Ivan Demidov est déçu... de son coach...
Il ne l'avouera jamais, mais il rêverait sûrement de se retrouver en Californie ou à New York en ce moment.
Il y a des saisons où tout s’aligne : le talent, les minutes, les coéquipiers, le contexte, la confiance. Et il y a celles où un jeune joueur est forcé d’escalader une montagne avec des poids attachés aux chevilles.
Ivan Demidov, qu’on annonçait comme la prochaine grande merveille du Canadien et le favori naturel au trophée Calder avant même d’avoir mis un pied à Brossard, appartient malheureusement à la deuxième catégorie.
Et si la course au Calder lui glisse entre les doigts, ce n’est pas à cause de son talent, qui saute aux yeux à chaque touche de rondelle, mais à cause de Martin St-Louis, de son système asphyxiant, de son entêtement structurel et, surtout, de son incapacité à offrir à son joyau les conditions qu’un Beckett Sennecke ou qu'un Matthew Schaefer, eux, reçoivent chaque soir à Anaheim et New York.
La vérité est brutale, mais inévitable :
Martin St-Louis a volé le Calder à Ivan Demidov.
Pendant que Sennecke brille… Demidov doit fabriquer de la magie avec des plombiers.
Beckett Sennecke :
Évolue avec Mason McTavish et Cutter Gauthier, deux joueurs établis, deux machines offensives, deux piliers d’une équipe qui trône en tête de la division Pacifique ;
Joue dans un système offensif, fluide, où la créativité est valorisée ;
Rreçoit du temps de jeu premium, notamment dans les moments clés ;
Est propulsé par un entraîneur vétéran (Joel Quenneville) qui veut absolument le mettre en position de dominer.
Résultat : 26 points en 30 matchs, dont un but historique à 0,1 seconde de la fin du match contre Pittsburgh cette semaine, un but égalisateur en désavantage numérique inscrit dans des circonstances dignes d’un film.
Un moment qui fait le tour du hockey nord-américain et qui propulse sa candidature au Calder dans une autre stratosphère. (même si le favori demeure Schaefer au moment où l'on se parle).
Pendant ce temps, Ivan Demidov, qui possède probablement plus de talent pur que Sennecke, doit composer avec :
Olivier Kapanen, un centre responsable mais limité offensivement ;
Alexandre Texier, un joueur inspirant, mais qui demeure un attaquant de soutien ;
Un système défensif man-to-man qui étouffe la prise de décision et réduit les libertés créatives ;
Un temps de glace réduit pendant les premiers mois de la saison, malgré des performances dignes d’un jeune prodige ;
Des responsabilités défensives qu’aucun autre candidat au Calder (chez les attaquants) n’a à assumer.
Demidov doit gagner le Calder en portant un sac de sable, pendant que Sennecke patine librement.
La comparaison devient cruelle quand on regarde les chiffres
Sennecke : 26 points en 30 matchs, 10 buts, lignes offensives élites, usage généreux, plusieurs minutes par match avec McTavish et Gauthier.
Demidov : 23 points en 29 matchs, 6 buts, aucun partenaire élite, aucune minute avec Suzuki ou Caufield, usage irrégulier, temps de glace trop bas pour un joueur de ce calibre.
Ajoutons à cela Matthew Schaefer, le défenseur de 18 ans des Islanders qui joue 23 min 36 s par match. Même lui bénéficie d’un rôle colossal, taillé sur mesure par Patrick Roy.
Pendant que ces deux phénomènes sont propulsés vers le sommet, Demidov doit, chaque soir, monter une montagne que Sennecke contourne avec facilité.
Les partisans du Canadien le voient, le ressentent : Demidov n’a pas perdu la course au Calder. C’est Martin St-Louis qui l’a fait perdre pour lui.
Demidov, joueur d’instinct, d’improvisation, de rythme, se retrouve constamment dans un environnement où la peur de mal lire une rotation défensive pèse plus lourd que la liberté d’attaquer.
Le Canadien a attendu 29 matchs avant de lui offrir une soirée « à la hauteur de son talent » : 19 min 29 secondes.
Près de 20 minutes… enfin.
Mais pendant presque deux mois, il jouait comme un joueur secondaire, oscillant entre 13 et 15 minutes. (parfois 10 minutes)
À Anaheim, Sennecke reçoit déjà entre 17 et 19 minutes.
À New York, Schaefer joue souvent plus que 26 minutes.
Quand tu veux qu’un joueur gagne le Calder, tu lui donnes les minutes qui vont avec. St-Louis, lui, passait devant les caméras pour dire :
« Il me pousse à le faire jouer davantage… mais la vie est parfois injuste. »
Injuste, oui. Mais surtout injuste à cause de toi, Martin.
C’est simple : St-Louis n’a jamais mis Demidov en position de dominer.
Et quand un joueur n'est pas placé dans un rôle de star, il ne sera jamais traité comme tel lors des votes.
Le trophée Calder n’est pas donné au joueur le plus talentueux. Il est donné au joueur qui a livré la meilleure saison dans les meilleures conditions.
Et aujourd’hui :
Une vérité commence à circuler dans le marché montréalais, d’abord à voix basse, puis de plus en plus fort :
Le plus grand adversaire d’Ivan Demidov cette saison… joue derrière le banc du Canadien.
Et c’est une tragédie sportive que tout le monde voit. Sauf, peut-être, celui qui passe ses soirées à répéter :
« On ne changera pas le système. »
