Il y a parfois, dans le théâtre déjà complexe de la couverture du Canadien, des décisions qui semblent sortir de nulle part et qui déclenchent instantanément un incendie médiatique.
Ce mardi matin, au Centre Bell, l’organisation a posé un geste qui n’a pas simplement surpris les journalistes : elle les a irrités profondément.
Dans un marché où la transparence fait partie du protocole non écrit entre l’équipe et ceux qui la couvrent, ce qui s’est passé avec Kirby Dach a immédiatement soulevé les sourcils.
Car oui, Dach a recommencé à patiner.
Oui, il progresse.
Oui, son retour approche, après une absence qui dure depuis le 15 novembre.
Mais ce qui a embrasé la machine, ce n’est pas la nouvelle en soi : c’est le fait que le CH a interdit l’accès aux médias, pour une séance pourtant banale, typique, routinière dans la rééducation d’un joueur blessé.
Et Simon-Olivier Lorange l’a résumé mieux que personne :
« Kirby Dach patine avec une thérapeute depuis une quinzaine de minutes au Centre Bell. Pour une raison obscure, l’organisation a interdit aux représentants des médias d’accéder aux estrades pour assister à la séance individuelle, pourtant banale dans la rééducation d’un joueur. C’est bizarre. »
Bizarre, en effet.
Bizarre au point où plusieurs journalistes ont carrément parlé d’un « blackout », d’une décision incompréhensible, d’un mur improvisé entre l’équipe et ceux qui, chaque matin, tentent d’informer un public passionné au point d’en devenir maniaque.
Pourquoi cacher Kirby Dach? Pourquoi aujourd’hui? Pourquoi maintenant?
Le CH peut bien tenter d’éteindre le feu plus tard, mais les questions, elles, brûlent déjà.
Pourquoi empêcher les médias de voir Dach patiner?
Il n’y a que trois explications possibles :
1. Ils veulent le protéger psychologiquement.
Et on peut le comprendre : Dach transporte, depuis trois ans, un dossier médical plus lourd que celui d’un joueur de 35 ans. On veut éviter qu’un journaliste filme un faux pas, une grimace, un ralentissement. On veut le laisser respirer.
2. Il y a eu un petit recul… et on ne veut pas que ça se sache tout de suite.
C’est La crainte de tout le monde.
Un setback.
Un geste mal exécuté.
Une douleur qui revient.
Un test de mobilité qui ne passe pas.
Ce serait catastrophique pour lui.
Et encore plus catastrophique pour l’état d’esprit du groupe.
3. Le CH veut maîtriser l’image.
Une blessure de Dach, après tout ce qu’il a vécu, est un dossier ultrasensible. L’équipe ne veut peut-être pas qu’une vidéo imparfaite circule sur X ou TikTok, ouvrant la porte à mille interprétations toxiques.
Ce matin, dans les corridors du Centre Bell, la réaction n’était pas l’incompréhension. C’était la frustration pure et simple.
Un journaliste du beat ne l’a pas dit officiellement, mais tout le monde l’a compris :
« Si tu interdis l’accès, c’est que tu as peur de ce qu’on pourrait voir. »
On est à Montréal, pas à Las Vegas. On est dans un marché où le moindre petit détail sur un joueur blessé devient une mini-bombe.
Alors quand l’organisation bloque l’accès sans explication claire, ça crée automatiquement du bruit.
Et ce bruit, aujourd’hui, est assourdissant.
Parce qu’il n’y a rien de plus simple qu’une séance de patinage individuelle pour un joueur en réadaptation.
Ce n’est pas une mise en échec.
Ce n’est pas une évaluation médicale.
Ce n’est même pas un entraînement complet.
Alors pourquoi?
Pourquoi ce blackout?
Pourquoi cette opacité soudaine?
Pourquoi ce geste qui ressemble énormément à :
“On ne veut pas que vous voyiez quelque chose.”
Voici l'explication qu'on nous a donné, provenant de l'organisation du CH:
Normalement, les joueurs blessés patinent tôt le matin (entre 8h30 am et 9h30 am) . Les médias ont accès au Centre Bell à compter de 9h30 am.
L’entraînement de Kirby a commencé plus tard ce matin et il a dépassé 9h30 am de quelques minutes. Quand les blessés patinent à Brossard, les médias voient les joueurs patiner car il n’y a pas de limite d’accès. C’est un aréna public.
De quoi nous rassurer?
Dans toute cette tourmente, une réalité demeure : Dach patine. Il avance. Il veut revenir.
Et il jouait le meilleur hockey de sa vie avant de tomber contre les Bruins. La vraie crainte, c’est celle-ci :
Que la séance interdite soit liée à un recul.
Que le CH ne veuille pas exposer un problème.
Que la confiance retrouvée de Dach soit encore ébranlée.
Ou tout simplement une coïncidence/conflit d'horaire.
Disons qu'après trois années marquées par les opérations, la douleur et l’isolement, ce serait un désastre humain avant même d’être un désastre sportif s'il y a bel et bien un problème qu'on veut cacher.
Le CH avait peut-être une excellente raison.
Mais tant qu’elle ne sera pas expliquée officiellement, l’interdiction d’accès de ce matin va continuer à faire jaser et pas dans le sens que l’organisation souhaite.
Parce que dans un marché comme Montréal, la transparence n’est pas un cadeau.
C’est une nécessité... car le moindre détail peux faire exploser la tension médiatique.
