Frissons à New York: le message de Patrick Roy à Jonathan Drouin

Frissons à New York: le message de Patrick Roy à Jonathan Drouin

Par David Garel le 2025-07-01

Enfin, une bonne nouvelle pour Jonathan Drouin.

On voulait prendre un moment pour dire merci aux Islanders de New York. 

Pour dire bravo. Pour souligner à quel point cette signature, deux ans, 4 millions de dollars par saison pour Jonathan Drouin, est, au fond, une victoire humaine autant que sportive.

Bravo à Jonathan Drouin. Pour avoir tenu bon. Pour avoir choisi la paix au lieu de la panique. Pour avoir trouvé la force de tourner la page sur une trahison douloureuse. Pour avoir, encore une fois, misé sur lui-même.

Bravo à Patrick Roy et Mathieu Darche! Deux hommes qui connaissent trop bien le hockey québécois pour l’abandonner à ses fantômes.

Deux bâtisseurs qui, au lieu de suivre le mouvement, ont vu l’humain derrière le joueur. Deux dirigeants qui méritent chaque once de crédit aujourd’hui.

Ce n’est pas juste un contrat. C’est un retour à la dignité. Une revanche silencieuse. Une réponse calme à un tumulte intérieur qui a trop duré.

Car à force de trop miser sur la loyauté, Drouin s’est retrouvé seul, floué, et vulnérable.

Mais au bout du tunnel, Patrick Roy l’attendait. Une main tendue, un projet humain, un pacte de reconstruction.

Deux ans, quatre millions de dollars par saison. Une somme loin des 20 millions qu’il aurait pu empocher s’il avait accepté, l’été dernier, les offres de quatre ans déposées par plusieurs équipes après sa saison-renaissance à Denver.

Mais Jonathan Drouin avait dit non. Il voulait rester au Colorado, jouer aux côtés de Nathan MacKinnon, protéger sa paix mentale, et retrouver du plaisir à jouer au hockey. Il voulait la stabilité. Il voulait la loyauté.

Il a eu la trahison.

Drouin avait tout misé sur les Rocheuses. En 2023, il avait accepté un premier contrat à 825 000 $ pour relancer sa carrière, dans l’anonymat.

Loin des projecteurs montréalais, loin du stress, loin de la pression d’un marché qui l’avait transformé en cible humaine. À Denver, il a retrouvé son sourire. Il a retrouvé son ami MacKinnon. Il a retrouvé son hockey.

Résultat : une saison de 56 points, une nomination au trophée Bill Masterton, une place sur le premier trio, et des flashes de magie offensive comme à ses plus belles années. Le pari semblait gagné.

L’été suivant, on lui propose plusieurs contrats à long terme sur le marché des agents libres. On parle de 4 ans, 5 millions par saison.

Des chiffres qui auraient sécurisé son avenir, sa famille, sa santé mentale. Mais Drouin refuse. Encore une fois, il mise sur son lien d’amitié avec MacKinnon. Il signe à rabais : un an, 2,5 millions.

Et cette fois, il perd.

Tout allait bien. Jusqu’aux séries. Jusqu’à cette série face aux Stars de Dallas. En sept matchs : zéro but, trois passes, un impact quasi nul.

Du jour au lendemain, on l’enlève du premier trio. On l’écarte de la première unité d’avantage numérique. Il termine la série avec Joel Kiviranta et Charlie Coyle. Invisible. Éteint. Abandonné.

Sur le banc, les caméras l’ont capté à plusieurs reprises. Regard vide. Corps immobile. Comme absent. Comme si toute la confiance accumulée s’était évaporée d’un seul coup.

Une scène brutale pour un joueur qu’on avait associé à une résurrection. Et une claque cruelle pour celui qui avait misé sur l’organisation.

Pendant ce temps, les médias du Colorado spéculent. Et certains osent même dire que c’est pour garder de la place sous le plafond salarial pour Drouin qu’on a laissé partir Mikko Rantanen. Une théorie cruelle… et fausse. Mais elle circule.

Et elle brise quelque chose.

Drouin n’a jamais caché à quel point le Colorado avait été un refuge. Après les tourments montréalais, les blessures, les problèmes d’anxiété, les rumeurs sordides sur sa vie privée, il avait trouvé la paix à Denver. Il l’a dit. Répété. Adoré.

C’est même Nathan MacKinnon qui avait personnellement convaincu le DG de le signer. MacKinnon qui jouait les agents libres, qui avait vendu son ami à la direction, qui croyait en lui comme à Halifax, dans les années juniors.

Mais à la fin, cette “famille professionnelle” l’a laissé tomber.

Et dans le silence, c’est Patrick Roy qui l’a entendu.

On l’avait dit ici en primeur : les Islanders allaient foncer sur Drouin. Patrick Roy connaît la psychologie des joueurs québécois. Il connaît la pression des marchés malades. Il sait ce que c’est de perdre pied. Et il savait que Drouin n’avait pas besoin de millions, mais d’une structure. D’un coach qui croit en lui. D’un vestiaire stable. D’un plan clair.

Avec Mathieu Darche, Roy a bâti un projet à Long Island qui attire. Un club avec une base défensive solide, mais qui manque cruellement de créativité en zone offensive.

Un top 6 qui a besoin d’un joueur capable de transporter la rondelle, de faire des jeux. Un avantage numérique anémique, qui peut bénéficier de la vision de Drouin.

Un contrat juste. Un contrat de confiance. De rédemption.

La publication de son agent sur les réseaux sociaux, confirmant que Drouin testerait le marché des agents libres, a provoqué une tempête de commentaires québécois.

Des centaines de partisans du CH l’imploraient de revenir.

“Viens jouer avec Demidov!” “Viens finir ce que t’as commencé!” “On te pardonne!”

Mais tout ça, c’était trop tard.

Le nom de Martin St-Louis continue de hanter cette histoire. On se rappelle : en mars 2023, St-Louis avait humilié Drouin en le laissant sur le banc pendant un match complet… pour quelques minutes de retard à un meeting d’équipe. Une punition publique, inhumaine, qui avait fait basculer leur relation à jamais.

Revenir à Montréal? Jamais. Trop de fantômes. Trop de douleurs. Trop de silences.

Et les autres équipes?

Columbus avait longtemps été favori. Sean Monahan poussait. La paix, le rôle, l’environnement familial : tout y était.

Chicago voulait l’associer à Connor Bedard. Les Rangers étaient intéressés… mais trop bruyants, trop médiatisés.

Et même Edmonton, en manque grave d’ailiers de talent, avait appelé.

Mais au final, Jonathan Drouin n’avait pas besoin d’un marché chaud. Il avait besoin d’un coach. Il avait besoin de Patrick Roy.

Et aujourd’hui, à 30 ans, il retrouve enfin une bouée. Une direction.

Deux ans. Quatre millions par année. Un nouveau départ avec deux anges-gardiens québécois, Patrick et Mathieu.

Jonathan Drouin a (re)trouvé son équipe. Nous en avons des frissons dans le dos.