Douche froide pour Ivan Demidov : Martin St-Louis brise le plan parfait

Douche froide pour Ivan Demidov : Martin St-Louis brise le plan parfait

Par André Soueidan le 2025-08-08

Pour l’instant, rien n’est coulé dans le béton, mais on sent déjà le parfum de la déception flotter dans l’air du vestiaire.

Les fans se frottaient les mains en s’imaginant un Ivan Demidov débarquer à Montréal, collé à Nick Suzuki et Cole Caulfield, prêt à dynamiter la LNH à coups de passes millimétrées et de feintes assassines.

Le rêve? Une première ligne qui aurait donné des cauchemars aux défenseurs adverses, obligé Gary Bettman à inventer une nouvelle règle pour calmer tout ça, et fait exploser les ventes de chandails numéro 93.

Mais, comme souvent dans ce marché, la logique sportive se heurte à la prudence frileuse d’une organisation qui aime mieux dormir tranquille que de tenter le coup du siècle.

Martin St-Louis, qui jure qu’il n’a encore rien décidé, laisse quand même planer un scénario qui fait grincer des dents : Demidov pourrait commencer la saison… loin du premier trio, dans un rôle « protégé », comprendre : on l’installe dans un petit enclos sécuritaire avec un casque sur la tête et un gilet pare-balles, loin de la tempête, mais aussi loin des vrais projecteurs.

Et pourquoi? Parce qu’à Montréal, il y a une vache sacrée qu’on n’ose pas toucher : le trio Suzuki-Caulfield-Slafkovsky.

Ce trio-là est devenu un totem, une religion. On ne le bouge pas, même pour accueillir le plus gros talent offensif depuis Guy Lafleur.

Slafkovsky n’a pratiquement jamais été testé ailleurs, comme si on avait peur de découvrir que, peut-être, il pourrait très bien produire avec d’autres joueurs.

Mais non. On préfère se dire que la formule est parfaite, et tant pis pour Demidov.

Pourtant, imaginez deux secondes Demidov et Caulfield autour de Suzuki… On parlerait d’une attaque éclair capable de transformer une simple entrée de zone en feu d’artifice, de rendre jaloux les Oilers et de faire pleurer les Bruins.

Mais non. La prudence, toujours la prudence.

À la place, le plan qui circule, c’est de le coller à Patrik Laine et Kirby Dach. Sur papier, ça sonne bien. Dans la vraie vie, c’est un mélange à pile ou face.

Patrik Laine, c’est capable de planter un tour du chapeau un mardi soir contre Buffalo et de disparaître dans un nuage de fumée pendant trois semaines.

Kirby Dach? Il revient d’une blessure qui l’a tenu à l’écart presque toute une saison. Alors oui, si la chimie prend, on peut avoir un trio explosif.

Mais si ça ne clique pas, on va se retrouver avec une deuxième ligne fantôme qui sert juste à reposer les jambes du premier trio.

Et bonne chance à Demidov pour accumuler des points dans ce désert offensif.

Ce n’est pas tout. Même en avantage numérique, Demidov pourrait se retrouver relégué sur la deuxième vague.

La première unité, c’est Suzuki, Caulfield, Slafkovsky, Laine et Lane Hutson. Point final.

Résultat : au lieu de 1 minute 30 de supériorité pour gonfler ses stats et faire briller son talent, il se contenterait de 30 à 35 secondes, quand l’adversaire a déjà dégagé deux fois la rondelle.

Sur une saison, ça peut faire la différence entre une récolte de 70 points qui te met dans la conversation du Calder… et un petit 45 points qui passe sous le radar.

Et à Montréal, on sait qu’un jeune qui ne produit pas tout de suite, c’est un jeune qu’on commence à critiquer dans les tribunes.

Le plus ironique dans tout ça, c’est qu’on dit vouloir « protéger » Demidov.

Mais le vrai danger, ce n’est pas de l’envoyer sur la première ligne, c’est de le condamner à évoluer avec des coéquipiers instables et de voir sa confiance s’effriter à vue d’œil.

