Guerre médiatique: RDS humilié sur la place publique

Guerre médiatique: RDS humilié sur la place publique

Par Nicolas Pérusse le 2025-07-22

Dixième. Pas premier. Pas dans le top 5. Dixième.

C’est la note qu’a reçue RDS dans le classement des meilleures diffusions de la LNH publié cette semaine par The Athletic.

Une gifle déguisée. Une note qui ne reflète pas l’amour du public pour Pierre Houde, ni le respect qu’on lui accorde dans toute la ligue.

Une note qui cache un malaise plus profond. Parce que si RDS glisse au 10e rang… ce n’est pas parce qu’ils ont perdu leur flair. C’est parce qu’on leur a volé le samedi soir.

Et que ce samedi-là, le plus sacré de tous, appartient à un réseau que The Athletic n’a même pas jugé digne de mention : TVA Sports.

Ironie violente. Même ignorée, TVA a réussi à faire du tort. Même effacée du classement, la chaîne de Pierre Karl Péladeau a freiné la montée de RDS.

Parce que dans l’esprit des fans, la qualité d’une diffusion, c’est d’abord une affaire de moment.

Ce n’est pas un match du mardi soir contre Columbus. C’est une soirée d’émotion, pleine d’intensité, un samedi où le CH affronte Boston, Toronto ou Tampa Bay.

Ces rendez-vous-là, RDS ne les a plus. C’est TVA qui les occupe et ils ne sont pas à la hauteur.

Ce qu’on oublie trop souvent, c’est que The Athletic n’a pas noté les chaînes : ils ont noté les expériences.

Et l’expérience du samedi soir, au Québec, c’est souvent celle de TVA Sports. Avec ses hésitations. Ses ratés. Son image floue. Sa tension en plateau. Ses analystes qui se cherchent. Et ses partisans qui soupirent.

Alors oui, Pierre Houde a été intronisé au Temple de la renommée. Oui, Marc Denis est solide, préparé, apprécié.

Mais qu’est-ce que ça change, si une partie du public ne les entend pas? S’ils sont condamnés aux soirs de semaine, pendant que le grand spectacle se joue ailleurs?

C’est ça qui fait mal.

RDS livre la marchandise. Mais TVA contrôle la scène. Et même en disparaissant du radar de The Athletic, ils réussissent à affecter l’image de leur concurrent. Ils monopolisent l’antenne… pour ne rien en faire.

Il y a quelques années, c’était un pari audacieux. Québecor voulait briser le monopole de Bell. Offrir une alternative. Créer un choc. Et pendant un temps, ça a marché.

Mais aujourd’hui, l’histoire tourne à la tragédie. TVA est un réseau en ruine. Son service sportif est sous respirateur. Et dans les sondages, il n’existe même plus.

Mais il nuit encore. C’est ça, le paradoxe et les fans le savent.

Il suffit d’écouter les conversations, de lire les commentaires.

Les partisans veulent que RDS récupère les séries. Ils veulent la voix de Pierre Houde dans les moments importants. Ils veulent vibrer, pas juste consommer. Ils veulent des phrases qui restent, pas des interventions tièdes. Ils veulent un samedi soir de qualité, pas une ambiance de télévision communautaire.

Mais ce n’est pas ce qu’ils reçoivent et ce n’est pas un détail.

Parce qu’ailleurs dans la ligue, cette qualité-là fait toute la différence.

Prenez Detroit, qui termine premier au classement. Une surprise pour certains, mais une récompense logique pour un marché qui vit chaque match comme une cérémonie. Seattle, deuxième. Utah, troisième. Trois voix solides, cohérentes, dynamiques. Trois expériences immersives.

Et pendant ce temps, Montréal se contente du dixième rang. Malgré son histoire. Sa passion. Son public. Tout ça, à cause d’un partage des droits qui empêche les meilleurs de briller aux meilleures heures.

Et puis, il y a Boston.

Bon derniers.

Même après le départ de Jack Edwards, l’annonceur le plus controversé de la ligue, les Bruins ne remontent pas.

Comme quoi, le problème allait bien au-delà d’une seule voix. Leur diffusion est froide, mal aimée. Déconnectée.

Et les fans du CH jubilent.

On les bat sur la glace. On les bat dans les classements. Et maintenant, on les bat même dans les salons. Voir Boston se faire humilier, même par les fans neutres, ça fait toujours un petit velours à Montréal.

Toronto?

Avant-dernier.

Comme d’habitude, pourrait-on dire. Leur diffusion est à l’image de leur équipe : correcte, sans plus. Sérieuse, mais sans magie. Lisse. Prévisible. Sans âme. Et surtout… sans chaleur.

Ce n’est pas un hasard si leurs partisans sont si bruyants sur les réseaux et si silencieux dans l’aréna. C’est le reflet d’une culture sans passion.

Et pendant que ces géants tombent, Montréal, elle, stagne.

Pas à cause de la passion. Ni du talent. Mais parce que la guerre de clochers entre géants médiatiques a tué l’élan.

Le CH mérite mieux.

Ses partisans aussi.

Et si The Athletic nous a appris une chose cette semaine, c’est que la voix compte. Le son compte. L’ambiance compte. Et tant que Pierre Houde ne sera pas là le samedi soir… on restera dixièmes.

Et dixième quand tu as eu des voix légendaires comme celle de René Lecavalier...

C'est tout simplement inacceptable...