Alex Newhook est en train de comprendre ce que ça veut dire être un joueur flou dans une organisation qui cherche de la clarté.
L’an dernier, quand Kirby Dach est tombé au combat, c’est lui qui a été propulsé au poste de deuxième centre.
C’est lui qui avait la lourde tâche de jouer avec Patrik Laine et d’alimenter des attaquants offensifs alors que lui-même tentait encore de comprendre qui il était dans cette ligue-là.
Et pourtant, aujourd’hui, plus personne ne le considère comme une option viable.
Le Canadien cherche un deuxième centre. Tout le monde le dit. Les journalistes le répètent. Kent Hughes l’a admis en point de presse.
Même les fans crient au ciel pour qu’on trouve quelqu’un pour compléter Bolduc et Demidov.
Et Newhook, dans tout ça? Il doit se demander : « J’ai été si mauvais que ça? »
Depuis la fin de la saison, Martin St-Louis ne mentionne presque plus le nom d’Alex Newhook.
Pas une fois dans ses réponses sur les centres potentiels. Comme si, inconsciemment, l’entraîneur-chef avait tourné la page.
Un silence qui pèse lourd pour un joueur censé faire partie du « noyau jeune ».
Il ne faut pas oublier que Kent Hughes a payé cher pour aller le chercher. Un choix de premier et deuxième tour pour acquérir un ancien premier choix (16e au total en 2019) de l’Avalanche du Colorado.
Un pari assumé. Un geste qui, sur le coup, témoignait d’une grande confiance. Cette confiance-là, elle est où aujourd’hui?
Car au fond, c’est quoi Alex Newhook?
En 82 parties l’an dernier, 15 buts, 11 passes, 26 points.
Ce sont des chiffres corrects. Ce sont aussi exactement les chiffres d’un bon joueur de soutien.
La saison précédente? 55 matchs, 34 points. Avant ça, au Colorado? 82 parties, 30 points.
La constance est là, oui, mais pas celle qu’on veut pour un centre top 6. Il vise les 30 points, année après année.
C’est un gars de 3e trio.
Et ce n’est même pas un vrai centre. On ne lui fait pas confiance pour gagner des mises au jeu clés.
Il ne tue pas de punitions. Il n’a pas l’instinct défensif qu’on demande à un gars de cette position. Il est là, parfois, pour dépanner.
Pour patcher une ligne. Pour sauter sur un avantage numérique si quelqu’un d’autre est blessé. Mais soyons francs : ce n’est pas un finisher.
Oui, il est rapide. Oui, il met de la pression. Mais dans la LNH 2025, on demande plus que ça.
Du flair offensif, de la robustesse, une vision. Newhook patine bien, mais tourne en rond dans un système où il faut mordre.
C’est ce qui rend sa situation encore plus inconfortable.
Parce qu’en ce moment, il ne semble pas avoir de chaise fixe. Il n’est pas assez bon pour jouer dans le top 6. Et dans le bottom 6, on a déjà des gars qui peuvent tuer des punitions, jouer physique, bloquer des tirs.
Lui, dans tout ça, n’excelle dans aucune facette précise du jeu. Il est là, mais pour combien de temps?
Dans le vestiaire, Newhook n’est pas un fantôme. Certains le décrivent comme un gars apprécié, travaillant, toujours le premier à sauter sur la glace à l’entraînement.
Mais le hockey est cruel : la popularité ne compte pas dans l’alignement.
C’est ça le vrai problème avec Alex Newhook : il n’a pas d’identité claire.
Ce n’est pas un centre défensif fiable. Ce n’est pas un franc-tireur redouté.
Ce n’est pas un fabricant de jeu élite.
Ce n’est même pas un joueur d’énergie typique.
Il est quelque part entre tout ça, dans une zone floue où il ne se spécialise en rien. Et dans une ligue où chaque joueur doit remplir un rôle bien précis, l’ambiguïté est une condamnation à mort.
Il va devoir travailler à devenir irremplaçable. Et attention : des gars comme Sean Farrell ou Owen Beck n’attendront pas leur tour éternellement. Un bon camp d’un jeune peut suffire à envoyer Newhook dans les gradins.
Et ce qui est encore plus dérangeant pour lui, c’est que même la direction semble avoir abandonné l’idée de lui confier de plus grandes responsabilités.
Quand Hughes parle de trouver un deuxième centre ailleurs dans la ligue, ça envoie un message très clair. On ne croit pas que la solution est déjà dans le vestiaire.
Et si on ne croit pas en toi dans ton propre vestiaire, tu es en sursis.
Il lui reste deux ans à son contrat. Il a 24 ans.
Il coûte 2,9 millions par année. Un chiffre raisonnable dans le cap actuel, mais un chiffre qui commence à paraître cher si le gars devient invisible.
En juillet 2027, il sera agent libre avec restriction. Est-ce qu’il aura convaincu d’ici là? Ou est-ce qu’il deviendra un autre Christian Dvorak, échangé à rabais dans une équipe qui a besoin d’un peu de vitesse sur un 3e trio?
La vérité, c’est qu’Alex Newhook est à la croisée des chemins.
Soit il réussit à se réinventer et à se tailler un rôle clair, soit il va tranquillement glisser hors de l’équation. Et dans cette ligue, quand tu commences à glisser, il n’y a pas grand monde qui te tend la main.
Le CH a investi en lui. Le CH voulait croire en lui. Mais le CH a aussi des objectifs. Et ces objectifs-là ne laissent pas beaucoup de place aux demi-mesures.
À force de ne jamais être nommé, Alex Newhook est peut-être déjà en train de recevoir un message codé de la direction : « Réinvente-toi, ou tu deviendras invisible. »
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