On pourra débattre longtemps des pires erreurs de repêchage de la dernière décennie, mais celle des Blue Jackets de Columbus en 2024 restera dans les livres d’histoire comme une catastrophe monumentale.
Pendant que le Canadien de Montréal savoure les exploits d’Ivan Demidov, meneur chez les recrues de la LNH avec 2 buts et 7 passes pour 9 points en 10 matchs, Columbus panse encore les plaies d’un choix désastreux : Cayden Lindstrom.
Ce n’est pas une exagération : le repêchage de 2024 a changé la trajectoire de deux franchises. Montréal a obtenu une vedette générationnelle, un joueur qui redéfinit déjà la vitesse, la vision et la créativité offensive du Tricolore. Columbus, lui, a hérité d’un mystère médical et d’un mirage médiatique.
Les Blue Jackets détenaient le quatrième choix au total. Tout indiquait qu’ils devaient choisir Ivan Demidov, un ailier russe explosif, le joueur le plus électrisant de sa cuvée après Macklin Celebrini.
Mais Don Waddell, influencé par son entourage et par une agence de joueurs qui a minimisé les risques médicaux, a préféré se tourner vers Cayden Lindstrom, un colosse de 6 pi 4 po au dos fragile. Une hernie discale camouflée. Une vérité cachée.
Le résultat est désastreux : Lindstrom a raté presque toute sa première année professionnelle.
À Medicine Hat, il n’a joué que quatre matchs en séries : 2 buts, 2 passes, avant que son équipe ne soit balayée.
Transféré ensuite à Michigan State University, il ne produit presque rien : 1 but, 1 passe en six matchs. Invisible. Lent. Méfiant. Encore diminué.
Le tout, pendant qu’en Russie, Demidov brûlait la KHL. Et à Montréal, il a pris d’assaut la LNH. Il est déjà le favori pour le trophée Calder avec Matthew Schaefer, surpassant même Macklin Celebrini en rythme de points si on compare à l'an dernier.
On parle d’un joueur de 19 ans capable de dominer des défenseurs de 30 ans.
Pendant ce temps, Lindstrom est en NCAA, essayant de retrouver la mobilité qu’il avait à 17 ans.
Don Waddell n’a pas seulement mal choisi : il a mal évalué.
Son erreur est triple.
D’abord, il a écouté les mauvaises personnes. L’agence de Lindstrom a présenté un rapport médical adouci, convainquant la direction que la blessure n’était « pas sérieuse ». Son hernie discale lui aura fait manquer la saison au complet.
Ensuite, il a sous-estimé l’environnement montréalais, croyant que le CH allait paniquer et passer son tour sur Demidov à cause du passeport russe. Enfin, il a surestimé le profil physique, oubliant que le hockey moderne appartient aux joueurs de vitesse et d’instinct.
Ce n’est pas seulement une erreur de choix, c’est une erreur de culture. Columbus a choisi le mensonge rassurant plutôt que la vérité dérangeante.
Et aujourd’hui, la franchise paie le prix : une vedette absente, une équipe toujours sans identité, et une base de partisans en furie.
Les médias locaux sont impitoyables. Le Columbus Dispatch parle d’une « erreur stratégique comparable à celle de passer sur Leon Draisaitl ».
Sur les ondes de 97.1 The Fan (Columbus), on réclame carrément la démission de Waddell.
Et comment les blâmer ?
Pendant ce temps à Montréal : le coup de maître
Kent Hughes, lui, ne dira jamais publiquement à quel point il s’est trouvé chanceux. Mais en privé, tout le monde dans l’entourage du Canadien le sait : il a volé Columbus.
Quand Demidov est tombé au cinquième rang, c’était comme voir Connor McDavid glisser d’une marche en 2015.
Le CH venait d’hériter d’un joueur unique, un joyau que la Russie elle-même compare déjà à Nikita Kucherov.
Demidov n’a pas mis de temps à prouver sa valeur.
Dès ses premiers matchs, il a transformé l’attaque du CH. Sa vision, son calme, sa manière d’attirer les défenseurs avant de libérer la rondelle ont révolutionné le jeu de Martin St-Louis.
Le Canadien n’a même pas eu besoin de tricher pour l’obtenir. Columbus s’est littéralement offert en sacrifice.
Pendant que Lindstrom découvre la NCAA, Demidov évolue au Centre Bell sous les acclamations. Il joue avec Caufield et Suzuki. Il est déjà une superstar.
Et à Columbus, le public doit se contenter de conférences de presse floues, d’excuses vagues, et de promesses creuses. Les Blue Jackets ont raté leur virage. Montréal, lui, a pris l’autoroute.
Le contraste est encore plus humiliant quand on regarde ailleurs.
Michael Hage, repêché 21e au total en 2024, est en feu avec l’Université du Michigan: 6 buts, 8 passes, 14 points en 8 matchs.
Imaginez à quel point le DG de Columbus est dans l'eau chaude. Il serait moins critiqué s'il avait sélectionné Hage (21e) à la place de Lindstrom (4e).
Don Waddell pourra toujours trouver l'excuse que l'agent du géant lui a menti, mais en tant que DG, tu dois t'arranger pour évaluer le joueur médicalement toi-même.
C’est ce qu’on appelle un joueur prêt pour la grande ligue. Contrairement à Lindstrom au moment où l'on se parle.
Pendant ce temps, Lindstrom patine au ralenti sur une glace universitaire, avec un dos encore fragile et un avenir incertain.
Columbus n’a pas seulement perdu un joueur.
Elle a perdu la confiance de sa base, la crédibilité de sa direction, et une chance historique d’avoir une vedette offensive pour la décennie.
Demidov est déjà une vedette confirmée.
Lindstrom est un dossier médical ambulant.
Montréal a trouvé son prochain joueur de franchise.
Columbus a trouvé un rappel douloureux de ce qu’est la peur du risque dans une ligue où seuls les audacieux gagnent.
Au fond, cette histoire est celle de deux hommes : Kent Hughes et Don Waddell.
L’un a cru au talent pur, même si le passeport dérangeait.
L’autre a cru à la taille et au mensonge médical.
Et aujourd’hui, les résultats parlent d’eux-mêmes :
Montréal rit. Columbus pleure. Et la LNH sait qu’en 2024, il y a eu un vol historique.
Un vol signé Kent Hughes.
