Patrick Roy vient de recevoir deux claques magistrales du Canadien… et il les a entendues.
"Le roi" n’oublie jamais.
Et à Montréal, on n’oublie jamais ce que Patrick Roy dit.
Quand l’ancien gardien étoile, devenu entraîneur des Islanders, a lancé à demi-mot en début de saison que Noah Dobson n’avait pas la carrure d’un vrai numéro un, que le Canadien avait pris un risque énorme en misant sur un défenseur « trop mou et nonchalant », le message était clair.
Et quand Roy a ajouté dans une entrevue récente que Matthew Shaefer était le grand favori pour le trophée Calder, il venait de lancer une provocation que le jeune du Tricolore a entendue… très fort.
Résultat ?
Deux réponses coup sur coup.
Deux uppercuts lancés à 24 heures d’intervalle.
Sur la glace, Ivan Demidov n’a pas besoin de micro pour se faire entendre. Son talent parle.
Demidov est maintenant seul en tête des pointeurs chez les recrues avec 32 points en 38 matchs, dont 19 à ses 20 dernières rencontres.
Et dans ses 13 derniers matchs, il a été aussi constant que percutant : 13 points, pendant que Matthew Schaefer, qui menait la course plus tôt cette saison, stagnait à cinq petits points sur la même séquence.
Résultat ?
L’écart se creuse. Les rôles s’inversent.
Schaefer est tombé troisième. Beckett Sennecke lui est passé devant avec 29 points.
Et au sommet, trône un Russe silencieux, électrique, au sang froid : Ivan Demidov.
D'accord, d'accord, Schaefer est un défenseur, mais la course est loin d'être gagnée.
Et Dobson? Son meilleur match dans l’uniforme du Canadien s'est déroulé hier.
Contre le Lightning de Tampa Bay, il a été partout.
27 minutes 29 secondes de temps de jeu
1 but, 1 passe, des jeux incroyables qui ont changé le rythme du match, tant offensivement que défensivement.
Tout d'un coup, on ne le traitait pas de défenseur lâche ou "soft". On a vu une assurance, une fluidité, une présence qui donne la chair de poule.
Dobson avait l’air d’un général.
Il est maintenant rendu à 25 points en 38 matchs cette saison (7 buts, 18 aides) avec un différentiel positif (+2). Il faudrait arrêté de parler de vol du côté de Long Island.
Oui Victor Eklund (16e au total) et Kashawn Aitcheson (17e) vont devenir des monstres et Emil Heineman aide énormément les Islanders, mais un défenseur droitier talentueux comme Dobson, ça se paye.
Il serait temps de parler d'un échange gagnant-gagnant.
Et alors que certains, comme Patrick Roy, ont voulu comparer Dobson à Darnell Nurse (pour ses erreurs défensives, son salaire de 9,5 M$ par année ou ses bourdes, il démontre tout le contraire.
Roy disait qu’il manquait de mordant ?
Dobson vient de lui répondre avec un match de vétéran, de leader, de joueur de 9,5 millions.
Ces deux performances n’arrivent pas par hasard.
Depuis le début de la saison, Patrick Roy et les Canadiens s’observent à distance, comme deux frères ennemis que tout lie… mais que tout oppose. Roy veut prouver qu’il aurait dû être l’élu de Geoff Molson. Le CH veut prouver qu’il a eu raison d’aller ailleurs avec Martin St-Louis.
Et ça, dans l’univers de Patrick Roy, c’est un affront.
Dobson et Demidov sont un jeune vétéran et un jeune prodige qui sont en train de devenir les visages du nouveau Canadien.
Un CH qui n’a pas oublié ce que Roy a dit. Et qui, match après match, le lui rappelle… sans jamais prononcer son nom.
La saison est longue. Demidov devra continuer à produire. Dobson devra garder son calme malgré les critiques cinglante sur sa "mollesse". Rien n’est gagné. Ni pour le trophée Calder. Ni pour les séries. Ni pour les égos.
Mais ce qui est certain, c’est que Roy a lancé la première pierre.
Et que Demidov et Dobson viennent de la lui retourner, chacun à leur façon.
À Montréal, on appelle ça du hockey intelligent. À Long Island, on appelle ça du trouble.
Et pour Roy ?
On appelle ça une double claque bien sentie.
