Dès la première mise en jeu, les gradins clairsemés du Centre Bell ont compris qu’ils allaient assister à quelque chose de rare.
Pas un match présaison, pas un duel de séries. Juste une soirée de septembre entre recrues. Et pourtant, à chaque fois que la première unité du Canadien sautait sur la glace, un frisson traversait l’amphithéâtre.
Ivan Demidov. Florian Xhekaj. Deux noms que personne n’osait prononcer dans la même phrase avant ce soir.
Deux profils opposés, mais parfaitement complémentaires. Et ensemble, ils viennent de briser la glace... au sens propre comme au figuré.
Ce qui s’est passé durant les dix premières minutes n’était pas normal.
Demidov, tel un fantôme glissant entre les défenseurs des Jets, manipulait la rondelle avec un aplomb presque insolent.
Sur cette première poussée, on aurait cru voir un joueur de la LNH s’amuser contre des juniors. Et pourtant, c’est bien un match de recrues. Et c’est bien un autre joueur, Florian Xhekaj, qui a terminé le travail. Rebond capté, réflexe foudroyant, et but.
Marc Denis l’a dit sur RDS : ce trio-là ... avec Oliver Kapanen au centre ... était tout simplement trop fort pour ce niveau de jeu.
Chaque présence était une domination territoriale. Et derrière eux, Adam Engström et David Reinbacher formaient un mur. Rien à redire.
Mais ce match révèle surtout deux choses.
D’abord, que Demidov n’est pas ici pour se battre pour une place. Il est là pour se réchauffer. Montrer quelques éclairs. Prendre le pouls. Se mettre dans le rythme avant le vrai camp. Son talent est au-dessus du lot, et tout le monde le sait.
Mais pour Florian Xhekaj, c’est une autre histoire. Lui, il est sur la glace pour sa survie. Il sait qu’il y a des dizaines de joueurs comme lui, à Laval, en Europe, ou même dans les gradins.
Des gars qui patinent, qui frappent, qui veulent leur place. Alors il doit briller dans chaque match. Chaque shift. Chaque détail.
Ce qui a impressionné, ce n’est pas juste son but. C’est sa lecture du jeu. Sa position. Son éthique. Sa manière de se placer au bon endroit au bon moment, de créer l’ouverture pour Demidov, de savoir quoi faire sans la rondelle.
Et le fait qu’il soit capable de suivre le rythme d’un prodige comme Demidov, c’est déjà un révélateur. On ne parle pas d’un ailier qui « profite » de son coéquipier. On parle d’un joueur qui se hisse à son niveau. Et qui exécute.
Il faut comprendre aussi le contexte. Ce sont des matchs de recrues. Personne ne va faire le club sur un match. Mais certains peuvent le perdre. Et certains peuvent marquer des points.
Florian Xhekaj, ce soir, a forcé tout le monde à ouvrir les yeux. Tous les recruteurs. Tous les coachs. Tous les analystes. Il a dit : regardez-moi. Regardez ce que je peux faire quand on me donne une vraie chance.
Et pendant ce temps-là, Reinbacher lui aussi répondait présent. Chaque fois qu’il touchait la rondelle, on sentait un sentiment de contrôle. De maturité. Il n’est pas spectaculaire, mais il fait tout. Et il le fait proprement.
Ce genre de match, pour un gars comme lui, c’est du pain béni. Parce que la direction du Canadien veut voir qu’il est un cran au-dessus. Et il l’a prouvé.
Mais ce soir, c’est le duo Demidov-Xhekaj qui a fait lever les sourcils. C’est cette alchimie inattendue, cette synergie improvisée, qui a créé l’étincelle.
Et soudainement, tout le monde commence à se poser la même question : est-ce que Xhekaj peut suivre Demidov jusqu’à Montréal?
Est-ce qu’il peut jouer ce rôle d’ailier énergique, intelligent, fiable, autour du joyau russe? Est-ce que Martin St-Louis va vouloir voir plus de cette chimie dans les matchs présaison?
On en reparlera. Parce qu’à ce rythme-là, il sera difficile d’ignorer ce duo. Difficile de faire semblant qu’il ne s’est rien passé. Demidov, on savait qu’il allait éblouir.
Mais que Xhekaj s’invite au bal, avec une telle confiance, c’est le genre de surprise qui peut redéfinir un camp. Et peut-être même une saison.
Il faudra voir si cet élan peut être soutenu.
Si Florian peut continuer à suivre la cadence. Si Demidov reste connecté à lui. Mais pour ce soir, une chose est certaine : ils ont fait trembler le Centre Bell. Et ce n’est que le début.
À suivre ...