Il l’avait promis. Devant les caméras, avec sa fameuse tuque qui lui tombait dans les yeux et ce regard évasif, Patrik Laine avait assuré qu’on verrait « la meilleure version de lui-même » cette saison.
C’était censé être sa renaissance, sa rédemption, son retour en force après avoir passé des mois dans le programme d’aide de la LNH. Mais ce qu’on voit depuis le début du camp, c’est tout le contraire : une lente descente vers la sortie.
Hier encore, il a marqué. En avantage numérique, sur une passe en or de Demidov. C’est ça, Laine. Le tir parfait. Le moment figé. Mais dès que le jeu redevient fluide, qu’il faut patiner, lire le jeu, réagir, se battre pour la rondelle, Laine disparaît.
Son trio était un désastre. Aucun repli, aucune pression, aucun engagement. Contre une opposition truffée de jeunes et de joueurs marginaux, il a réussi à paraître lent, effacé, et presque désintéressé. Le verdict est cruel, mais juste : à forces égales, Patrik Laine est un poids mort.
Devant les médias, son malaise est.. malaisant. Il évite les questions, marmonne des banalités, baisse les yeux. Son discours est franc, certes, mais creux. Comme s'il voulait démontrer qu'il est lucide, mais sans avoir la force d’agir. Il dit que plusieurs gars dormaient sur la glace. Mais c’est lui qu’on a vu somnoler.
Dans le vestiaire, son énergie est lourde. Pas nécessairement toxique encore, mais pesante. Ses coéquipiers sentent qu’il n’est pas bien. Il joue en mode survie. Il parle peu, s’entraîne sans passion. Même quand il marque, il ne sourit pas. Il se traîne comme une âme en peine.
Et c’est là que Martin St-Louis se retrouve dans une position impossible.
S’il continue à faire jouer Laine dans le top-6, il compromet son message d’effort, de responsabilité, de jeu sur 200 pieds. Il trahit sa propre philosophie. Mais s’il le relègue sur un troisième trio, Laine va bouder. Il va tirer la langue dans le vestiaire. Il va briser l’énergie du groupe.
Car Laine est une patate chaude. On le savait. Et pourtant, Kent Hughes l’a livré à Martin St-Louis sans mode d’emploi.
Et le pire, c’est que Laine va faire la baboune. Il le fait déjà. Il s’isole dans le vestiaire, répond à voix basse aux journalistes, lance des flèches voilées dans ses réponses publiques.
Il donne l’impression d’être un joueur au bout du rouleau, sur le point de craquer. Et le vestiaire n’est pas aveugle. Si Saint-Louis le met sur le banc ou coupe ses minutes, il risque d’empoisonner l’ambiance. Mais s’il continue de le surutiliser, il tire tout le reste de léquipe vers le bas. C’est une véritable bombe à retardement.
Il faut le dire clairement : le Canadien aurait dû racheter Patrik Laine cet été.
C'était le moment parfait. Sa valeur était au plus bas, l’organisation pouvait tourner la page et libérer un poste pour un jeune. Mais non : Hughes a gardé Laine, misant sur un hypothétique retour en force.
Aujourd’hui, personne ne veut de son contrat. Personne ne veut d’un ailier unidimensionnel qui ne sait plus patiner. Même pour une bouchée de pain, aucun DG n’en veut. Et voilà pourquoi Martin St-Louis doit jongler avec ce has been, comme un chef qui doit cuisiner avec un ingrédient périmé.
Pendant ce temps, Ivan Demidov brille. Chaque soir, il déjoue deux joueurs, il électrise le jeu, il donne envie de croire. Kirby Dach devra retrouver ses jambes, mais on a déjà lâché la serviette dans son cas. Imaginez avec le poison Laine. Un cocktail nauséabond.
Et Zachary Bolduc cogne à la porte. Plus jeune, plus rapide, plus impliqué. Il dévore ses présences, il provoque, il crée. Il correspond exactement au profil que Saint-Louis valorise : intense, affamé, complet.
Alors pourquoi garder Laine dans l’équation? Pour qu’il continue à tuer le rythme à 5 contre 5? Pour qu’il ralentisse Dach et Demidov? Pour qu’il tire la couverture alors qu’il n’a plus rien à offrir?
Ce qui se dessine, c’est la chronique d’une implosion annoncée. Et Saint-Louis le sait. Son langage corporel hier était clair : il est exaspéré. Il sait qu’il est piégé. S’il brasse trop Laine, il déclenche une crise interne. S’il le protège, il perd son vestiaire.
Et Laine, lui, commence à montrer des signes. Il fera la baboune. Il va couper ses réponses. Il va isoler ses coéquipiers. Il va faire payer tout le monde pour son échec. C’est déjà commencé.
Le vestiaire le sait. Les jeunes le sentent. L’énergie se tend. Le malaise s’installe.
Il ne reste que deux options.
Reléguer Laine au troisième trio et annoncer qu’il est en compétition comme les autres.
L’écarter temporairement du groupe, prétextant une blessure ou un besoin d’entraînement ciblé.
Mais continuer comme si de rien n’était, c’est nourrir une fracture. Et dans une saison aussi importante pour le développement du noyau, Saint-Louis ne peut pas se le permettre.
Il a été abandonné par Hughes dans ce dossier. On lui a imposé Laine comme un test de leadership. Mais il ne doit pas tout payer.
La patience a ses limites. Et le vestiaire du CH est en train de les atteindre.
Martin St-Louis est piégé. D'un côté, un joueur désengagé, dépassé, qui menace de contaminer le vestiaire par sa frustration silencieuse. De l'autre, un groupe jeune, dynamique, ambitieux, qui sent que le passé bloque leur avenir.
Laine ne changera pas. Il ne redeviendra pas le marqueur de 40 buts qu’il était. Il n’a plus l’énergie, la volonté ni l’amour du jeu. Et en continuant de le protéger, le CH retarde une évidence : sa place n’est plus dans cette équipe.
Si Saint-Louis agit, il prend un risque. Mais s’il n’agit pas, il sacrifie l’avenir. La bombe Laine est amorcée. Il faut choisir entre la détonation lente, insidieuse, ou la chirurgie rapide et brutale.
Le départ de Patrik Laine est inévitable. Dans la tête de Martin St-Louis, il a déjà tranché.
Et pour une équipe qui veut se tourner vers 2026-2027, le choix est clair. Laine ne doit plus bloquer la route. Il doit la quitter.