Ça y est, les lunettes roses sont déjà rangées, et Noah Dobson vient d’avoir droit à son premier véritable réveil montréalais.
Ceux qui pensaient que le Centre Bell allait lui dérouler le tapis rouge en ont eu pour leur argent
Un début de match désastreux, un manque de synchronisme évident avec Mike Matheson, des replis bâclés, des couvertures échappées, et surtout… une présence molle sur les jeux clés.
Bienvenue à Montréal, Noah.
Les partisans du Canadien ne sont pas naïfs. Ils ont vu la même chose que tout le monde : un défenseur à 9,5 millions $ US par année qui avait l’air d’un Jeff Petry version « post-bulle ».
Trop smooth, pas assez sablé. Dans un marché comme New York, ces lacunes-là passent parfois sous le radar. Mais à Montréal? Tu respires croche et t’as déjà trois podcasts qui s’enflamment.
Et ça a commencé tôt.
Dès les premiers instants du match, Samuel Montembeault a flanché.
Confusion entre Dobson et Matheson.
Mauvais gap, absence de communication, et surtout, un manque d’intensité criant pour couper le jeu dans l’œuf.
On aurait dit deux gars qui viennent de matcher sur Tinder et qui n’ont aucune idée comment aborder leur premier souper.
Mais attention, on va pas tout mettre sur son dos non plus. Un gardien qui donne le ton dès le départ, ça change une rencontre.
Montembeault l’a pas fait. Et la suite?
Une défensive livrée à elle-même, sans repères, avec un coach qui jongle déjà avec ses trios et ses duos comme si c’était le mois de mars.
Le problème, c’est pas juste ce match.
Le problème, c’est la fragilité du projet Dobson.
Martin St-Louis a beau prêcher la patience, ce qu’on voit en ce moment, c’est un entraineur qui doute. Il teste. Il ajuste. Il cherche des solutions.
Et quand un coach brasse son line-up en pleine présaison, c’est jamais un bon signe.
C’est la preuve que rien n’est ancré. Et s’il y a bien une chose que la LNH nous apprend chaque année, c’est que les bonnes équipes sont celles qui ont des fondations solides dès le camp d’entraînement.
Or, à Montréal, on a l’air d’un chantier de construction en pleine heure de pointe.
La réalité, c’est que Noah Dobson n’a jamais été un défenseur parfait.
C’est un gars qui mange des grosses minutes, qui aime transporter la rondelle, qui a un bon flair offensif, mais qui fait aussi beaucoup d’erreurs de jeunesse. Et hier, il a été exposé.
Mais ce qui dérange, c’est pas tant l’erreur que son salaire. Parce que quand tu payes 9,5M$ pour un défenseur, t’as pas droit à des présaisons ordinaires.
T’as pas droit à des doutes. Tu veux du leadership, de l’impact immédiat, de la solidité. Pas un gars qui ressemble à un clone de Petry, version 2022.
Et là, entre en scène Pierre McGuire, avec sa phrase assassine sur le podcast de Marinaro :
« Maintenant, vous comprenez pourquoi Lou Lamoriello a refusé de s’engager sur la voie d’un contrat à plus de 8 millions par année. Maintenant, vous savez. »
Traduction libre : « Maintenant, vous comprenez pourquoi Lou n’a jamais voulu le payer autant. Maintenant, vous le voyez. »
Bang.
Cette citation-là est brutale, mais elle a le mérite de mettre le doigt sur le bobo. Les Islanders ont vu les limites du joueur.
Ils ont évalué son plafond, son niveau de compétitivité, son style. Et ils ont décidé que payer ce joueur-là plus de 8 millions par année, c’était une erreur.
Kent Hughes, lui, a sauté dans le vide.
Il l’a fait parce que le plafond salarial monte, parce que les Kaprizov de ce monde refusent déjà des offres à 16M$ par année, parce que McDavid va bientôt toucher 19M$, et qu’un défenseur top 4, dans ce nouveau contexte, vaut 9 à 10 millions.
Mais le problème, c’est pas juste le prix. C’est le fit.
Mettre Noah Dobson avec Mike Matheson, c’est comme marier deux voltigeurs en ski acrobatique.
Tu finis avec un feu d’artifice… ou une commotion cérébrale. Deux joueurs à haut risque. Deux gars qui aiment transporter la rondelle, jouer dans les mêmes zones, prendre des libertés.
Ça peut donner des highlights… ou des cauchemars.
Et hier, c’était clairement le deuxième cas.
Tu veux du chaos contrôlé, pas du chaos intégral.
Et comme si ce n’était pas assez, Dany Dubé a enfoncé le clou au 98.5 :
« Je m’attends à ce que Noah Dobson en donne plus ».
Quand un vétéran analyste de cette trempe ... respecté pour son œil tactique chirurgical ... commence à émettre publiquement des attentes aussi claires, c’est que le doute s’est déjà infiltré dans le vestiaire.
À Montréal, ce genre de commentaire devient un avertissement sans frais : tu n’as pas le droit d’être moyen quand on t’a donné les clés du Top 4 et 9,5 millions par saison.
Le party est fini, mon Dobson. T’es à Montréal maintenant. Et ici, le jugement commence avant même que le vrai show débute.
Ce qui fait mal aussi, c’est le contexte.
Le CH a cédé Émile Heineman et deux choix dans l’échange. C’est pas dramatique. Mais ce qui est lourd, c’est la pression.
Avec ce contrat-là, Dobson n’a pas droit à l’erreur. Il ne peut pas juste être bon. Il doit être excellent. Constamment. Et en ce moment, il ne l’est pas.
Est-ce qu’on panique trop vite?
Oui, c’est la présaison. Oui, il faut laisser la chance au coureur.
Oui, on jugera sur 20-25 matchs, pas sur un. Mais ce que les partisans ont vu hier, ce qu’ils ressentent déjà, c’est une certaine peur. La peur d’avoir misé sur le mauvais cheval.
Et si Martin St-Louis commence à douter dès le départ, à jongler avec ses paires, à repositionner Lane Hutson, Guhle, Xhekaj, Carrier… c’est parce qu’il sent lui aussi que ce duo-là, Dobson-Matheson, c’est pas un mariage naturel.
C’est forcé. C’est construit à l’envers.
Il faudra voir ce que ça donne quand tout le monde sera en uniforme.
Une vraie rotation défensive avec Guhle, Hutson, Xhekaj et Carrier, ça peut alléger le fardeau de Dobson.
Ça peut lui permettre d’être utilisé différemment, dans de meilleures conditions. Mais pour l’instant, l’échantillon est mince… et inquiétant.
Parce que ce qu’on a vu, hier, c’est pas un accident. C’est un avertissement.
Le CH voulait un quart-arrière moderne.
Il a obtenu un joueur « fancy », smooth, qui patine avec élégance… mais qui, pour l’instant, n’a pas montré qu’il avait la volonté de jouer du hockey de séries.
Et ça, à Montréal, ça pardonne pas.
Misère