Diamant russe disponible: un nouveau projet pour Martin St-Louis

Diamant russe disponible: un nouveau projet pour Martin St-Louis

Par Nicolas Pérusse le 2025-09-07

Il y a des joueurs qui intriguent, qui divisent, mais qui ne laissent jamais indifférents. Klim Kostin fait partie de cette race rare.

Ancien premier choix de la CHL européenne, sélectionné par les Blues de St. Louis en 2017, il traîne derrière lui une réputation de colosse au grand cœur, mais qui cherche encore sa chaise dans la LNH.

À 26 ans, il est de nouveau libre comme l’air. Et son profil crie le nom de Martin Saint-Louis.

Kostin, c’est un ailier de 6 pieds 4, 232 livres, capable de distribuer des mises en échec à la chaîne. Un joueur qui ne recule jamais, qui aime les batailles le long des rampes et qui, dans ses meilleures soirées, fait lever les foules.

Mais c’est aussi un joueur qui, malgré son talent brut, n’a jamais trouvé de constance offensive et dont le jeu défensif laisse cruellement à désirer. Le genre de patineur qui impressionne par moments, mais qui disparaît trop souvent. Un diamant brut? Ou une pierre trop lourde à polir?

Sa dernière saison à San Jose résume bien son dilemme. Trente-cinq matchs, un but, six passes, beaucoup de mises en échec, mais peu d’impact réel.

Dans une équipe en reconstruction, il n’a pas réussi à s’imposer comme une pièce centrale. Et pourtant, quand il parle de son passage à Edmonton, ses yeux brillent encore.

« À Edmonton, je voulais mourir sur la glace pour les fans », a-t-il confié récemment. Des mots forts, qui montrent l’intensité d’un joueur prêt à tout donner quand il se sent porté par la foule. « Les partisans comprenaient le hockey, ils voyaient les petites choses. Même si tu ne marquais pas, même si tu faisais une erreur, ils appréciaient que tu donnes tout. Je voulais aller sur la glace et mourir pour eux, pour leurs émotions. »

Ce n’est pas un hasard si Kostin rêve de retrouver les Oilers. Il a connu ses meilleurs moments là-bas, entouré de McDavid et Draisaitl, porté par une foule qui vibrait à chacune de ses charges.

Mais la réalité de la LNH est implacable : on ne revient pas toujours dans la même rivière. Edmonton a d’autres priorités salariales. Le Russe doit peut-être accepter que son chemin vers la rédemption passera ailleurs.

Et c’est là que Montréal entre dans le décor. Parce qu’un joueur comme Kostin, avec son intensité, son gabarit et son caractère, correspond exactement au type de projet que Martin Saint-Louis aime entreprendre.

Le coach du Canadien ne cherche pas seulement des statistiques, il cherche des hommes de caractère, capables de se dépasser quand on leur donne confiance.

On n’a qu’à penser à Josh Anderson. Longtemps critiqué pour son manque de constance, pour ses jeux ratées et ses longues disettes, il est devenu sous Saint-Louis un joueur respecté, craint par ses adversaires et apprécié dans son vestiaire.

Anderson ne marquera jamais 40 buts. Mais sous Martin, il a trouvé sa vraie chaise : celle d’un power forward capable de changer le rythme d’un match par une seule présence.

Kostin est taillé dans la même étoffe. Comme Anderson, il a le physique pour dominer, mais il a besoin d’un entraîneur capable de canaliser son jeu, d’accepter ses défauts et de valoriser ses forces. Martin Saint-Louis a déjà prouvé qu’il savait parler à ce type de joueur. Qu’il pouvait transformer ce qui semblait être une faiblesse en moteur de performance.

Le Canadien manque-t-il de profondeur à l’aile? Pas vraiment. Mais il manque toujours de joueurs capables de faire mal physiquement, de donner du rythme dans les moments plats. Kostin ne viendrait pas comme sauveur, il viendrait comme projet. Un pari à faible coût, mais au potentiel explosif.

Et il ne faut pas oublier la fibre émotive du bonhomme. Peu de joueurs parlent aussi ouvertement de mourir sur la glace pour les partisans. Kostin, malgré ses failles défensives, malgré ses lacunes, joue avec ses tripes.

C’est exactement le genre de joueur qui, dans un marché comme Montréal, peut devenir chouchou du public si le coach parvient à l’allumer au bon moment.

Martin Saint-Louis adore les défis. Il l’a dit souvent : son travail, c’est de trouver la bonne chaise pour chacun. Pas de forcer un joueur à devenir ce qu’il n’est pas, mais de lui donner un rôle où il peut briller. Kostin n’est pas un top-6 fiable, pas un compteur régulier. Mais sur un 4e trio, avec un mandat clair d’imposer le respect physiquement? Ça, il peut le faire. Et avec le bon encadrement, il peut même surprendre.

Reste à savoir si le Canadien est prêt à tenter le coup. Montréal n’a pas toujours été tendre avec les joueurs russes, et Kostin ne viendrait pas sans interrogations. Mais les paroles qu’il a laissées derrière lui à Edmonton résonnent comme une promesse. « Ce serait génial d’aider Connor et Leon à gagner la Coupe. Ils la méritent », a-t-il ajouté. Une déclaration d’amour à ses anciens coéquipiers, mais aussi la preuve d’une mentalité de soldat.

Klim Kostin ne changera pas le destin du Canadien à lui seul. Mais entre les mains de Martin Saint-Louis, il pourrait devenir plus qu’un simple ailier errant de la LNH.

Il pourrait enfin trouver sa chaise, et faire ce qu’il sait faire de mieux : donner son corps pour l’équipe et soulever une foule qui reconnaît l’effort brut.

Et si le Dynamo russe trouvait son nouveau souffle au Centre Bell?

Ce serait un projet à la Saint-Louis, un pari risqué, mais un pari qui pourrait, comme souvent avec lui, transformer un joueur perdu en guerrier retrouvé.