La réponse de Martin St-Louis aujourd'hui a a rendu les journalistes mal à l'aise... et les partisans en colère...
Surtout après la défaite de mardi soir contre les Kings de Los Angeles, ou plutôt... les boeufs de l'Ouest.
Et encore plus avant d'affronter les Stars de Dallas, une autre équipe robuste, grosse et intimidante.
Les médias voulaient savoir si le coach trouvait son équipe "assez grosse" pour affronter les équipes plus physiques.
Officiellement, St-Louis a répondu en parlant du jeu collectif du Canadien, du besoin d’ajuster la vitesse et le rythme face aux clubs plus costauds de l’Ouest.
Officieusement, ses propos sonnaient comme une flèche directe en direction d’un jeune homme qui regarde les matchs du Rocket de Laval avec une frustration grandissante : Florian Xhekaj.
Devant les journalistes, le coach du CH a tenu à remettre les pendules à l’heure :
« Ce n’est pas juste : "ah, parce qu’ils sont gros, il faut être gros" », a-t-il tranché.
C’était une façon polie de dire à tous ceux qui réclament plus de robustesse, et à ceux qui voudraient voir Florian Xhekaj remplacer Joe Veleno sur le quatrième trio, que le Canadien ne construira pas son équipe autour de la force des poings.
Pour St-Louis, la solution passe par le patin, pas par les poings :
« Tu dois être un peu plus vite sur l’échec avant. Tu dois arriver plus de bonne heure. Si tu arrives à l’heure, tu vas “dealer“ avec le jeu physique. »
Selon St-Louis, pas besoin d’un bagarreur de plus, il faut des gars qui patinent et qui anticipent. Et pour un jeune comme Florian, qui peine à retrouver le rythme et la constance qui l’avaient fait briller l’an dernier à Laval (24 buts, dont seulement quatre en avantage numérique), ce message va droit au but.
Pascal Vincent, son entraîneur, l’avait déjà admis :
« On est en train de recalibrer Florian Xhekaj. »
Mais à entendre St-Louis, ce recalibrage devra aller encore plus loin. Le coach veut des joueurs capables de penser le jeu, pas juste de le bousculer.
Or, Xhekaj n’a qu’un but et trois points en 13 matchs à Laval, et il s’enlise sur un quatrième trio sans grande identité. Sa mission était de redevenir un joueur d’impact physique intelligent, pas un marqueur frustré.
Le problème, c’est que pendant que St-Louis glorifie la vitesse, le public, lui, réclame de la viande. Le nom de Florian Xhekaj revient à chaque fois qu’on parle du manque de robustesse du CH, et son absence du grand club alimente la grogne.
Mais les mots de l’entraîneur ne laissent plus place au doute : Montréal ne veut pas être une équipe lourde, elle veut être une équipe rapide.
Et pour Florian, c’est tout sauf de la musique à ses oreilles. Parce que tant que St-Louis pensera ainsi, le téléphone ne sonnera pas.
Depuis deux ans, un refrain revient constamment dans les coulisses de la LNH : le coach du CH “déprogramme’’ les joueurs robustes.
Ses partisans appellent ça « moderniser le jeu ». Ses détracteurs disent qu’il « enlève l’instinct naturel » aux gars qui frappent, dérangent, provoquent et imposent leur présence physique.
Florian peut en parler à Arber, qui a été découvert parce qu’il jouait avec violence... et surtout avec instinct. Il était le « Shérif », celui qui frappait, qui intimidait, qui annonçait sa présence avant même que la rondelle tombe. Puis, tranquillement, sous St-Louis, tout s’est mis à changer :
Moins de liberté, punition (le banc ou les gradins) à la moindre pénalité, la peur de crainte de commettre l’erreur qui te ramène dans la niche du coach.
Au lieu d'évoluer, il s’est mis à hésiter, à jouer dans sa tête, à douter. Et quand un joueur de ce style doute, il devient méconnaissable.
Beaucoup l’ont crié dans les médias :
Arber Xhekaj n’est plus lui-même. Surtout, il ne fait plus peur à personne. Pas pour rien qu'il s'est fait corriger par Nicolas Deslauriers. À force d'avoir peur de se battre, tu te fais démolir par les plus grands bagarreurs.
Arber est devenu un défenseur qui joue pour ne pas se faire chicaner, plutôt qu’un défenseur qui impose le respect.
Espérons que Martin St-Louis et Pascal Vincent ne fassent pas la même erreur avec Florian Xhekaj.
Florian était au bprd de la LNH parce qu'il dérangeait, marquait des buts “moches”, frappait, tenait son bout, et se comportait comme un attaquant de 6’4 qui dérange tout ce qu’il touche.
Et là, on lui demande l’inverse : ralentir, analyser, jouer safe, jouer “propre”.
Quand St-Louis refuse d’admettre que le CH manque de robustesse, alors que 90 % des fans veut rappeler Florian, le message ne pourrait pas être plus clair.
Les Xhekaj ne cadrent pas naturellement avec son modèle de hockey.
Si Florian ne change pas, il ne sera jamais rappelé.
Si Arber ne retrouve pas son identité, il devient inutile. Mais il veut tellement plaire à son coach pour ne pas retourner dans sa niche, qu'il se couche et devient l'homme fort le plus "mou" de la LNH.
La vérité? Si St-Louis ne change pas son approche, il pourrait bien être le coach qui mettra fin à l’ère Xhekaj… une phrase qu’aucun partisan n’aurait cru possible il y a 18 mois.
