Demande de transaction: Owen Beck perd patience

Demande de transaction: Owen Beck perd patience

Par Marc-André Dubois le 2025-07-17
canadiens owen beck

Une bombe a explosé cette semaine à Columbus. 

Yegor Chinakhov, un ancien choix de première ronde des Blue Jackets, a publiquement demandé une transaction via les réseaux sociaux, dans une déclaration incendiaire relayée par son propre agent, Shumi Babaev.

Un geste extrêmement rare, mais ô combien révélateur du climat de frustration qui peut habiter un jeune espoir lorsqu’il sent que sa progression est bloquée, qu’on ne croit plus en lui, qu’on le repousse dans l’ombre. Et ce geste pourrait bien faire école ailleurs dans la LNH… notamment à Montréal.

Car dans le vestiaire des Canadiens, un autre jeune attaquant vit une descente aux enfers qui commence à ressembler étrangement à celle de Chinakhov. Son nom : Owen Beck.

Avant de parler de Beck, il faut comprendre l’onde de choc causée par la sortie de Chinakhov. Ce n’est pas tous les jours qu’un ancien choix de première ronde, encore sous contrat, décide de se servir des médias sociaux pour mettre son organisation devant le fait accompli. 

Dans sa déclaration, le joueur russe de 24 ans a lancé, sans détour :

« J’ai eu quelques malentendus avec l’entraîneur au cours de la saison. À ce stade, je serais ouvert à un échange et j’aimerais avoir l’occasion de rejoindre une autre équipe. »

Le message est clair, sans pitié, même brutal. Et il en dit long sur la frustration accumulée par un joueur coincé entre les blessures, les décisions du coach, et une hiérarchie qui ne veut plus lui faire confiance.

Un joueur, faut-il le rappeler, repêché 21e au total en 2020, qui avait pourtant montré de belles choses dans la LNH (71 points en 175 matchs) mais que l’organisation de Columbus semble désormais considérer comme un pion secondaire.

La goutte de trop? Une mise à l’écart prolongée, des incompréhensions avec le coaching staff, et cette impression d’être écarté des plans.

Et c’est précisément cette spirale qui menace maintenant de frapper Owen Beck à Montréal.

Selon ce qui circule, l'attaquant qui est victime d'une dégringolade silencieuse, est en train de perdre patience.

Owen Beck a 21 ans. Il est jeune, discipliné, intelligent, fiable sur 200 pieds. À première vue, c’est un profil parfait pour un quatrième centre dans la LNH, et on aurait pu croire que la saison 2025-2026 allait enfin être la sienne. Mais voilà : tout s’effondre.

Car depuis quelques semaines, la place d’Owen Beck dans l’organisation du Canadien ne cesse de reculer. De recul discret en revers cinglant, il est passé d’espoir prometteur à monnaie d’échange potentielle.

Le premier coup dur est venu lorsque le Canadien a tenté de le glisser dans une transaction avec les Islanders de New York dans le méga-échange qui a permis de rapatrier Noah Dobson.

Le CH aurait offert Beck, les choix 16 et 17 du repêchage, mais les Islanders ont préféré Emil Heineman. Un désaveu en bonne et due forme. Une gifle publique. Montréal aurait été prêt à le sacrifier pour obtenir un défenseur top-4, et le club visé a même refusé.

Et puis, autre claque : la signature de Joe Veleno. Un centre au style défensif, mature, fiable… exactement le profil de Beck. 

Un vétéran qui vient le bloquer net dans l’échiquier du Canadien. Car Montréal ne fera pas de la rotation entre Veleno, Evans, Gallagher et Beck sur un quatrième trio.

Et Beck ne jouera pas 8 minutes par match pour tuer des punitions. On le sait déjà : il va retourner à Laval. Encore.

Un avenir bouché, un profil oublié.

Pour Beck, c’est une chute cruelle. On parle tout de même d’un joueur repêché 33e au total en 2022, qui avait déjà été rappelé en urgence pour un match avec le Canadien avant même sa majorité. Il était vu comme un centre d’avenir, capable de pivoter un trio de soutien à la Phillip Danault.

Mais les dernières décisions de la direction montrent qu’il n’a plus la cote. Joshua Roy et Oliver Kapanen sont désormais considérés comme plus dynamiques, plus prometteurs, plus “impactants”, tandis que Beck, avec son jeu cérébral mais discret, ne fait plus rêver personne.

Et dans ce contexte, la tentation de suivre l’exemple de Chinakhov devient réelle. Le parallèle est troublant : comme lui, Beck est un espoir en perte de vitesse, coincé dans une organisation qui ne sait plus trop quoi faire avec lui.

Comme lui, il voit des joueurs moins talentueux lui passer devant, parce qu’ils ont un style plus flamboyant, plus vendeur. Et comme Chinakhov, il pourrait en venir à se dire que son salut ne viendra qu’ailleurs.

Ce qui rend la situation encore plus toxique pour Beck, c’est le contexte ultra-compétitif à Montréal. Le CH croule sous les jeunes attaquants : Roy, Kapanen, Veleno, Blais et Beck... vont se battre pour deux postes. C’est une jungle. Et dans cette jungle, Beck est un agneau.

Il voit ses chances s’envoler. Il entend son nom être associé à toutes sortes de “throw-in” qui ne valent rien dans une éventuelle transaction pour Sidney Crosby ou un autre 2e centre. Il comprend qu’on ne croit plus vraiment en lui. Et surtout, il sait que le temps joue contre lui.

À 21 ans, il n’est pas fini. Mais s’il ne joue pas dans la LNH cette année, il risque de devenir l’éternel espoir qu’on redescend sans état d’âme. 

Il ne veut pas devenir le prochain nom oublié sur une feuille d’alignement de la AHL.

Et c’est là qu’entre en jeu le spectre de la demande publique. Si l’exemple de Chinakhov fait école, c’est parce qu’il montre une voie. 

Une manière de reprendre le contrôle. De dire : “Je ne veux plus attendre, je veux jouer. Et si ce n’est pas ici, alors ce sera ailleurs.”

Beck n’est pas du genre flamboyant. Il est discret. Mais sa frustration est réelle, évidente, grandissante. Si on l’envoie à Laval encore une fois, si on le rétrograde derrière Roy et Kapanen dans la hiérarchie, il pourrait très bien craquer. Il pourrait sortir du silence. Et lancer, à son tour, une demande de transaction.

Pour Kent Hughes, la gestion de Beck devient un cas-test. Il faut décider s’il fait encore partie du plan, ou s’il faut le libérer. Mais le laisser végéter dans l’entre-deux, c’est risquer de transformer un jeune loyal en bombe médiatique.

Et on le sait : une demande publique à Montréal, ça fait exploser les lignes ouvertes. Ça met la direction sur la défensive. Ça crée une crise. Et surtout, ça nuit à l’image de l’organisation auprès des jeunes espoirs.

Un choix à faire… avant qu’il ne le fasse lui-même...

Owen Beck est à la croisée des chemins. Encore une semaine, encore un mauvais message, encore un autre centre signé, et la corde pourrait casser. Il n’a que 21 ans. Mais il commence déjà à être vu comme “le gars qu’on n’a pas su développer.”

Et si Montréal ne veut pas être pris de court, elle ferait bien de clarifier ses intentions… avant que Beck ne clarifie les siennes. Parce que le jour où il imitera Chinakhov, il sera trop tard pour recoller les morceaux.