Il fallait bien que ça arrive.
Après des jours d’euphorie, d’espoirs projetés et de clips YouTube visionnés en boucle, Michael Hage vient de goûter à sa toute première vague de scepticisme montréalaise.
Rien de catastrophique, bien sûr. Ce n’est pas un scandale, ni un drame. Mais pour la première fois, un petit doute s’est faufilé dans l’esprit collectif.
Et ce doute, il vient d’un vétéran des ondes : Arpon Basu.
Invité sur les ondes de TSN 690, Basu n’a pas sorti les fourches. Il n’a pas détruit le jeune homme. Mais en quelques phrases bien placées, il a fait trembler légèrement le piédestal qu’on commençait à construire pour Michael Hage à Montréal.
« Le Canadien n’est même pas sûr que Michael Hage jouera au centre dans la LNH. » – Arpon Basu
Bang. Voilà. Une petite flèche. Pas empoisonnée, mais suffisante pour faire lever quelques sourcils.
Parce que oui, depuis sa sélection, Hage est perçu par plusieurs comme le deuxième centre tant attendu à Montréal.
Celui qui viendra compléter Nick Suzuki, redonner de la profondeur à l’attaque, et incarner le futur. Il a tout pour plaire : QI hockey, gabarit, vision, drive. Mais il y a un hic : les mises au jeu.
Un centre, ça gagne ses face-offs. Point final.
Et sur ce point précis, le Canadien veut voir des progrès. Hage n’est pas mauvais, mais il n’est pas encore élite dans ce domaine. Et c’est ce genre de détails qui peuvent faire basculer un projet de joueur de centre... à ailier.
À Montréal, le cercle des mises au jeu est devenu une sorte de totem sacré.
On en parle comme si c’était le Graal. Chaque jeune centre du Canadien est jugé à la loupe sur sa capacité à gagner une mise en jeu en zone défensive à 2:04 de la troisième.
C’est démesuré. Mais c’est la réalité du marché. Si Hage veut éviter la tempête à son arrivée, il devra faire de cet aspect un atout incontestable.
Mais attention : ici, on l’adore.
Michael Hage a tout ce qu’il faut pour conquérir Montréal. Il a une attitude exemplaire. Une maturité hors norme.
Une fougue sur la glace. Une lecture du jeu qui impressionne déjà.
Le gars parle bien. Il assume son parcours. Il veut s’améliorer. Et surtout, il a un feu intérieur qu’on ne peut pas enseigner.
Ce n’est pas pour rien que les partisans sont tombés sous son charme dès les premiers extraits du camp de développement.
Mais c’est ça, Montréal. La passion vient avec son lot de pression.
Et une simple déclaration comme celle d’Arpon Basu peut allumer une discussion sans fin sur les réseaux sociaux.
Est-ce que Hage sera un centre? Est-ce qu’il va dominer en NCAA? Est-ce que le CH mise trop gros sur lui?
La bonne nouvelle? Hage écoute. Il comprend. Et surtout, il n’est pas dans le déni.
Il sait que le cercle des mises au jeu est un point à travailler.
Il entend le bruit. Mais il ne s’y attarde pas.
Et c’est exactement ce qu’il faut.
Ce serait une erreur monumentale de laisser cette micro-critique grandir en monstre.
Michael Hage n’est pas du genre à se laisser ébranler facilement.
À 18 ans, il parle déjà comme un vétéran. Calme, réfléchi, posé.
Dans ses interventions, il prend le temps de choisir ses mots. Il ne surfe pas sur la vague médiatique, il l’analyse. Il sait que Montréal peut t’élever au rang de dieu en octobre et te jeter aux ordures en novembre.
Et malgré tout ça, il garde le cap. Son objectif à court terme est clair : dominer la NCAA avec le Michigan.
Point. Il ne cherche pas à brûler les étapes. Il veut mériter sa place, pas qu’on lui donne.
Le problème, ce n’est pas Hage. C’est nous. Montréal a une fâcheuse tendance à projeter ses besoins urgents sur ses jeunes espoirs. On l’a vu avec Kotkaniemi.
On l’a vu avec Poehling. Et on commence déjà à le voir avec Hage.
Il n’a pas encore joué une seule minute dans la NCAA cette saison, et déjà, on lui colle l’étiquette de « deuxième centre du futur ». C’est lourd, et surtout, c’est prématuré.
Ce n’est pas une condamnation. C’est un défi. Un petit drapeau levé par l’organisation pour lui dire : « Voici ce qu’on attend de toi. »
Et s’il y a bien un jeune homme capable de relever ce genre de défi, c’est Hage.
Le CH ne peut pas se permettre un autre échec au centre.
Dans le vestiaire, cette pression existe aussi. Les Dach, Newhook, Evans vont regarder le nouveau kid avec un œil calculateur.
Ce n’est pas de la jalousie, c’est du business. Le hockey professionnel, c’est aussi une guerre de chaises. Et quand un jeune espoir arrive avec l’étiquette de sauveur, tout le monde s’ajuste.
Après les expériences Galchenyuk, Drouin, Kotkaniemi, et compagnie, le besoin criant d’un deuxième centre est devenu presque une obsession dans cette ville.
Hage est perçu, à tort ou à raison, comme celui qui pourrait réparer toutes ces erreurs. C’est beaucoup. Trop, peut-être. Mais ça vient avec le territoire.
La prochaine saison à Michigan sera donc cruciale. Il ne s’agit pas seulement d’empiler les points ou de briller en avantage numérique.
Il doit dominer au cercle. Être fiable défensivement. Devenir un pivot complet.
Parce que dans l’esprit du Canadien, la porte n’est pas fermée. Mais elle n’est pas grande ouverte non plus. Il doit les forcer à croire.
Et c’est là que Hage a l’occasion de montrer ce qu’il a dans le ventre.
On n’a pas besoin que Michael Hage devienne un Marner ou un Eichel. On a besoin qu’il devienne Michael Hage.
Un joueur qui arrive à canaliser les attentes.
À transformer les critiques en motivation. Et à devenir, par sa seule volonté, ce que personne ne peut contester : un centre dominant de la LNH.
Et si jamais ça ne fonctionne pas? S’il finit par jouer à l’aile? Ce ne serait pas un drame. Mais ce serait un manque à gagner.
Parce qu’on veut y croire. Parce qu’il a ce petit quelque chose. Parce que la ville a besoin d’un nouveau héros.
Hage, lui, continue de cocher les bonnes cases. Il est sérieux dans son entraînement.
Il consulte déjà des spécialistes pour améliorer son jeu au cercle.
Et surtout, il comprend qu’une seule saison réussie au niveau junior ne suffit pas. Il veut bâtir un dossier complet. Il veut que quand viendra le moment de faire le saut, il n’y ait plus de débat. Il veut forcer la main du Canadien.
Alors oui, douche froide cette semaine pour Michael Hage.
Mais parfois, c’est exactement ce qu’il faut pour se réveiller plus fort.
À suivre.