Depuis deux ans, Samuel Montembeault incarne la résilience tranquille du Canadien de Montréal.
Gardien numéro un par défaut, puis par mérite, puis par sacrifice, il a résisté aux critiques, aux rumeurs d’échange, à son contrat sous-évalué et au mirage olympique.
Mais voilà que, sans le vouloir, un jeune attaquant des Rangers de New York vient peut-être de signer l’arrêt de mort de ses espoirs à Montréal.
Son nom? Gabriel Perreault.
Son crime? Avoir dit la vérité.
Et cette vérité fait très, très mal à Montembeault.
Le moment fatal : « Le Canadien aura un bon gardien longtemps »
Interrogé par TVA Sports sur son ancien coéquipier à Boston College, Jacob Fowler, Gabriel Perreault a été sans pitié.
À travers des compliments répétés, sans nuance, sans mise en contexte, l’attaquant des Rangers a dressé le portrait d’un gardien déjà prêt, déjà dominant, déjà LE visage de l’avenir du CH devant le filet.
« Pendant deux ans, il a été notre meilleur joueur, a soutenu Perreault. Il a été excellent pour nous. Le Canadien aura un bon gardien longtemps. »
Cette dernière phrase est comme un poignard dans le cœur de Samuel Montembeault.
Pas « un duo avec Montembeault », pas « une future bataille pour le filet », pas « un espoir prometteur à développer lentement »…
Un bon gardien. Longtemps. Seul.
La phrase qui tue : « Il veut gagner et il va gagner ».
Perreault a poursuivi, comme s’il répétait une cassette que tous les joueurs de Boston College connaissaient par cœur.
« Oui, il était si fort que ça. Il nous a gagné tellement de matchs. Il se présente toujours à l’aréna avec le même état d’esprit. Il veut gagner et il va gagner. »
Encore une fois : pas de doute, pas de débat. Gabriel Perreault ne compare pas Fowler à Montembeault. Il le remplace.
Dans l’esprit de Perreault , et probablement dans celui de plusieurs joueurs de la LNH qui ont affronté Fowler, le gardien du futur à Montréal n’est plus une hypothèse. Il est là, déjà. Son nom est connu, ses statistiques sont gravées dans le marbre, et son poste est presque réservé.
Les chiffres qui confirment tout : 57 victoires, un trophée, et zéro doute
Jacob Fowler a compilé une fiche étourdissante de 57-13-3 en deux saisons dans la NCAA, avec une moyenne de buts alloués de 1,90 et un taux d’efficacité de .923. Il a même remporté le prestigieux trophée Mike-Richter, remis au meilleur gardien universitaire du pays.
Un trophée qui, dans bien des cas, agit comme un tremplin direct vers la LNH.
Mais Fowler n’est pas qu’un gardien d’élite statistiquement. Il est aussi, selon ses coéquipiers, un meneur, un clown, une bougie d’allumage dans le vestiaire.
« C’est un comique, un gars avec qui tu veux être chaque jour. C’est tellement plaisant d’être en sa compagnie. »
On est loin du cliché du gardien taciturne, mystérieux et fragile mentalement. Fowler est aimé. Populaire. Charismatique. Solide entre les oreilles.
Tout ce que les dirigeants du Canadien veulent bâtir à long terme.
Et Montembeault dans tout ça?
Pendant ce temps, Samuel Montembeault ronge son frein. Le gardien québécois, qui sera probablement troisième gardien pour le Canada aux Jeux olympiques, sait déjà qu’il ne verra pas de glace dans ce tournoi. Il sait aussi qu’à Montréal, tout est mis en place pour sa propre mise à l’écart progressive.
Le contrat de Montembeault n’a aucune clause de non-échange. Son salaire est ridiculement bas pour un gardien numéro un. Et surtout : son organisation n’a jamais parlé de lui comme du gardien d’avenir.
Même lorsque Montembeault gagnait des matchs à lui seul, même lorsque ses statistiques le plaçaient parmi les meilleurs gardiens canadiens, le CH parlait de patience avec Fowler, jamais de confiance envers Montembeault.
Le plus ironique, c’est que Fowler a déjà goûté au hockey professionnel, et avec brio.
Rappelé par le Rocket de Laval à la fin de la saison 2024-2025, il a remporté deux matchs sur trois en saison régulière, puis a mené le club jusqu’à la finale de la Conférence de l’Est en séries.
Un baptême du feu impressionnant.
Un signal clair à la direction.
Un avertissement brutal pour Montembeault.
Le poids des mots de Gabriel Perreault
Il ne faut pas sous-estimer la portée des propos de Gabriel Perreault.
Nous ne sommes pas ici dans le registre du compliment de politesse. Perreault a placé Fowler devant tout le monde.Devant Will Smith. Devant Ryan Leonard. Devant Cutter Gauthier. Devant lui-même.
« Pendant deux ans, il a été notre meilleur joueur. »
Perreault, c’est un choix de première ronde. Un espoir-vedette. Un joueur respecté. Ses propos ne sont pas pris à la légère dans les cercles du hockey.
Et quand il affirme que Fowler va gagner, il envoie un message fort à toute l’organisation du CH :
Pourquoi attendre? Pourquoi bloquer un tel gardien avec Montembeault?
L’effet domino sur le poste de numéro un
L’effet est clair.
Jacob Fowler n’est plus un projet. Il est une réalité.
Samuel Montembeault n’est plus un pierre angulaire. Il est une transition.
Kaapo Kähkönen et Jakub Dobeš ne sont plus des concurrents. Ils sont des bouche-trous.
Même dans l’état-major du Canadien, il devient difficile de défendre l’idée d’un long plan de développement pour Fowler.
Perreault vient de brûler l’étape.
Et Montembeault en est la victime collatérale.
Une sortie sans appel
Ce qui fait mal, c’est que Gabe Perreault ne l’a même pas dit méchamment. Il ne visait pas Montembeault. Il ne tentait pas de créer de la controverse.
Et pourtant, ses propos sont encore plus cruels parce qu’ils sont sincères.
Pas d’exagération. Pas d’enflure médiatique. Juste une vérité nue.
Fowler est exceptionnel. Fowler est prêt. Fowler est le futur.
Et donc, Montembeault n’est plus.
Il y a parfois des moments où le destin d’un joueur change, non pas sur la glace, mais dans une entrevue banale. Une phrase, une citation, une révélation peut tout basculer.
Cette entrevue de Gabriel Perreault, c’est ça.
C’est le début de la fin pour Samuel Montembeault à Montréal.
Pas parce qu’il a mal joué.
Pas parce qu’il a échoué.
Mais parce que le vent a tourné. Et ce vent, cette tempête sans pitié, c’est Gabriel Perreault qui l’a soufflée.
Jacob Fowler n’a que 20 ans.
Il a tout le temps du monde.
Mais il est déjà en train de forcer la main de Kent Hughes et Jeff Gorton.
Il est drôle. Il est bon. Il est champion.
Et il a maintenant la bénédiction publique d’un espoir d’envergure comme Gabriel Perreault.
On ne peut plus faire semblant. On ne peut plus le cacher à Laval.
Le rideau est levé. Le théâtre est prêt.
Et Montembeault, malgré lui, devra quitter la scène.