Le cauchemar de Florian Xhekaj est arrivé: réveillé en pleine nuit… pour apprendre que ce n’était pas lui...
Dans une chambre d’hôtel, à Hartford, dans un silence froid, coupé seulement par la sonnerie du téléphone qui l’a tiré du sommeil.
Il dormait avec son cochambreur Jared Davidson.
Les deux s’étaient couchés tôt : Laval jouait le lendemain.
Ils n’attendaient aucun appel.
Mais quand le téléphone a sonné, puis une deuxième fois, puis une troisième, le cœur de Florian s’est serré.
Parce que tous les joueurs des mineures le savent :
Les appels de nuit, c’est Montréal.
Les appels de nuit, c’est un rappel.
Les appels de nuit, c’est le rêve qui frappe à la porte.
Florian a eu le réflexe de croire que c’était pour lui.
Comment ne pas le croire?
Il avait fait un excellent camp.
Il avait été l’un des derniers retranchés.
Le CH venait de perdre Newhook.
Le CH se faisait brasser comme une petite équipe de pee-wee.
Il devait y croire.
Il voulait y croire.
Mais le choc est tombé comme une claque au visage :
Ce n’était pas lui. Ce n'était pas son téléphone.
C’était Jared Davidson.
Le meilleur buteur du Rocket (9 buts), calme, encore étourdi par le réveil brutal, a composé le numéro de Pascal Vincent.
Et Vincent lui a dit la phrase que Florian rêve d’entendre depuis deux ans :
« Tu t’en vas en haut. Tu joues samedi. »
Florian a entendu.
Florian était là.
Dans la même chambre.
À deux mètres.
C’est probablement l’un des moments les plus cruels de toute son jeune carrière professionnelle.
Parce que le rappel de Davidson, c’est aussi la non-alarme pour lui.
Lui qui, depuis trois semaines, vit le plus dur passage de sa carrière :
Un seul but en 10 matchs,
Condamné au 4e trio,
Recalibré par Pascal Vincent qui veut en faire un plombier prêt pour la LNH et non un marqueur (Xhekaj a marqué 24 buts la saison dernière et se croyait un joueur offensif).
Rétrogradé dans la hiérarchie,
Et là, bang,
Le gars qui dormait à côté de lui reçoit le rêve qu’il croyait peut-être, secrètement, pour lui.
Ça fait mal.
Il faut se souvenir où il était il y a un mois. Les médias pensaient qu'il allait percer l'alignement.
Mais surtout, il croyait dur comme fer qu’il méritait sa chance.
Il l’a dit avant le camp :
« Je veux faire partie du Canadien de Montréal cette année. C’est pour ça que je suis ici. »
Cette phrase-là a fait sourciller plusieurs personnes dans l’organisation.
Parce qu’elle trahissait une forme d’arrogance, une certitude un peu naïve que la LNH allait lui ouvrir la porte parce qu’il frappe, parce qu’il est gros, parce qu’il a un nom.
Mais Martin St-Louis a répondu à distance, à sa manière, sans le nommer, mais en visant clairement un certain profil.
« Ce n’est pas juste : “parce qu’ils sont gros, il faut être gros. Tu dois être plus vite. Tu dois arriver plus tôt. »
Un message clair au cadet des Xhekaj Lla robustesse, seule, ne te fera pas entrer dans mon club.
Et c’est exactement ce que Florian vit maintenant.
Le rappel de Davidson n’est pas un hasard.
C’est un message.
Un message à deux volets :
1) Le CH récompense le mérite.
2) Le CH pénalise ceux qui pensent être arrivé trop vite.
Martin St-Louis l'a dit :
« Rien n'a été donné à Davidson. Il a bâti sa game et il a fait monter sa valeur chaque année. C’est un beau moment pour lui. Il l’a mérité. »
Ce n’est pas qu’il soit meilleur que Florian physiquement, il est juste plus complet.
Plus responsable, fiable, intense, constant, discipliné, aligné avec le style St-Louis.
Et surtout :
il n’a jamais pris pour acquis un rappel dans la LNH.
Florian, lui, a été “recalibré”.
Ce mot-là est lourd.
Pascal Vincent l’a dit parce qu’il voulait être honnête.
Mais pour un joueur, entendre ça, c’est l’équivalent d’une lumière rouge au tableau de bord.
Ça signifie :
Tu t’es perdu.
On doit te reconstruire.
Et tant que tu ne changes pas, tu ne vas nulle part.
Et la cruauté suprême: Florian partage une chambre avec l’homme qui lui prend sa place
Davidson joue au Centre Bell samedi avec Gallagher et Veleno.
Il saute la file avant Xhekaj et Owen Beck, qui avaient été retranchés bien après lui.
« Ils ont tous eu un bon camp, a affirmé Davidson. Le moment où on est renvoyé à la maison, ça ne veut pas dire grand-chose. J’ai voulu construire avec ce que j’avais. Je ne me soucie pas beaucoup de ça. »
La réalité frappe très fort.
Martin St-Louis a envoyé un message encore plus direct : “Je veux de la fiabilité, pas juste de la force”
Florian n’était même pas considéré.
Pourquoi?
Parce qu’en ce moment, St-Louis veut des joueurs qui jouent correctement sans la rondelle.
Davidson le fait.
Florian ne le fait pas assez pour lui.
Quand St-Louis dit :
« Le but ultime, c’est d’avoir des lignes responsables. »
Il ne dit pas “gros”.
Il ne dit pas “robustes”.
Il dit responsables.
Bienvenue dans le royaume de Martin St-Louis...
