eux, frappent à la porte. et voient Evans comme une solution.

Mais Montréal, même en reconnaissant le leadership passé de Danault, n’a aucun intérêt à s’attacher un contrat lourd qui bloque la masse jusqu’en 2027.

Hughes ne sacrifiera pas un joueur plus jeune, plus rapide, plus adapté à la ligne de temps, pour un vétéran au déclin prononcé.

Phillip Danault, avec son cœur encore tourné vers Montréal, voit son nom circuler partout… sauf dans les bureaux du Canadien.

Les Kings peuvent vouloir Evans. Les analystes peuvent faire leurs scénarios. Les rumeurs peuvent enfler.

Mais l’échange Jake Evans contre Phillip Danault, aussi logique soit-il pour Los Angeles… n’a aucun sens pour Montréal.

Comment imaginer une seule seconde que Kent Hughes accepterait Phillip Danault quand le même directeur général a refusé, il y a quelques mois à peine, une transaction qui aurait ramené Trevor Zegras à Montréal en échange de Jake Evans?

Oui, l’offre existait réellement : Anaheim  voulait un centre fiable défensivement pour encadrer son noyau jeune, et selon plusieurs sources proches des Ducks, Jake Evans était leur préférence, bien avant Ryan Poehling, qui a été envoyé à Anaheim avec les choix de deuxième et de quatrième ronde pour compléter l’échange.

C'est Hughes qui a dit non, convaincu qu’Evans était trop important pour l’identité défensive du club, convaincu que Zegras représentait un risque inutile, convaincu que la stabilité valait mieux qu’un talent de niveau élite.

Et maintenant que Zegras hypnotise la ligue avec des buts au ralenti inspirés de Patrick Kane, maintenant qu’il dirige l’avantage numérique à Philadelphie avec l’assurance d’un maestro, maintenant qu’il cumule les points comme un métronome pendant qu'Evans s’enfonce dans une spirale de revirements et de mauvais matchs, il devient presque absurde d’imaginer Hughes revenir sur sa philosophie et sacrifier ce même Evans, qu’il a protégé au point de refuser un prodige... pour acquérir un Danault en chute libre.

Peu importe les infos de Brunet et de La Presse, le dossier va mourir.

Car Phil Danault est fini... à la corde...