Il pensait passer inaperçu. Comme une ombre. Comme un souvenir discret du passé glorieux du Canadien.
Mais à Montréal, on ne peut pas marcher près du Centre Bell sans éveiller les soupçons. Et encore moins quand on s’appelle Saku Koivu.
L’ancien capitaine du CH a fait un retour surprise dans la métropole la semaine dernière.
Officiellement? Pour voir son fils Aatos participer au camp de perfectionnement du Tricolore.
Officieusement? C’est là que les doutes commencent.
Parce qu’aucun retour d’une légende ne se fait dans un tel silence.
Pas de conférence de presse. Pas de message officiel du club. Pas même une apparition médiatique. Koivu a opéré comme un espion.
Il s’est faufilé à Brossard, en mode furtif, sans faire de vagues. Un ninja du hockey.
Et c’est là que le mystère s’épaissit.
Koivu n’a visiblement pas voulu voler le spotlight à son fils, Aatos. Il voulait que les regards soient rivés sur la relève, pas sur l’ancienne gloire.
C’est noble. Mais c’est aussi troublant.
Parce que tout dans cette visite avait des allures de mission secrète. Des fans l’ont croisé, oui. Quelques selfies ici et là. Mais pour le reste, silence radio.
Même les journalistes ont été tenus loin de lui. Rien. Nada. Et ça, ce n’est jamais anodin à Montréal.
Il est passé comme un fantôme, esquivant les flashs, les micros, les caméras.
Il a assisté aux séances du camp dans un coin discret, sans badge officiel, sans insigne. Juste un père qui regarde son fils… ou un éclaireur discret en train de reprendre contact avec le terrain.
C’est d’ailleurs au journaliste Marc De Foy, du Journal de Montréal, que Saku Koivu a accepté de se confier… mais seulement une fois de retour chez lui, à Turku, en Finlande.
Preuve supplémentaire que cette visite n’avait rien d’ordinaire : même son témoignage s’est fait à distance, comme pour maintenir le voile sur sa présence à Montréal.
Koivu a tenu parole. Il a rappelé le lendemain, fidèle à lui-même. Toujours discret, toujours digne.
Quand il a été joint par téléphone, une fois de retour à Turku, en Finlande, Koivu a accepté de parler, brièvement. Il venait tout juste de rentrer.
Dix heures de trajet pour un aller-retour discret. Un pèlerinage secret.
« On a traversé tellement de choses pendant notre séjour à Montréal », a-t-il confié.
« C’était la première fois que je revenais depuis la soirée des capitaines en 2019. »
Et ce n’est pas tout. Koivu a aussi revisité son ancienne demeure, avec la permission des nouveaux propriétaires.
Il a marché sur ses propres traces. Et s’est rappelé de tout ce que Montréal représentait.
« C’est fou comme le temps passe vite », a-t-il soufflé.
Mais si Saku Koivu agit comme un espion, c’est peut-être aussi parce qu’il veut éviter un piège bien réel : celui de devenir une distraction pour Aatos.
Il ne veut pas lui voler la vedette. Et c’est exactement ce qui donne du poids à ses gestes. Le silence de Koivu en dit long.
Ce n’est pas de l’indifférence. C’est un acte d’amour.
Dans un geste rare et respectueux, Koivu a laissé toute la lumière à son fils.
Aatos Koivu, 70e choix au total du repêchage 2024, commence à se faire un nom.
Centre responsable, patineur intelligent, jeu en périphérie maîtrisé. Il fait six pieds, mais pèse encore autour de 170 livres. Il devra prendre de la masse.
Mais il a tout pour grandir dans le bon système. Et surtout, il a l’exemple ultime devant lui.
« Il possède un bon tir et de bonnes habiletés. Mais il a encore beaucoup de travail à faire et de choses à apprendre », a avoué son père.
« Je dirais qu’il a encore trois ou quatre ans devant lui pour devenir un joueur de bon calibre. »
Et c’est là que le parallèle devient puissant.
Saku Koivu avait 21 ans lorsqu’il s’est présenté à son premier camp d’entraînement à Montréal. Aatos Koivu pourrait suivre une trajectoire similaire… avec, cette fois, son propre père qui veille, de loin.
Un détail en dit long : Koivu a préféré rester en retrait du camp.
Pas de chaises réservées. Pas de statut VIP. Il ne s’est pas annoncé auprès des journalistes.
Il a simplement observé. « Quand les choses deviennent difficiles, je lui témoigne mon appui. Mais je ne m’immisce pas. »
Ce genre de discrétion, ça en dit long.
Et ça alimente toutes les spéculations. Saku Koivu a été un capitaine exemplaire, un survivant du cancer, un monument à Montréal. Il aurait pu en faire un show. Il a choisi le silence. Il a choisi la mission secrète.
Il faut aussi comprendre que cette approche, presque militaire, est peut-être ce qu’il faut à Aatos pour se forger une véritable identité loin de l’ombre d’un père légendaire.
C’est une façon pour Saku d’offrir un espace, un vide fertile où son fils peut exister par lui-même.
Il ne veut pas qu’on dise « c’est le fils de… », mais bien « voici Aatos ».
Ce silence est un cadeau empoisonné et béni à la fois.
D’ailleurs, Koivu l’a bien dit : « Il doit se concentrer là-dessus pour le moment pour se donner toutes les chances d’atteindre le plus haut niveau. »
Et pour se concentrer, il faut du calme. Pas de vedette en coulisses, pas de murmures dans les corridors. Juste du travail. De la sueur. Et du temps.
Il agit comme une ombre. Un fantôme du passé. Mais un fantôme bien vivant, qui revient peut-être pour plus qu’une visite touristique.
Quelque chose se trame. Et le Centre Bell, lui, n’a pas fini de résonner au nom des Koivu.
Une chose est certaine : Saku Koivu ne fait jamais rien à moitié. Son retour discret cache peut-être bien plus qu’un simple voyage nostalgique.
Il observe. Il évalue. Il prépare, dans le silence.
Parce que les véritables bâtisseurs travaillent dans l’ombre, pendant que les projecteurs brillent ailleurs.
AMEN