Démission de Pascal Vincent: il ne pardonnera jamais à Martin St-Louis

Démission de Pascal Vincent: il ne pardonnera jamais à Martin St-Louis

Par David Garel le 2025-06-03

L'annonce du départ de Pascal Vincent de l'organisation du Canadien de Montréal fait l'effet d'une bombe.

C’est un véritable tremblement de terre médiatique qu’a provoqué Marco Normandin avec information exclusive qui clame que le coach du Rocket de Laval va quitter l'organisation du Canadien pour devenir adjoint avec une équipe de la LNH.

Dès que le journaliste a sorti son scoop, tout le monde a compris. Derrière les coulisses, ce n’est pas un simple changement de cap : c’est un message, un uppercut silencieux lancé en direction de Martin St-Louis.

Car ce que tout le monde évite de dire à voix haute, c’est que Vincent ne s’est pas fait montrer la porte. Il a décidé de partir. Et il aurait pu rester. Il aurait pu, logiquement, intégrer le personnel d'entraîneurs du Canadien. Mais il savait pertinemment qu’il n’y avait aucune place pour lui derrière le banc du Tricolore. Martin St-Louis n’en voulait pas.

Rappelons que pendant toute la saison, lorsque les Canadiens connaissaient des passages à vide — et il y en a eu plusieurs — le nom de Pascal Vincent revenait comme un boomerang dans les discussions des partisans et des journalistes.

Il était le candidat naturel pour remplacer St-Louis. Un entraîneur structuré, méthodique, gagnant à Laval. L’antithèse parfaite du coach « pee-wee » qu’est encore, malgré ses progrès, Martin St-Louis.

Ce nom qui revenait sans cesse, St-Louis ne l’a jamais oublié. Et il ne lui a jamais pardonné. Pour lui, Vincent est devenu une menace. Pas un collègue. Pas un adjoint. Une ombre, un fantôme qu’on voulait lui imposer.

Et dans cette ligue où les bancs sont petits mais les égos immenses, Martin St-Louis a tout simplement décidé de verrouiller les accès à son cercle rapproché.

Résultat : Pascal Vincent a compris le message. Il n’était pas le bienvenu. Pas tant à cause de Jeff Gorton ou de Kent Hughes. Mais à cause de Martin lui-même.

Et ça, c’est une donnée fondamentale. Vincent n’a pas quitté Laval parce qu’on ne voulait plus de lui. Il a quitté parce qu’il refusait d’être traité comme un moins que rien.

Il refusait de s’effacer derrière un entraîneur qui lui en voulait parce qu'il a longtemps été perçu comme son remplaçant éventuel.

À une époque pas si lointaine, tous les analystes se posaient la question : combien de temps encore avant que Pascal Vincent prenne la place de St-Louis? La pression était si forte que même les anciens joueurs du Canadien, dans les salons privés du Centre Bell, refusaient de croire à l’avenir de Martin comme entraîneur-chef.

Souvenons-nous des propos de Jean Perron, des sorties de Guy Carbonneau, des silences lourds d’Yvan Cournoyer.

Tous pointaient du doigt le manque de structure, la naïveté tactique et la posture d’isolement de St-Louis face aux critiques.

Jean Perron a affirmé à La Poche Bleue : « Les anciens ne vont plus au Centre Bell. Ils sont tannés de voir une équipe sans identité, sans caractère. Martin St-Louis, c’est un bon gars, mais ce n’est pas un coach. On voit trop de joueurs livrés à eux-mêmes. »

Cette perception alimentait une fracture générationnelle inquiétante. Les anciens, qui ont tout donné pour le chandail, peinaient à accepter une culture où l’on priorise la pédagogie sur l’exigence.

Pour plusieurs anciens, la présence de Pascal Vincent dans l’organisation incarnait une chance de redresser la barre.

Il représentait une passerelle entre l’expérience et la jeunesse. Qu’il quitte maintenant le navire pour aller prêter main-forte à Patrick Roy à Long Island ou Jon Cooper à Tampa Bay, c’est perçu comme un signal d’alarme : le CH est en train de gaspiller ses ressources les plus compétentes à cause d’un manque de vision… ou d’un excès d’orgueil.

La grogne des anciens est devenue un cri difficile à ignorer. Lors d’un événement privé dans le salon des anciens, un ancien joueur aurait dit à Jean Perron :

« On ne reconnaît plus le Canadien. On a l’impression que c’est une équipe de ligue de garage avec des chandails rouges. » Une déclaration dure, mais révélatrice d’un malaise profond.

Certains murmurent qu’il s’agissait de Serge Savard lui-même, sans qu’aucune confirmation officielle n’ait été donnée. Mais cela ne change rien à la réalité.

Les anciens demandaient du renfort. De la vraie expertise derrière le banc. Et Vincent incarnait cette solution évidente. Mais jamais Martin n’a laissé la porte ouverte. Pire encore : il a préféré continuer avec ses fidèles — Robidas, Letowski — des hommes loyaux, mais qui ne le remettront jamais en question.

Et ce refus d’ouverture s’est transformé en claque publique. Car aujourd’hui, avec le départ de Vincent, Martin St-Louis envoie un message : il préfère être le roi sans opposition, que de partager l’autorité avec un technicien plus qualifié que lui.

Et ce choix est lourd de conséquences. Parce qu’il prive l’organisation d’un des meilleurs cerveaux hockey de sa génération.

Pascal Vincent s’en va, oui. Mais il s’en va la tête haute. Et il laisse derrière lui une organisation qui, une fois encore, préfère la politique interne à la compétence pure. Martin St-Louis a peut-être gagné la guerre du vestiaire. Mais il vient de perdre un général.

Et quand les résultats flancheront qui viendra le sauver, cette fois?

Le départ de Vincent, ce n’est pas qu’un simple transfert d’entraîneur. C’est un aveu d’échec, une fracture révélée au grand jour.

Et ce que Martin St-Louis refuse encore de comprendre… c’est que cette fois, il ne pourra blâmer personne d’autre que lui-même.

Marty n’est pas un incompétent, mais il est encore, à bien des égards, un entraîneur en apprentissage. Ce n’est pas de sa faute. Sauf que dans une ville comme Montréal, ce genre de formation accélérée coûte cher.

On l’a vu cette saison encore, particulièrement lors du match contre les Capitals de Washington en séries, où St-Louis a été clairement surclassé tactiquement par Spencer Carbery.

Un coach d’expérience aurait probablement mieux navigué les ajustements demandés, notamment en troisième période.

Peut-être qu’un jour, St-Louis acceptera de s’entourer de véritables entraîneurs aguerris. Mais tant que son orgueil et son complexe du “je vais prouver que je suis capable seul” priment sur l’humilité, le Canadien se prive d’un encadrement plus complet.

Le départ de Pascal Vincent envoie ce message brutal.

Encore une fois, Martin St-Louis a choisi la sécurité de son confort à la menace d’un vrai technicien. Par orgueil. Par peur d’être challengé. Par réflexe de protection.

Un jour, peut-être, il comprendra que pour gagner dans la LNH, l’intuition ne suffit pas. Il faut aussi un plan.

Et surtout… un adjoint qui en sait plus que toi.