Le timing est cruel.
À peine le Canadiens de Montréal a-t-il mis la main sur Phillip Danault que la réalité l’a rattrapé de plein fouet, samedi soir, à Pittsburgh. Jake Evans, justement le joueur dont le nom circulait avec insistance dans les discussions avec Los Angeles (le DG Ken Holland le voulait, mais Kent Hughes a refusé), a quitté le match contre les Penguins de Pittsburgh en première période, visiblement en grande douleur après un contact avec Justin Brazeau.
Touché au geniu, Evans n’est jamais revenu. Le CH a confirmé dès le début du deuxième engagement que sa soirée était terminée. Mauvais signe. Très mauvais signe.
Et comme si ce n’était pas suffisant, le contexte rend la situation encore plus explosive. Le Canadien est déjà pris à la gorge par les blessures, incapable de rappeler de l’aide du Rocket de Laval, coincé dans un autobus entre Cleveland et Montréal.
Selon Renaud Lavoie, la logistique est un casse-tête total. On pourrait rappeler Joshua Roy ou Laurent Dauphin, suspendus et disponibles à Laval, uniquement pour le match de demain.
Dans ce chaos, une question s’impose, et elle est légitime : pourquoi Phillip Danault n’est-il pas déjà avec l’équipe?
Pourquoi ne peut-il pas rejoindre le groupe dès Pittsburgh demain, alors qu’il n’a pas joué depuis trois matchs à Los Angeles, précisément parce qu’on le protégeait en vue d’une transaction?
Tout le monde savait qu’il s’en venait à Montréal. La transaction était écrite dans le ciel. Alors pourquoi attendre Boston, mardi?
Danault a été échangé tard vendredi soir. Il n’était pas avec l’équipe des Kings de Los Angeles, laissé à la maison volontairement par l’organisation californienne.
Le Canadien ne voulait pas le parachuter dans un match sans entraînement, sans système et sans répétitions. On veut qu’il arrive à Boston dans des conditions favorables, pas en pompier improvisé. Logique sur papier. Beaucoup moins quand ton centre numéro trois quitte le match suite à une blessure qui parait très mal à la télévision.
Pendant ce temps-là, à Los Angeles, Ken Holland savoure son opération. Le DG des Kings ne s’en cache pas : il est satisfait.
Lui qui espérait initialement un joueur actif, idéalement un centre comme Jake Evans, a fini par accepter un choix de deuxième ronde en 2026, le fameux choix acquis de Columbus, qui se projette présentement autour du 40e rang total.
Un choix loin d’être banal. Holland l’a dit sans détour : c’était la meilleure option sur la table. Il a même révélé avoir parlé directement à l'agent Allan Walsh, expliquant que Danault savait qu’on lui cherchait une nouvelle opportunité.
Le laisser voyager avec l’équipe n’avait aucun sens. S’il n’y avait pas eu d’échange, Danault aurait repris l’entraînement et joué dès lundi. Mais le divorce était devenu inévitable.
Holland a aussi été très clair sur le fond du dossier : le rôle de Danault avait changé, son utilisation avait chuté, sa production s’était effondrée. Zéro but, cinq passes, Noël qui approche.
« C’était difficile », a-t-il admis. Pour les Kings, tourner la page signifiait aussi se libérer d’un contrat de 5,5 millions $ jusqu’en 2027. Un détail loin d’être anodin.
À Montréal, on parle de leadership, d’expérience, de structure défensive. À Los Angeles, on parle surtout de flexibilité salariale retrouvée.
Et c’est là que la réalité frappe, de manière presque cruel. Les deux joueurs au cœur des rumeurs avec les Kings, Evans et Owen Beck, vivent des destins opposés… mais tout aussi brutaux.
Beck marque son premier but dans la LNH ce soir:
Evans se blesse sérieusement. Et pendant ce temps, Danault, celui qui devait combler un besoin précis, observe de loin, attendant Boston pour enfiler son chandail.
En l’espace de 48 heures, le Canadien a refusé de sacrifier Evans, a convaincu Los Angeles d’accepter un choix élevé plutôt que des joueurs, et se retrouve maintenant privé de lui par blessure, sans pouvoir compter immédiatement sur celui qu’on est allé chercher pour précisément ce genre de situation.
C’est déjà l’effet Danault à Montréal. Pas encore sur la glace, mais déjà au cœur de la tempête.
