Électrochoc pour Martin St-Louis : le message brutal de Joe Veleno

Électrochoc pour Martin St-Louis : le message brutal de Joe Veleno

Par André Soueidan le 2025-09-27

Joe Veleno ne l’a pas dit directement. Mais tout dans son regard, dans son ton, dans son choix de mots, criait la même chose : il est tanné.

Tanné d’être vu comme un éternel projet.

Tanné d’être perçu comme un joueur de fond d’alignement qui ne cassera jamais rien.

Et surtout, tanné d’attendre qu’on lui tende la main.

Ce matin, devant les micros, Joe Veleno a envoyé un message clair à Martin St-Louis :

« Je veux prouver que je peux jouer au hockey dans cette ligue-là. »

Ce n’est pas la première fois qu’un joueur dit ça.

Ce n’est même pas original. Mais dans la bouche de Joe Veleno, qui a vu sa carrière stagner à Detroit malgré un pedigree élite dans le junior, ces mots sonnent comme un avertissement.

Le genre de message qu’un entraîneur ne peut pas ignorer.

Parce que quand Veleno parle de sa volonté de rester dans la LNH, il ne parle pas comme un gars qui veut juste “aider l’équipe de la manière qu’il peut”.

Il parle comme un gars qui en a marre de ne jamais avoir eu sa vraie chance.

« Je suis ici pour me battre, pour essayer de faire l’équipe. Il n’y a rien de donné dans cette ligue-là. »

Ce qu’il ne dit pas, mais que tout le monde comprend, c’est qu’il sait exactement où il se trouve. Il est sur une ligne. Une ligne mince entre les joueurs qu’on coupe et ceux qu’on garde.

Ce soir, il va jouer avec Samuel Blais et Owen Beck. Une “ligue” à part dans le camp du Canadien.

Pas tout à fait des vétérans, pas tout à fait des espoirs. Juste des gars en audition.

Le trio Farrell-Belzile-Thorpe? C’est Laval.

Dauphin-Condotta-Kidney? Laval aussi.

Bolduc-Newhook-Kapanen? C’est la seule vraie ligne qui semble destinée à la LNH.

Le reste, c’est une jungle. Un champ de bataille entre gars affamés. Veleno le sait. Il l’a dit sans détour :

« Je me concentre juste sur le moment présent. Je veux jouer mon jeu. »

Ce que Martin St-Louis doit entendre dans cette déclaration, c’est que Veleno ne veut pas jouer “le jeu de quatrième ligne”.

Il ne veut pas être un énième gars interchangeable.

Il veut une vraie identité. Et le hic, c’est que personne ne sait vraiment c’est quoi, l’identité de Joe Veleno.

À 25 ans, Veleno aurait dû être établi dans la LNH.

Il a été repêché en première ronde. Il était vu comme un futur centre offensif complet.

Il possède une belle vision du jeu, de bonnes mains, une accélération plus que respectable… mais rien n’a cliqué.

À Detroit, il a été trimballé partout dans l’alignement, sans jamais trouver sa place.

Résultat? Il n’a jamais dépassé les 30 points en une saison. Et maintenant, il se bat pour une place dans un bottom-9, à Montréal, là où on essaie encore de comprendre ce qu’on a entre les mains.

Ce soir, c’est son audition.

Et il le sait. « C’est important de profiter des matchs qu’on joue. Il n’y en a pas beaucoup. C’est à nous de prouver qu’on peut contribuer à l’équipe. »

Il n’a pas besoin de le dire, mais c’est évident : s’il ne laisse pas une impression forte ce soir, il risque de se faire tasser.

Et il n’est pas le seul. Samuel Blais est dans la même situation.

Owen Beck aussi, mais lui a l’avantage d’être jeune, encore considéré comme un prospect à long terme.

Veleno, lui, est au bord du précipice. Et il n’est pas fou : il sait qu’il est jugé comme un gars qui n’a jamais livré la marchandise. Ce soir, il veut briser ce moule.

Et le timing ne pourrait pas être plus cruel.

Face à eux? Les gros canons des Leafs. Tavares, Nylander, Domi, Knies… Veleno va devoir se défendre contre des gars établis, des gars qui eux, ne jouent pas leur job.

C’est une cage aux lions. Et Martin St-Louis va scruter chaque détail.

Ce qui rend la situation encore plus tendue, c’est qu’il n’y a pas vraiment de place pour Veleno, à première vue.

