Il y avait de l’électricité dans l’air hier soir à la Place Bell. Le Rocket de Laval, devant une foule bruyante et habitée, a confirmé sa première place au classement général de la Ligue américaine de hockey.
Une grande soirée. Un moment de fierté pour tout un groupe. Mais pendant que les partisans célébraient et que les joueurs savouraient l’instant, un jeune homme restait à l’écart, la tête un peu plus basse que les autres. Ce jeune homme, c’est Joshua Roy.
Celui qui, il y a quelques semaines à peine, croyait qu’il allait terminer la saison dans la Ligue nationale. Celui qui croyait — peut-être un peu naïvement — que ses efforts allaient enfin être récompensés.
Mais non. Le verdict est tombé, et il a été brutal : Joshua Roy ne participera pas aux séries éliminatoires de la LNH. Le Canadien de Montréal a tranché. Et l’organisation n’a pas simplement tranché : elle l'a trahi.
Car ce n’est plus un secret : le CH ne croit plus en Joshua Roy. Il n’est plus vu comme un espoir clé. Trop lent, trop nonchalant, trop de coins ronds tournés.
Voilà ce qu’on lui reproche. Voilà ce qui l’a ramené à Laval. Voilà ce qui fait que, désormais, des rumeurs persistantes suggèrent que Roy pourrait être échangé cet été, qu’il ne fait plus partie du plan à long terme.
Et hier, avant de voir son équipe obtenir le 1er rang de la AHL, Pascal Vincent n’a pas fait semblant. Il n’a pas essayé de protéger Roy comme un enfant. Il n’a pas mis de sucre autour de la vérité. Il a dit ce qu’il avait à dire, avec sincérité, avec lucidité, avec bienveillance, mais sans faux-semblants.
« On peut le renforcer avec lui. Il peut le faire, mais pour le maintenir, il va devoir faire un gros été. Il va devoir travailler cet été pour créer ce rythme.
Il est capable. Il s’agit de le maintenir de manière constante, que ça devienne partie intégrante de son ADN. On en a parlé toute l’année, et quand il joue avec du rythme… wow, c’est un excellent joueur. » a affirmé le coach au journaliste Chris G. de Rocket Sports.
Ce sont des paroles percutantes. Ce sont aussi des paroles justes. Roy a toujours été un joueur de séquences, un joueur qui impressionne un soir et qui disparaît le lendemain. Et c’est ça, le problème. Le Canadien veut des joueurs fiables. Constamment.
Lors d’un point de presse en mars dernier, Martin St-Louis a tenu des propos clairs concernant Joshua Roy :
« Nous n’allons pas le tenir par la main », a-t-il déclaré, soulignant que Roy devait développer son autonomie pour s’établir dans la LNH.
« Roy ne doit pas s’attendre à ce qu’on le guide comme des parents le feraient avec leur nouveau-né. »
Cette déclaration mettait en lumière l’attente de l’entraîneur envers Roy de prendre en main son développement professionnel sans dépendre constamment du personnel d’encadrement.
Ce n’est pas la première fois qu’on remet en question l’éthique de travail de Joshua Roy. Dès son arrivée à Laval, on lui reprochait son engagement défensif, son manque de vitesse, sa paresse sur certaines séquences.
Il a tenté de redresser la barre. Il a connu des éclairs de brillance. Mais jamais il n’a su imposer un standard, jour après jour, match après match. Et dans une ligue aussi impitoyable que la LNH, ça ne pardonne pas.
Plus tôt cette saison, certains observateurs avaient cru que Roy allait être rappelé à Montréal pour de bon. Il avait connu de bons matchs. Il avait même été utilisé sur des unités spéciales.
Mais à chaque fois, une chose revenait : il manquait de « pace ». Il ralentissait le jeu. Il ne s’adaptait pas au tempo de la LNH.
Et Martin St-Louis, qui n’a jamais caché qu’il valorise la vitesse et la constance, a vite compris que Joshua Roy n’était pas encore prêt.
Ce qui est cruel dans cette histoire, c’est que Roy, lui, y croyait. Il s’est entraîné fort l’été dernier. Il avait fait des sacrifices. Il avait même commencé à modifier son style de jeu pour coller aux exigences du système de St-Louis. Et pourtant, ça n’a pas suffi. Il est revenu à Laval. Et même là, il n’a pas toujours su dominer.
Alors oui, les paroles de Pascal Vincent font mal. Mais elles sont vraies. Roy a besoin d’un été charnière. D’un été de transformation. S’il veut devenir un joueur de la LNH, il va devoir réécrire son ADN.
Il va devoir apprendre à jouer vite. À penser vite. À agir vite. À travailler vite. Sinon, il restera ce qu’il est pour l’instant : un joueur entre deux niveaux. Trop bon pour la Ligue américaine. Trop lent pour la Ligue nationale.
Le plus triste, c’est que Roy a du talent. C’est indéniable. Il a de belles mains, une vision du jeu exceptionnelle, un sens offensif raffiné. Mais il ne suffit pas d’avoir du talent. Dans la LNH d’aujourd’hui, il faut que ce talent s’exprime à toute vitesse. Il faut qu’il s’accompagne d’un effort irréprochable.
Pascal Vincent, hier, a démontré qu’il avait une vision claire de ce qu’il fallait à Joshua Roy pour réussir. Il ne lui a pas donné de passe-droit. Il ne lui a pas lancé de fleurs inutiles. Il lui a donné un ultimatum déguisé : change ton ADN, ou dis adieu à la LNH.
Rappelons-nous que Joshua Roy a été repêché tardivement malgré des statistiques offensives monstrueuses dans le junior.
Déjà à l’époque, les recruteurs lui reprochaient son manque d’implication, son jeu défensif négligé, et sa lenteur. Le CH avait pris un pari en croyant pouvoir modeler son jeu. Mais ce pari, aujourd’hui, semble de plus en plus risqué.
Et ce n’est pas un hasard si, selon plusieurs observateurs, le nom de Joshua Roy circule déjà dans les bureaux de la LNH comme monnaie d’échange potentielle.
Une équipe comme Anaheim ou San Jose pourrait être intéressée. Un nouveau départ, loin de la pression de Montréal, pourrait peut-être rallumer la flamme. Mais à Montréal, le constat est de plus en plus brutal : Joshua Roy ne fait plus partie du futur.
La déclaration de Pascal Vincent ne faisait pas que résumer un match. Elle mettait en lumière tout un parcours, tout un malaise, toute une déception. Ce n’était pas seulement l’analyse d’un entraîneur. C’était l’aveu que Roy est en train de perdre le fil de son destin.
Ce n’est pas la fin, mais c’est le moment critique. Soit Joshua Roy prend cette déclaration comme un tremplin et transforme radicalement son approche, soit il deviendra ce que trop d’anciens espoirs sont devenus : un éternel joueur de la ligue américaine.
Le Rocket est en tête. Le vestiaire célèbre. Mais Joshua Roy, lui, sait que tout pourrait lui échapper. Il a entendu Pascal Vincent. Et il sait ce qu’il doit faire.
Maintenant, il n’a plus d’excuse.