Les histoires de talents mal gérés, le CH en a déjà écrit des chapitres entiers.

Alex Galchenyuk, trimballé à toutes les positions jusqu’à en perdre son identité.

Jesperi Kotkaniemi, lancé trop tôt dans des rôles qu’il ne pouvait pas assumer. Les cicatrices laissées par un mauvais départ peuvent durer toute une carrière.

Pendant ce temps, les réseaux sociaux s’enflamment déjà.

L’état-major aime dire qu’il n’écoute pas le bruit de fond… mais à Montréal, le bruit de fond se transforme vite en ouragan qui secoue toutes les certitudes.

Et il y a un autre facteur qu’on oublie trop vite : la fameuse profondeur à droite en défense et à l’aile.

Si on garde tous les gros noms, on se retrouve avec un effectif où personne n’a de vraie marge de manœuvre.

Huit défenseurs potentiels, un surplus d’ailiers, et pas assez de temps de glace pour tout le monde.

Résultat : tôt ou tard, quelqu’un devra bouger. Et si Reinbacher est prêt plus tôt que prévu, si Laine décide enfin de jouer comme un choix top-2, et si Dach reste en santé… alors l’organisation devra peut-être faire le choix que personne ne veut dire à voix haute : casser le trio intouchable, ou envoyer un vétéran ailleurs.

Et là, tout le monde va se demander si Matheson, par exemple, est vraiment intransférable.

Dans le fond, le vrai enjeu, ce n’est pas juste Demidov. C’est toute la dynamique offensive du Canadien.

Si on veut exploiter au maximum le talent qu’on a, il faut parfois briser les habitudes.

Slafkovsky a-t-il déjà été essayé sérieusement ailleurs qu’avec Suzuki et Caulfield?

Pas vraiment. Et si on le mettait avec Laine et Dach, et qu’on offrait à Demidov la chance de jouer avec le capitaine et Caulfield?

On pourrait découvrir deux trios offensifs capables de marquer n’importe quand.

Mais ça, ça demande du courage. Et à Montréal, on aime bien dire qu’on a du courage… tout en serrant très fort le volant à deux mains.

Le scénario alternatif existe déjà dans la tête des partisans : après une quinzaine de matchs, si la ligne Laine-Dach-Demidov ne produit pas, on tente le grand coup.

Demidov monte sur la première ligne, Slafkovsky glisse à gauche de Dach, et Laine devient la menace de tir.

C’est simple, logique, et ça donnerait une étincelle immédiate à l’attaque. Mais pour l’instant, on préfère jouer la montre. Peut-être que ça marchera. Peut-être qu’on se mordra les doigts.

La vérité, c’est qu’un joueur comme Demidov ne passe pas deux fois dans une organisation.

On parle d’un talent brut, capable de faire lever le Centre Bell sur une seule séquence.

Le garder « au chaud » trop longtemps, c’est comme laisser un feu d’artifice dans son emballage en se disant « on le sortira quand ce sera le bon moment ».

Sauf qu’au hockey, le bon moment, c’est souvent maintenant. Et si le CH veut vraiment passer de « belle petite équipe en reconstruction » à « aspirant sérieux », il faudra que les décisions reflètent cette ambition.

Pour l’instant, la douche froide est bien réelle. Le rêve Demidov-Suzuki-Caulfield reste sur la glace, au figuré comme au propre.

Mais les partisans savent une chose : les saisons sont longues, les plans changent vite, et les résultats dictent toujours la vérité finale.

Si d’ici quelques mois, Demidov ne décolle pas et que le fameux trio intouchable montre des signes d’essoufflement, il y a fort à parier que Martin St-Louis n’aura plus le luxe de jouer la prudence.

Et ce jour-là, ce ne sera pas seulement Demidov qui aura droit à une promotion… ce sera tout le monde au Centre Bell qui se demandera pourquoi on a attendu si longtemps pour briser le plan « parfait ».

À suivre...