Anthony Beauvillier pensait peut-être que son statut de joueur québécois allait suffire à faire de lui une cible de choix pour le Canadien de Montréal cet été.
Erreur monumentale. Parce que pendant qu’il tentait maladroitement de flirter avec le CH dans les médias, les partisans, eux, étaient déjà en train de vomir l’idée sur les réseaux sociaux.
Le cauchemar était réel. Et il a pris fin avant même que Kent Hughes n’ait eu à lever le petit doigt.
La déclaration de Beauvillier où il dit qu’« Ça serait un honneur de jouer pour mon équipe d’enfance », a eu l’effet d’une bombe.
Pas parce que les fans étaient emballés. Non.
Parce que c’est la 42e fois qu’un joueur en fin de parcours vient mendier une job à Montréal, pensant que le simple fait d’avoir grandi en regardant le CH va le sauver de l’oubli.
Et parce que dans le cas de Beauvillier, on parlait d’un ailier de petite taille qui avait joué pour six équipes depuis janvier 2023.
Un gars que personne ne semblait vouloir garder… jusqu’à ce que les Capitals de Washington décident, à la surprise générale, de lui offrir une prolongation de contrat de deux ans, à 2,75 M$ par saison.
Un rare vote de confiance.
Capitals. Penguins. Predators. Blackhawks. Canucks. Islanders. Et maintenant, de retour à Washington.
Disons-le franchement : cette signature est davantage un refuge qu’un renouvellement de carrière. Beauvillier reste un joueur de soutien, utile dans un rôle limité, mais incapable de s’élever au-delà d’un bottom-9.
Il vivait de contrat à court terme… jusqu’à ce que Washington tranche en sa faveur. Tant mieux pour lui.
Mais à Montréal, on a évité une distraction inutile.
Comme si le Canadien avait besoin d’un autre ailier de 5 pieds 11, 179 livres, qui plafonne à 25 points par saison.
Le timing était catastrophique.
Et les réseaux sociaux étaient sans pitié.
« Encore un bouche-trou? On a déjà Armia, Anderson, Gallagher… »
« Il veut jouer pour son équipe d’enfance? Ben moi, j’voulais jouer dans la LNH pis ça s’est pas passé. »
« C’est cute, mais non merci. »
Ce ne sont que quelques exemples parmi des centaines de commentaires virulents.
Et dans cette ambiance toxique, Anthony Beauvillier, lui, continuait d’espérer en silence… jusqu’à ce que Washington lui tende la main.
La vérité, c’est que s’il veut être pertinent pour une équipe de la LNH, ce sera dans un rôle de 4e trio.
Une profondeur utile, peut-être, mais rien de transcendant.
Pas ce que le CH cherche.
Kent Hughes, lui, veut entourer Demidov avec un véritable centre de deuxième trio.
Parce qu’on va se dire les vraies affaires : Beauvillier n’est pas un centre. Et surtout pas un joueur pour épauler Demidov sur le top 6.
Et ce n’est pas comme si le Canadien n’avait pas déjà son lot de problèmes d’effectif.
Même si les contrats de Brendan Gallagher et Josh Anderson continuent de peser lourd sur la masse salariale pour deux joueurs de soutien, il faut reconnaître que ces deux vétérans ont retrouvé un certain souffle cette saison.
Sans être des machines à produire offensivement, ils ont réussi à stabiliser leur jeu, à accepter un rôle de bottom six, et surtout à devenir des leaders positifs pour encadrer les jeunes.
Leur impact ne se mesure peut-être plus en points, mais en influence dans le vestiaire et en constance sur la glace.
On ne parle donc pas ici de boulets, mais bien de vétérans qui, malgré leur cap hit, remplissent un mandat bien précis.
Tu veux ajouter Beauvillier dans ce méli-mélo? C’est non.
Et pourtant, dans sa tête, c’était encore plausible.
Parce qu’il a joué à Shawinigan. Parce qu’il est Québécois. Parce qu’il connaît Kent Hughes de l'époque Quartexx.
Il a même déclaré publiquement que Hughes « voit les choses d’une autre façon » et qu’il « a toujours cru en ce qu’il fait ».
Mais croire en Kent Hughes, ce n’est pas être dans son plan. Et à ce stade-ci, les plans sont déjà pas mal établis.
Ajoutons à cela que sa production offensive ne justifie rien.
En 2024-2025, il a cumulé 25 points en 81 matchs, entre les Penguins et les Capitals.
Sa meilleure saison? Il faut remonter à 2019-2020 pour y voir un 18 buts et 21 passes. Depuis, c’est la traversée du désert.
On ne veut pas taper sur un gars qui veut juste continuer à jouer au hockey.
Mais il faut être lucide. Le CH est en reconstruction. Et ce n’est pas en empilant des ailiers de fond de formation qu’on va réussir à transformer l’espoir en résultat.
Il faut plutôt miser sur des gars comme Slafkovsky, Demidov, Suzuki, Caufield.
Faut régler les postes à l’interne, point final. Quand des postes se libèrent, la moindre des choses, c’est d’ouvrir la compétition entre les jeunes qui frappent à la porte.
Des gars comme Florian Xhekaj, Joshua Roy, Lucas Condotta, Sean Farrell… ils ont payé leurs dues à Laval, ils méritent une vraie chance.
Pourquoi aller chercher un gars comme Beauvillier, même s’il est Québécois, quand t’as des jeunes affamés dans ta cour?
Ce n’est pas la même énergie. Ce n’est pas le même feu.
Un jeune qui a faim va tout donner pour survivre dans la LNH. Un vétéran qui cherche un dernier contrat, lui, joue pour garder son chèque. On parle pas du même mindset.
Le flirt a tourné court. Et la réalité, c’est qu’Anthony Beauvillier a dû regarder ailleurs.
Parce qu’au lieu de combler un besoin, il en aurait ajouté un autre : celui de devoir gérer le bruit autour d’un gars dont le plafond est déjà atteint.
Et ça, Kent Hughes et Jeff Gorton le savent mieux que quiconque.
La réponse était déjà dans les commentaires. Et maintenant, elle est confirmée dans la signature.
Game over.