Douche froide pour Nick Suzuki : brisé par une décision honteuse

Douche froide pour Nick Suzuki : brisé par une décision honteuse

Par André Soueidan le 2025-06-02

Il y a des saisons où tu fais tout ce qu’on te demande, tu surpasses les attentes, tu portes ton équipe sur ton dos… et en retour, tu reçois une claque en plein visage.

Pas une claque d’un adversaire. Non. Une claque de la ligue elle-même.

Nick Suzuki vient de vivre ça.

Malgré une saison de 89 points, 30 buts, un différentiel de +19, 70 tirs bloqués, une production constante à cinq contre cinq et en avantage numérique, une efficacité chirurgicale aux mises en jeu… Suzuki a été snobé. Rayé. Ignoré.

Treizième au scrutin du trophée Selke. Encore.

Et pendant ce temps, Aleksander Barkov repart avec le prix. Un trophée qu’on pourrait rebaptiser le « Prix du gars déjà populaire dans le Sud où il fait chaud et personne ne regarde vraiment les games ».

Oui, Barkov est un excellent joueur. Oui, il joue bien défensivement. Mais est-il 10 fois meilleur que Suzuki?

Est-ce qu’il a eu à affronter la même pression médiatique, les mêmes responsabilités, la même adversité? Posez la question, c’est y répondre.

Parce que la vérité, c’est que Suzuki est victime du système.

Un système où, si tu joues à Montréal, dans une équipe en reconstruction, peu importe ce que tu fais, tu ne seras jamais dans les bonnes grâces des votants.

Cette année encore, les chiffres sont là pour le prouver :

– 1 vote de 2e place

– 2 votes de 3e place

– 2 votes de 4e place

– 5 votes de 5e place

Total : 12 points. Deux de moins que l’an dernier. Alors que ses stats ont explosé. Alors qu’il a fait tout ce qu’on attend d’un Selke winner.

Mais au fond, ce n’est pas nouveau.

Le dernier joueur du Canadien à avoir remporté le Selke? Guy Carbonneau. En 1992. Avant lui? Bob Gainey.

Et depuis? Le néant.

Le Selke, dans le fond, c’est devenu un club privé.

Si t’es pas dans une équipe top-5 dans la LNH, oublie ça.

Si t’es pas sur une plage en Floride ou dans une équipe dorée sur billes comme Boston ou Colorado, tu peux bien jouer le meilleur hockey défensif du monde, on te regardera pas.

Nick Suzuki est le Patrice Bergeron de cette génération montréalaise.

Il est partout. Il est fiable. Il n’a que 24 ans, mais on lui en demande plus que n’importe quel centre numéro 1 de la LNH.

Il joue sur le powerplay, le penalty kill, les mises en jeu en fin de match, les situations critiques. Il affronte les meilleurs trios soir après soir. Et il ne se plaint jamais.

Mais visiblement, ça ne compte pas.

Dans un marché comme Montréal, il faut faire 110 points pour se faire remarquer.

Il faut arracher la Coupe Stanley à mains nues.

Il faut survivre à TVA Sports, à BPM, aux fans qui veulent toujours plus. Et même là, ce sera pas assez.

Mais imaginez une seconde Nick Suzuki dans un marché américain.

Imaginez-le à Vegas, à Tampa Bay, à Dallas. Imaginez-le avec une équipe stable, des ailes élites, et un narratif médiatique plus favorable.

On lui aurait donné le Selke, le Clancy, le Lady Byng, et une statue devant l’aréna.

Mais non.

À Montréal, on valorise la souffrance. On applaudit quand un joueur s’effondre d’épuisement, mais on oublie de le voter au Selke.

C’est honteux. C’est même pathétique.

Pendant ce temps, Suzuki continue de faire le sale boulot. De bloquer des tirs. De jouer avec des ailiers changeants.

De se pointer aux conférences de presse avec un calme désarmant. Un vrai capitaine. Un vrai leader.

Mais rien n’y fait. La LNH préfère les Barkov, les Kopitar, les gars qui évoluent loin des projecteurs.

Tant pis si Suzuki est plus utilisé, plus impliqué, plus régulier.

Et pourtant, il a encore haussé son jeu en séries.

Deux buts en cinq matchs contre les Capitals. Un impact constant. Une présence rassurante même quand tout s’effondrait.

Et la ligue? Elle détourne les yeux. Elle regarde ailleurs.

Elle récompense les gars qui gagnent dans les palaces, pas ceux qui se battent dans les tranchées.

Alors que faire?

Faut-il que Suzuki change de style? Qu’il joue pour lui, qu’il pense aux stats? Qu’il quitte Montréal?

Non. Ce n’est pas lui le problème.

Le problème, c’est que la LNH a un problème de reconnaissance. De cohérence. De respect. Elle ignore les vrais bâtisseurs, les soldats tranquilles.

Et Suzuki, c’est exactement ça.

Un gars qui ne dit rien, qui fait tout. Qui ne chiale pas. Qui livre la marchandise. Et qui, année après année, se fait snober par un système biaisé.

Mais attention.

Un jour, ce même système va se réveiller. Trop tard.

Il va se rendre compte qu’il avait un Patrice Bergeron version 2.0 sous les yeux… et qu’il l’a ignoré. Par paresse. Par automatisme.

Et ce mépris ne s’arrête pas à la LNH.

Même Équipe Canada semble avoir une vision floue de ce que Suzuki représente.

Il a été snobbé pour le tournoi des 4 Nations, comme si son jeu sur 200 pieds et son leadership en pleine reconstruction ne valaient rien.

Et si on suit la logique actuelle, il risque fort d’être ignoré encore une fois pour les Jeux olympiques de 2026.

C’est à se demander ce que ça prend pour qu’on le prenne au sérieux.

Il est temps que le Canada cesse de voir Suzuki comme un joueur de soutien et commence à le traiter comme ce qu’il est : un centre élite.

D’ici là, Suzuki va continuer. Tranquillement. Méthodiquement.

À faire son chemin. À faire taire les doutes. À bâtir son héritage, un bloc défensif à la fois.

Et quand il soulèvera son premier trophée — Selke ou pas — ce ne sera pas une victoire individuelle.

Ce sera une revanche contre un système qui n’a jamais voulu lui donner sa juste place.

Et pendant que la LNH continue de dormir au gaz, Nick Suzuki, lui, bâtit une dynastie dans l’ombre.

Ce ne sera peut-être pas cette année, ni la prochaine… mais le jour viendra où ils n’auront plus le choix de lui remettre le Selke.

Et ce jour-là, ce ne sera pas une récompense.

Ce sera une réparation.       

AMEN