Une réalité très frustrante s’est imposée dans les gradins de Brossard : Brendan Gallagher est toujours sur l’avantage numérique.
C’est la scène qui résume tout : à peine l’entraînement terminé, Ivan Demidov s’avance vers les médias, visiblement frustré. Pas enragé, pas dramatique, mais sec, déterminé, avec une lueur dans les yeux qui en disait long. Le message était clair, même s’il n’a jamais mentionné son nom : Brendan Gallagher n’a pas d’affaire là.
Hier, Demidov s’est entraîné sur la deuxième vague de l’avantage numérique, entouré de Patrik Laine, Kirby Dach, Noah Dobson… et Brendan Gallagher.
Oui, ce même Gallagher qui a ralenti toutes les montées, manqué une lecture facile sur une passe transversale, et qui n’a tout simplement pas la vision ni les mains pour faire circuler la rondelle efficacement dans une unité de ce calibre.
Pendant ce temps-là, Zachary Bolduc s’entraînait sur la première unité aux côtés de Nick Suzuki, Cole Caufield, Juraj Slafkovsky et Lane Hutson. Mais tout le monde le sait : Hutson, Suzuki et Caulfield sont assurés de faire partie de la première unité, reste deux sièges. Et Demidov veut l’un des deux. C’est évident. C’est criant. C’est inévitable.
La vision tactique de Martin St-Louis est admirable, mais ce que l’on a vu aujourd’hui tient du sabotage artistique : mettre Brendan Gallagher dans une unité avec Demidov et Laine, c’est comme placer un tracteur dans une Formule 1. Gallagher n’a ni la lecture, ni la patience, ni la créativité pour jouer à ce niveau.
Ce n’est pas une question de cœur ou de courage. Gallagher en a toujours eu. Mais ce n’est plus le joueur qu’il était. Le hockey a évolué. L’avantage numérique aussi.
Sans jamais le dire frontalement, Demidov a lancé une bombe calculée lors de sa disponibilité médiatique :
« Il y a du talent dans notre groupe, mais on doit trouver la chimie. »
Mais son vrai message:
« Je ne suis pas à ma place. Donnez-moi de vrais joueurs de hockey offensifs. »
La frustration se lisait sur son visage, dans son langage corporel. Il avait tout donné, comme toujours. Mais il s’est retrouvé à faire des passes dans le vide, à ralentir pour attendre Gallagher, à corriger des jeux brisés. C’est l’antithèse du hockey de Demidov.
Et pendant que la deuxième unité était à l’agonie, Zachary Bolduc trouvait sa place dans l’enclave de la première vague.
Utilisé en « bumper », il a évoqué son expérience à Saint-Louis, comparant son rôle à celui de Bo Horvat chez les Islanders. Et honnêtement? Ça fonctionnait. Bolduc a un tir lourd, précis, un bon flair, et surtout, il ne brise pas la fluidité du jeu.
S’il ne s’impose pas sur la première unité, il est la seule option crédible pour remplacer Gallagher sur la deuxième. Parce que Demidov mérite mieux. Et parce que l’équipe ne peut pas gaspiller un joyau russe pour des raisons politiques ou émotionnelles.
De son côté, Patrik Laine était concentré, discret, mais chirurgical dans ses touches de rondelle. On sent qu’il veut aussi cette place sur la première unité, mais il a accepté son rôle aujourd’hui. Il sait que son avenir à Montréal est encore fragile. Il n’a pas l’étiquette d’un intouchable. Mais au moins, il comprend le hockey moderne, lui.
Et surtout, il n’a pas ralenti Demidov. Il lui a même ouvert l’espace à quelques reprises, sans que les séquences ne se concrétisent… devinez pourquoi? Parce que Gallagher était toujours une demi-seconde en retard.
À un moment, Demidov a tenté une passe transversale parfaite vers Dobson. Gallagher a mal anticipé et a bloqué involontairement le tir de Dobson en coupant dans la ligne de feu. Dobson a levé les bras. Demidov a serré la mâchoire.
Ce regard noir, c’était le début d’une cassure.
Et Joshua Roy dans tout ça?
Il faut en parler. Dans les coulisses, la tension est évidente entre Gallagher et Joshua Roy, surtout depuis ce fameux coup d'épaule qui a coupé le nez au vétéran:
Roy se retrouve exclu de l’avantage numérique, des répétitions d’élite, pendant que Gallagher continue d’être parachuté dans des rôles clés. Ce favoritisme présumé, hérité d’une loyauté aveugle, provoque de la frustration. Chez Roy. Chez Demidov. Chez d’autres aussi.
Le coach a toujours défendu Gallagher. Il a souvent dit que le vétéran « donnait l’exemple » et « menait par l’effort ». Mais aujourd’hui, il n’a plus le luxe de l’affection.
L’équipe est trop talentueuse. Le temps des expérimentations est terminé. Le message de Demidov était limpide : il veut jouer avec Suzuki, Caulfield, Hutson.
Et il le mérite.
Il faut souligner une chose importante : les groupes d'entraînement sont encore séparés. Cela signifie que ces deux unités d'avantage numérique ont pratiqué séparément, sans véritable confrontation tactique. Rien n’est coulé dans le béton. Tout peut être remixé d’ici le début de la saison.
Mais le message de Demidov a déjà semé une graine. Et dans ce vestiaire bouillant, la roue tourne vite.
Ce n’est pas un jeune Russe timide qui veut « mériter » sa place tranquillement. Demidov veut maintenant. Il sait qu’il est bon. Il sait qu’il a un flair unique, une vision qui peut transformer l’avantage numérique du Canadien en arme destructrice.
Mais il a besoin d’alliés. Pas d’anciens soldats à bout de souffle.
Et si Martin St-Louis ne bouge pas, le vestiaire va imploser. Pas dans les cris. Pas dans les poings. Mais dans les regards. Ceux de Demidov. Ceux de Roy. Ceux de Laine.
Parce qu’à Montréal, l’avenir est en marche. Et Gallagher, malgré tout son cœur, appartient au passé.