Voilà où se trouve présentement l’état-major du Canadien de Montréal. Alors qu’on approche doucement de la mi-saison et que la pause de Noël permet une rare occasion de réflexion, une vérité brutale émerge : Montréal est coincé dans le pire des scénarios.
Trop bon pour viser le premier choix de 2025, mais pas assez pour rêver à une Coupe.
Le classement parle de lui-même : 31 points en 34 matchs, 26e rang de la ligue. C’est un no man’s land aussi frustrant qu’ennuyeux.
D’un côté, il y a la tentation de se dire que les séries sont encore atteignables. Après tout, les Sénateurs d’Ottawa, détenteurs du dernier billet pour le Wild Card, ne sont qu’à sept petits points.
Mais soyons honnêtes : avec une équipe pour qui il est un rare exploit de coller 3 victoires de suites depuis 3 ans, est-ce réaliste d'y croire?
Et c’est là que Gorton et Hughes doivent trancher. Parce que ce genre d’hésitation, ça coûte cher.
Vouloir courir après les séries, c’est accepter de sacrifier du temps de développement pour Juraj Slafkovsky, Lane Hutson et consorts.
C’est aussi potentiellement refuser de maximiser des actifs comme David Savard ou Jake Evans, qui pourraient rapporter gros sur le marché des transactions.
Mais d’un autre côté, que vaut vraiment une autre année à plonger dans les bas-fonds du classement?
Repêcher un autre joyau, c’est bien, mais à un moment donné, il faut apprendre à gagner.
Pour l’instant, ce qui semble émerger, c’est une reconstruction qui progresse, mais qui reste cruellement incomplète.
Oui, des piliers comme Nick Suzuki et Cole Caufield montrent des signes encourageants, mais est-ce suffisant pour propulser Montréal vers les sommets? Probablement pas.
Et c’est sans parler de l’éternel dossier de Juraj Slafkovsky, qui patine encore dans les attentes comme un jeune chevreuil sur une patinoire gelée.
À 7,6 millions par saison jusqu’en 2033, Slafkovsky doit finir par livrer. Sinon, on reparlera longtemps de cette fraude involontaire faite à Kent Hughes.
Mais revenons à la question centrale : que faire avec cette saison? Montréal a des espoirs prometteurs dans son pipeline : Ivan Demidov, Logan Mailloux, David Reinbacher, Owen Beck et Joshua Roy ne demandent qu’à éclore.
Mais ils n’aideront pas l’équipe dans l’immédiat. Alors, quel est le plan? Replonger dans les abysses pour repêcher un autre joyau à long terme, ou tout faire pour viser les séries dès maintenant?
C’est ici que le duo Hughes-Gorton devra faire preuve de vision. Car rester coincé entre les deux, c’est courir à l’échec.
Les partisans, eux, commencent à perdre patience. Trois ans de reconstruction, et on ne voit toujours pas la lumière au bout du tunnel.
Il y a un moment où il faut prendre des risques calculés. Si Montréal veut réellement amorcer une transition vers une équipe compétitive, il faudra investir dans des vétérans de qualité.
Des joueurs capables d’encadrer les jeunes et de les pousser vers des standards élevés. En ce moment, Montréal manque cruellement de ce genre de leader.
Et parlons-en des vétérans. Mike Matheson, Brendan Gallagher, et même Josh Anderson représentent bien ce que Montréal est aujourd’hui : des joueurs solides, mais qui ne mènent pas nécessairement à des victoires.
Alors, on fait quoi? On garde le noyau actuel et on espère que ça clique, ou on recommence encore une fois à tout démembrer?
La réponse doit venir vite, car la date limite des transactions approche à grands pas. Et chaque faux pas pourrait retarder de plusieurs années cette fameuse reconstruction.
Ce qui est frustrant, c’est que Montréal a tout de même les bases pour faire quelque chose d’intéressant. Une attaque centrée autour de Suzuki, Caufield, Patrik Laine et éventuellement Demidov.
Une défensive jeune et prometteuse avec Hutson, Guhle, Reinbacher, Mailloux et Xhekaj. Et dans les buts, Jacob Fowler montre déjà des promesses.
Mais tout cela doit être complété. Et pour compléter, il faut des décisions audacieuses. Ce n’est pas le temps d’avoir peur.
Alors, Kent Hughes et Jeff Gorton, il est temps de sortir les gros canons. Soit vous mettez toutes vos énergies à aller chercher de l’expérience pour encadrer ce noyau, soit vous déclarez officiellement que les séries, ce ne sera pas cette année, et vous vendez au plus offrant.
Mais la pire des choses que vous pourriez faire, c’est de continuer dans cet entre-deux frustrant. Ce n’est pas bon pour les joueurs, ni pour les partisans.
Parce qu’au final, le succès ne viendra pas en hésitant. Il viendra en choisissant une direction claire et en s’y engageant pleinement.
Et si Montréal veut redevenir une force dans la Ligue nationale, ce choix devra être fait. Et vite.
À suivre