Pierre-Karl Péladeau, président et chef de la direction de Québecor, a une fois de plus fait entendre sa voix forte et déterminée lors de l'assemblée annuelle des actionnaires de l'entreprise.
Dans son discours, il a soulevé des préoccupations majeures concernant la concurrence dans le domaine des télécommunications et la situation des médias, en particulier la place de Radio-Canada dans le paysage médiatique canadien.
Le débat a été ravivé lorsque Péladeau a vertement critiqué le soutien financier accordé à Radio-Canada, déplorant les 42 millions de dollars alloués à la société publique, tandis que des acteurs privés comme TVA et TVA Sports se battent pour leur survie financière.
« La situation demeure critique, considérant la baisse des revenus publicitaires qui affecte l’ensemble de l’industrie des médias. Il est insensé que CBC Radio-Canada a reçu récemment 42 millions en compensation pour la perte de revenus publicitaires ». (crédit: la Presse)
Pour lui, cette disparité de traitement est tout simplement inacceptable. Il semble voir dans ces soutiens une préférence injuste et une distorsion de la concurrence qui, selon lui, affecte sérieusement l'industrie des médias privés.
En ce qui concerne le secteur des médias, Péladeau a souligné la pression économique écrasante pesant sur TVA, illustrée par la récente réduction de 600 postes.
Il a mis en lumière la baisse des revenus publicitaires qui touche l'ensemble de l'industrie médiatique, tout en pointant du doigt le soutien financier accordé à Radio-Canada. Cette situation, selon lui, crée une concurrence déloyale et met en péril la viabilité des médias privés.
Les résultats financiers de Québecor ont été présentés avec fierté par Péladeau, notamment grâce à la croissance du secteur des télécommunications, qui représente un pilier essentiel de l'entreprise. Cependant, les défis persistent dans le secteur des médias, soulignant la nécessité d'une action urgente pour assurer leur survie dans un paysage médiatique en évolution constante.
Le discours enflammé de Pierre-Karl Péladeau révèle les tensions profondes qui persistent dans les domaines des télécommunications et des médias au Canada.
Ses critiques virulentes à l'égard de Radio-Canada et des gouvernements révèlent une volonté farouche de défendre les intérêts de TVA et de l'industrie des médias privés dans un environnement concurrentiel difficile.
La tension autour de Radio-Canada atteint des sommets alors que les rumeurs enflent à la Chambre des communes, laissant entendre que le gouvernement conservateur envisage sérieusement de fermer la société publique une fois au pouvoir en 2025.
Cette atmosphère chargée de spéculation politique offre à Pierre-Karl Péladeau une tribune idéale pour renforcer ses arguments contre le financement de Radio-Canada et promouvoir les intérêts de Québecor.
La députée conservatrice Rachael Thomas, porte-parole de son parti en matière de Patrimoine canadien, a été prise dans le feu des projecteurs lorsqu'elle a refusé de répondre à une question cruciale sur l'avenir de Radio-Canada.
La Presse, sous la plume de Mélanie Marquis, décrit la scène malaisante:
« Pensez-vous que Radio-Canada devrait rester ouverte ? », demande une reporter à Rachael Thomas.
La députée, qui est porte-parole de son parti en matière de Patrimoine canadien, répond avec un silence, le regard fixe.
« Vous ne voulez pas répondre ? »
Re-silence. Re-regard fixe.
« Désolée… pourquoi ne voulez-vous pas répondre à la question ? Est-ce parce que vous pensez que [Radio-Canada] devrait fermer aussi ? Votre chef a dit qu’il souhaitait qu’elle reste ouverte », persiste la journaliste.
C’est à ce moment que la députée choisit de rompre le silence d’environ 18 secondes.
« Je suis derrière mon chef », lâche-t-elle. (crédit: Mélanie Marquis, la Presse)
Son mutisme a été interprété comme un signe révélateur de la position des conservateurs sur la question, et les commentaires de Pierre Poilievre, chef du parti, n'ont fait qu'attiser les flammes de la controverse.
Les déclarations de Poilievre, affirmant que les conservateurs protégeront Radio-Canada tout en définançant la CBC, ont été accueillies avec scepticisme par leurs adversaires politiques.
Justin Trudeau a rapidement saisi l'occasion de tourner en dérision cette position, soulignant l'ironie de la promesse conservatrice de défendre Radio-Canada alors même que leurs actions passées suggèrent le contraire.
Pendant ce temps, Catherine Tait, PDG de CBC/Radio-Canada, se retrouve dans l'eau chaude, confrontée à une avalanche de questions sur l'avenir de la société d'État. Les députés conservateurs l'ont talonnée sur divers sujets, y compris les primes des dirigeants, dans un climat tendu de confrontation politique.
Dans cette tourmente politique, Péladeau se positionne comme un défenseur résolu des médias privés et un critique cinglant du soutien financier accordé à Radio-Canada.
Il exploite habilement les débats à Ottawa pour renforcer son argumentaire et mobiliser l'opinion publique en faveur de ses intérêts économiques et médiatiques.
Pierre-Karl Péladeau veut la fermeture de Radio-Canada. Et son plan est en train de marcher à merveille.