Facture de 9 millions pour Juraj Slafkovsky : un drôle de parfum flotte dans l’air

Facture de 9 millions pour Juraj Slafkovsky : un drôle de parfum flotte dans l’air

Par André Soueidan le 2025-08-15

Juraj Slafkovsky ne pourra plus se cacher derrière l’excuse du développement.

Fini les “il est jeune”, “il a besoin de temps”, “laissons-le grandir”.

À partir de cette saison, monsieur touche officiellement un chèque qui ferait rougir un vétéran établi : 7 millions en bonus, 3 millions en salaire de base.

Dix millions dans ses poches pour 2025-2026.

Premier versement du gros contrat signé il y a un an… et la facture, elle, arrive avec une pression qui sent fort.

Parce que 10 millions, dans la LNH, c’est l’argent des joueurs qui font gagner des matchs.

C’est la paye des gars qui ne se contentent pas de bons mois par-ci, par-là, mais qui bombardent la feuille de pointage comme un métronome.

Et là, désolé pour les fans trop sensibles : Slafkovsky, jusqu’à maintenant, c’est un joueur de séquences.

Deux semaines, il a l’air d’un tank impossible à arrêter. Les deux suivantes, on se demande s’il est resté dans l’autobus.

En carrière? Jamais plus que 20 buts. Jamais plus que 51 points.

C’est sa marque personnelle, atteinte l’an dernier… d’un petit point au-dessus de sa saison précédente.

Oui, c’est bien pour un gars de 21 ans. Mais pas pour un gars qui encaisse un billet de 10 millions cette année. Pas pour un joueur payé comme certains des vrais piliers offensifs de la ligue.

Quand tu prends le chèque, tu prends le standard.

Et le standard, pour ce prix-là, c’est un minimum de 60 points. Pas un 60 “dans une bonne année” ... un 60 constant, répété, avec la menace d’en mettre 70 si tout clique.

On n’est pas encore là. Et Kent Hughes, lui, le sait.

Souvenez-vous : l’an passé, en plein cœur de saison, Hughes avait dû sortir de sa réserve pour le fouetter publiquement.

Un geste rare pour ce DG plutôt mesuré devant les caméras. Mais quand t’as investi sur un joueur censé être ta vitrine, t’as pas le luxe d’attendre trois ans que la lumière s’allume.

Et ce n’est pas juste une question de points. Slafkovsky a la carrure pour dominer physiquement, il l’a prouvé par éclairs.

194 mises en échec l’an dernier, ça, c’est du solide. Mais encore faut-il que ça serve à ouvrir la glace, à créer des occasions et à faire payer l’adversaire sur le tableau indicateur. Pas juste sur l’infirmerie.

Quand on regarde la liste des joueurs qui brassent 10 millions par année dans la LNH, on comprend vite que Slafkovsky n’a plus le droit à l’erreur.

Jack Eichel, Brayden Point, William Nylander… ces gars-là ne se contentent pas de “bonnes séquences”, ils livrent chaque soir.

Ils accumulent les points, portent leur équipe sur leur dos et, surtout, ils produisent quand ça compte.

À ce prix-là, personne ne te félicite pour un beau mois de janvier : on s’attend à ce que tu sois dominant en octobre, en février, en avril… et même en séries.

Slafkovsky, lui, n’a pas encore joué un seul match éliminatoire en carrière.

Son contrat, pourtant, le place déjà dans la conversation avec des joueurs qui ont des bagues de Coupe Stanley au doigt et des saisons à 80 points.

Ça, ça met un poids énorme sur ses épaules ... et ça lui laisse très peu de marge de manœuvre avant que les critiques sortent les torches.

Ces gars-là, ils font entre 70 et 100 points comme on respire.

Si Slafkovsky veut être dans cette conversation ... et justifier chaque cent de ce contrat ... il doit cesser de jouer au yo-yo.

Le plus ironique? Slafkovsky va probablement commencer l’année sur le premier trio avec Suzuki, possiblement avec Caufield à l’aile droite.

Bref, toutes les conditions pour produire. Les minutes, les partenaires, le power play… tout est là. Mais tout ça devient inutile si le moteur n’embarque pas.

Et c’est là que ça devient fascinant : on ne parle pas d’un problème de talent.

Le gars est énorme, il patine mieux que la plupart des joueurs de sa taille, il a une vision de jeu sous-estimée. Son défi est mental. Entre les deux oreilles.

À Brossard, on sent déjà que Martin St-Louis n’aura pas la patience éternelle.

St-Louis aime les gars qui se présentent chaque soir, qui vont chercher les rondelles sales et qui s’imposent même quand la feuille de pointage reste blanche. Slafkovsky, lui, a encore des soirs où on oublie qu’il est sur la glace.

Et cette année, ces soirs-là vont coûter très cher.

Parce qu’au bout du compte, ce “drôle de parfum” autour du CH, c’est celui d’un joueur qu’on adore, mais qui pourrait rapidement devenir le centre des conversations si les chiffres ne suivent pas l’odeur des millions.

À Montréal, la perception est parfois plus assassine que les chiffres.

Un joueur peut produire 55 points, mais s’il empoche 10 millions, il devient instantanément la cible préférée des partisans et des chroniqueurs.

Slafkovsky a un charisme naturel et une personnalité attachante, mais ça ne le protégera pas longtemps si le tableau indicateur ne suit pas. Les “il est encore jeune” vont s’effacer, remplacés par des “il est payé pour livrer, pas pour apprendre”.

Et dans un marché comme Montréal, ce genre de discours prend vite de l’ampleur. Kent Hughes et Martin St-Louis vont devoir trouver le juste équilibre entre le pousser et le protéger… mais il ne faut pas se leurrer : à ce salaire-là, il est maintenant jugé comme une vedette, pas comme un espoir.

Et ce jugement-là, il commence à courir dès la première mise au jeu de la saison.

Tu peux prendre ton chèque de 10 M$ et le regarder doucement fondre dans ton compte de retraite… mais à Montréal, ça ne suffit plus.

Là où certains enfilent le chandail pour vivre un rêve, Slafkovsky porte maintenant une facture ... une facture que chaque mise au jeu va tenter de justifier.

Oui, les étoiles payées à ce niveau ne brillent pas juste par intermittences ; elles illuminent tous les mois.

Et si tu veux vraiment toucher le firmament du Canadien, il faut prouver que tu es le héros en uniforme, et pas juste le nom qu’on scande dans des promos.

Alors, Juraj… l’étau se resserre.

Le parfum qui flotte autour de toi, c’est celui d’une révolution silencieuse ... à toi de décider si tu deviens la tempête ou si tu regardes passer les nuages.

À suivre ...