Le bottom‑6 comporte des joueurs plus établis ou avec des rôles sécurisés : Gallagher, Anderson, Josh Anderson Jake Evans.

À côté de ça, toute une gang de jeunes se bouscule pour les places réserves : Beck, Farrell, Condotta, Kidney, etc.

Où est-ce que Joe Veleno se glisse là-dedans?

Il doit faire face à la concurrence directe de Blais, Beck ou Belzile pour jouer dans ce rôle de soutien qui change souvent.

Il ne suffit pas d’être bon en un match. Il faut être constant, polyvalent, prêt à sauter de centre à ailier, à brasser les trios, et à prouver que tu mérites plus qu’une place sur la feuille, même pour les matchs préparatoires.

Le mystère, c’est que même Martin St-Louis ne semble pas encore le savoir.

Et c’est ce qui rend ce match crucial. Ce soir, Joe Veleno a l’occasion d’obliger son entraîneur à faire de la place.

De briser la hiérarchie. De devenir un facteur.

« Il faut que je sois capable de jouer un peu partout, que ce soit au centre ou à l’aile. » Traduction : je suis prêt à tout pour rester.

Mais à écouter Joe Veleno, on sent qu’il aurait voulu bien plus que ça.

Il aurait voulu cette audition. Celle qu’on réserve aux joueurs spéciaux.

Celle de pouvoir évoluer au centre d’un Ivan Demidov.

De jouer enfin, pour une fois, là où il a toujours cru qu’il pouvait faire la différence : au centre, dans un rôle offensif, à fabriquer des jeux.

Pas comme un col bleu de la quatrième ligne. Pas comme bouche-trou.

Qu’on le lance dans la gueule du loup pour voir s’il pourrait même rivaliser avec un gars comme Kirby Dach, qui semble avoir le poste de deuxième centre tatoué sur le front sans même avoir joué depuis un an.

Est-ce que Joe Veleno pourrait faire ça? On ne le saura peut-être jamais.

Pour l’instant, il est coincé dans la ligue parallèle des extras. Là où tu joues si un gars se blesse. Là où tu n’envoies pas de message, tu en subis.

La vérité, c’est que Veleno a le profil d’un gars qu’on oublie vite. Il ne fait pas de vagues. Il ne dérange pas. Il ne parle pas fort.

Et ça peut être fatal dans un camp où la compétition est féroce.

Mais ce matin, pour une rare fois, il a haussé le ton. Pas dans le volume, mais dans l’intention. Il a envoyé un message, subtil mais clair : je ne suis pas ici pour remplir un chandail.

Et ce message, il vise directement Martin St-Louis.

Joe Veleno ne veut pas être un figurant. Il ne veut pas jouer les remplaçants qu’on envoie sur la glace une fois par semaine pour combler un trou.

Il veut faire partie du noyau actif, soir après soir.

Ce soir, contre Toronto, il entre dans une véritable guerre de fond de formation, contre des gars comme Beck, Farrell, Belzile et Dauphin.

Des joueurs qui, comme lui, n’ont aucune garantie, mais qui savent que le Canadien doit combler les dernières chaises de son bottom-9.

Personne ne parle d’un rôle offensif sur un trio avec Caufield ou Suzuki.

Ce n’est pas ça l’enjeu. L’enjeu, c’est : vas-tu être utile, fiable, indispensable dans une rotation qui va changer tout au long de la saison? Ou vas-tu simplement devenir un nom de plus dans l’oubli?

Mais s’il se plante… il sait ce qui l’attend.

Laval? Peut-être. Une transaction? Peut-être aussi. Un autre club qui va lui donner une “autre” chance? Rien n’est garanti.

Ce qui est certain, c’est que dans une ligue aussi cruelle, chaque match devient un verdict.

Et ce soir, le jury est sans pitié. Si Veleno joue comme un gars qu’on oublie en troisième période, son message va tomber à plat. Mais s’il joue avec la rage au ventre… là, Martin St-Louis va devoir écouter.

Parce qu’un joueur qui se bat pour sa vie dans la LNH, ça ne triche pas.

Et ce soir, c’est exactement ce que Joe Veleno va livrer : une tentative désespérée d’exister. De survivre. De convaincre. D’électrocuter le doute. De brasser la cage.

Et dans ce genre de moment, Martin St-Louis n’a pas le choix : il faut lire entre les lignes. Parce que ce soir, le message de Joe Veleno est brutal. Brutalement honnête. Brutalement nécessaire.

Et s’il ne résonne pas… c’est peut-être la fin de l’histoire.

À suivre ...