Le vrai visage du scandale « Go Habs Go » est simple : Quand l’argent parle, les principes se couchent
Dans la saga rocambolesque du « Go Habs Go » censuré sur les autobus de la STM, un homme a voulu jouer au sauveur : Jean-François Roberge, ministre responsable de la langue française.
À écouter ses déclarations, on croirait qu’il a protégé héroïquement notre identité nationale, qu’il a restauré l’honneur bafoué de notre folklore sportif. Foutaise et mensonges.
La vérité est beaucoup plus crue, beaucoup plus brutale : Roberge a agi non pas par principe, mais par pur réflexe économique. Ce n’est pas l’amour du « Go Habs Go » qui l’a poussé à agir, c’est l’odeur du cash.
Déjà que la plainte originale contre le mot « Go » a coûté des dizaines de milliers de dollars en frais administratifs inutiles — avocats, avis juridiques, fonctionnaires mobilisés, modifications de systèmes —, fallait-il en plus saboter la machine économique que représentent les séries éliminatoires à Montréal ?
Évidemment que non.
Montréal est en feu… de passion et de dollars... Et Geoff Molson est loin d'être le seul qui s'en met plein les poches.
Autour du Centre Bell, c’est l’euphorie : hôtels pleins, restaurants bondés, terrasses débordantes. Partout dans les rues, sur les vitrines, sur les affiches, dans les menus spéciaux des bars et des pubs, on voit et on entend une seule chose : « Go Habs Go ».
La Cage du Centre Bell ? Réservations pleines en 15 minutes.
La Belle et la Bœuf ? Écrans tournés vers la rue, personnel doublé.
Restaurant Europea ? 50 % d’augmentation d’achalandage les soirs de matchs.
Hôtels du centre-ville ? Taux d’occupation explosé, compression maximale autour du Centre Bell.
C’est tout le tissu économique de Montréal qui s’est emballé au rythme du hockey. L’argent coule à flots. Le tourisme local renaît. Les commerçants retrouvent le sourire. Après des années de vache maigre, de pandémie et d'effondrement économique, les séries du Canadien sont un cadeau tombé du ciel.
Et pendant que Montréal vibrait, l’OQLF se battait contre un mot de deux lettres.
On aurait pu croire que la bêtise de l’OQLF allait être appliquée jusqu’au bout. Après tout, la STM avait plié. Plus de « Go », remplacé par un triste « Allez ! Canadiens Allez ! » sur les autobus, une expression morte-née, artificielle, qui ne fait vibrer personne.
Mais voilà : le gouvernement a vite compris qu’il marchait sur une mine économique.
Fallait-il envoyer des inspecteurs linguistiques dans les restaurants pour faire arracher les banderoles « Go Habs Go » ?
Fallait-il menacer les hôtels d’amendes parce qu’ils mettaient « Go » dans leurs promotions ? Fallait-il étouffer la folie populaire pour plaire à une poignée de bureaucrates déconnectés ?
Impossible. Politiquement nuisible.. Économiquement catastrophique.
Alors, Jean-François Roberge est sorti de sa tanière. Avec de grands gestes, il a proclamé que « Go Habs Go » serait désormais considéré comme un « québécisme », protégé par l’histoire et la culture populaire.
Un beau coup de théâtre. Un très beau mensonge.
Le cash a parlé.
Ne nous méprenons pas : ce n’est pas par fierté nationale que Roberge a agi. C’est parce que l’argent a hurlé plus fort que l’idéologie.
Face aux pertes potentielles pour les commerçants, face à l’indignation des hôteliers, face au ridicule international qui éclaboussait déjà Montréal, le gouvernement a reculé.
Pas pour la beauté du « Go Habs Go ».
Pas pour respecter la tradition.
Pas pour défendre la culture populaire.
Pour sauver les revenus. Pour éviter que la manne économique des séries s’effondre sous une chape de bureaucratie.
C’est aussi simple — et aussi cynique — que ça.
Pire encore : pendant que l’économie locale carburait, le Québec se couvrait de ridicule sur la scène internationale.
The Gazette titrait ironiquement : « No Habs No ».
Les réseaux sociaux du monde entier se moquaient de notre excès de zèle linguistique.
Même dans nos propres médias, le Parti québécois, les chroniqueurs et les humoristes détruisaient l’OQLF. Tout ça pourquoi ? Pour censurer un mot qui fait partie de notre ADN collectif depuis plus de 100 ans ?
Petite parenthèse utile : pour ceux qui l’ignoreraient encore, ce scandale aura au moins permis de rappeler une vérité historique.
Le “H” dans le logo du Canadien n’a jamais signifié “Hab” ni “Habitant”.
Il représente tout simplement le mot “hockey”, comme dans Club de Hockey Canadien.
Cette réalité, que l’on oublie trop souvent, vient détruire le faux débat sur l’anglicisme : le mot “Habs” est un surnom venu après coup, et le « H » est une fierté québécoise purement francophone.
La saga du « Go Habs Go » est un avertissement.
Un avertissement contre l’aveuglement bureaucratique.
Un avertissement contre l’idéologie déconnectée du réel.
Un avertissement contre les coups de bras inutiles au nom de principes mal appliqués.
La protection du français est essentielle. Mais elle doit être intelligente. Stratégique. Respectueuse du vécu populaire. Pas rigide au point de censurer notre propre histoire
Parce qu’à force de protéger la langue en ridiculisant son peuple, on finit par la desservir.
Conclusion : "Wake up", Québec!
Si notre province veut continuer à défendre sa langue et sa culture, il doit d’abord apprendre à respecter ses propres symboles vivants.
Le “Go Habs Go” n’est pas une menace pour le français. C’est un hymne de passion populaire.
Merci aux séries de hockey de nous le rappeler.
Merci à l’économie montréalaise d’avoir sonné l’alarme.
Et surtout, merci de nous montrer que parfois, même dans la politique, le cash finit par parler plus fort que la bêtise.
GO. HABS. GO.