Épisode malheureux à TVA Sports: la déprime d'Arber Xhekaj est dévoilée

Épisode malheureux à TVA Sports: la déprime d'Arber Xhekaj est dévoilée

Par David Garel le 2025-05-01

C’est une image qui fait mal. Un homme assis au bout du banc, casque vissé sur la tête, mâchoire serrée, regard vide, son derrière réchauffant le banc.

Ce n’est pas n’importe quel joueur. C’est Arber Xhekaj, celui qu’on surnommait jadis le « Shérif ».

Celui qui, à son arrivée, "fonçait dans le tas comme un Mustang, les cheveux au vent, les poings prêts, l’âme en feu" comme l'a affirmé Maxim Lapierre sur les ondes de TVA Sports.

Celui que tout le Québec avait adopté comme le symbole d’une nouvelle ère. Aujourd’hui, il n’est plus que l’ombre de lui-même. Et Maxime Lapierre l’a dit mieux que personne :

« C’est un poney qui mange des carottes. »

Ce ne sont pas des mots lancés à la légère. On parle d’un ancien joueur, d’un analyste qui comprend que quelque chose s’est brisé entre Arber Xhekaj et le Canadien de Montréal.

Un lien invisible mais fondamental. Un fil conducteur qui unissait ce joueur à son identité. Et quand tu coupes cette identité, il ne reste qu’un corps sur le banc. Un joueur pas heureux. Et un joueur pas heureux… est un joueur qui doit partir.

Les tensions ont commencé bien avant les séries. Certains observateurs l’ont vu. D’autres ont préféré détourner le regard. 

Martin St-Louis n’a jamais vraiment aimé Arber Xhekaj. C’est personnel, peut-être. Mais c’est une guerre froide qui n’a jamais cessé de geler le potentiel de ce joueur.

On lui a interdit d’utiliser son surnom de « Shérif ». On a freiné ses initiatives marketing. On l’a forcé à refouler sa nature.

 Il devait être sage, rangé, discret. Un défenseur en uniforme, mais sans voix. Et le résultat? On l’a vu à l’entraînement, dans les gradins, dans ses rares présences. Xhekaj n’est plus le même.

Maxime Lapierre : “Il faut lui enlever la muselière”

« Ce gars-là, il faut qu’il frappe, il faut qu’il brasse, il faut qu’il change le momentum en ce moment », a plaidé Lapierre en ondes, avec cette émotion sans filtre qu’on reconnaît chez les anciens guerriers.

« C’est un pur sang, il faut le laisser aller. » Mais au lieu de le laisser galoper, on l’attache au banc comme une bête à dompter.

Lapierre est tout simplement cinglant, et il n’a pas tort. Depuis quand un joueur aussi explosif est-il condamné à faire de l’extra pendant les entraînements, pendant que le CH se fait brasser, gifler, frapper par les Capitals?

Depuis quand on demande à un homme fort de devenir "soft".

« Là, comme j’ai dit, t’enlèves la muselière, tu le laisses partir. » Boom.

Trop tard. On peut le voir dans les yeux de Xhekaj. Le malheur d’un joueur qu’on a trahi.

« Ce gars-là, il n’a pas l’air heureux. »

Voilà le cœur du problème. Arber Xhekaj n’a pas seulement perdu son identité ni ses minutes de jeu (moins de 10 monutes hier). Il a perdu sa joie. On le sent. Il n’a plus cette étincelle, ce feu sacré qu’il portait dans les yeux.

Il n’est pas blessé physiquement — il est blessé dans sa confiance, dans son lien avec son coach, avec son rôle, avec l’équipe. Il ne sait plus qui il est, ni ce qu’on attend de lui.

Et c’est là que ça devient dangereux. Parce qu’un joueur déconnecté de lui-même est un joueur inutile sur le long terme.

Pire encore, il devient un fardeau, pour lui-même et pour les autres. La solution? Une transaction. Inévitable.

Depuis des mois, ça bouge dans les coulisses. Les Flyers de Philadelphie, dirigés par Daniel Brière, veulent reconstruire une équipe"tough", avec du caractère.

Le nom de Xhekaj revient, constamment. C’est normal. Il a le profil parfait pour ces environnements. Mais à Montréal, il ne cadre plus.

Martin St-Louis, lui, ne veut pas d’un “Shérif”. Il veut des soldats disciplinés, silencieux, lisses. Le problème, c’est que Xhekaj n’est pas un soldat. C’est un shérif. 

Et dans cette série, le vestiaire aurait eu besoin de son étoile sur la poitrine, de sa voix sur la glace, de ses poings contre Tom Wilson.

Pendant que Gallagher se fait fracturer les côtes, que Cole Caufield se fait asséner un double-échec dans le visage et que Tom Wilson écrase Carrier au centre de la glace, Xhekaj reste dans les gradins.

Spectateur impuissant de la chute de son équipe. C’est inacceptable. C’est humiliant.

Et là, même les anciens joueurs se lèvent pour le défendre. Même les partisans réclament qu'on le traite mieux. Mais Martin St-Louis campe sur ses positions. Par orgueil. Par entêtement. Et Arber, lui, encaisse.

Ce n’est plus une question de potentiel. Ce n’est plus une question de profondeur. C’est une question de bien-être, de dignité, de respect.

On a cassé quelque chose chez Xhekaj. Et ça ne se répare pas en le remettant dans l’alignement une fois de temps en temps. Il faut couper le cordon.

Si Kent Hughes veut lui rendre justice — et sauver un actif qui perd de la valeur chaque jour — il devra faire un geste fort cet été. 

Le libérer. Lui permettre de redevenir lui-même ailleurs. Parce qu’à Montréal, il est devenu un fantôme. Et personne ne mérite de devenir un fantôme à 23 ans.

Il y a toutefois un détail qui pourrait ralentir cette transaction : Florian Xhekaj. Le petit frère impressionne à Laval. Il veut suivre les traces de son grand frère.

Il veut lui aussi brasser, intimider, faire mal. Et si le Canadien pense garder Arber uniquement pour favoriser le développement de Florian, ce serait une grave erreur.

On ne garde pas un joueur malheureux pour faire plaisir à son frère. C’est injuste pour les deux.

Maxime Lapierre a dit tout haut ce que bien des gens pensent tout bas. Xhekaj est devenu un joueur muselé, méconnaissable, vidé.

Le poney qui mange des carottes. Et le plus tragique dans tout ça? C’est que ce joueur, ce pur sang, ce Shérif, est encore là, quelque part en lui. Il ne demande qu’à ressortir. Mais il ne le fera plus à Montréal.

C’est trop tard.