Décision controversée à Brossard: Owen Beck frappe un mur

Décision controversée à Brossard: Owen Beck frappe un mur

Par Nicolas Pérusse le 2025-09-18

Le camp du Canadien vient à peine de s’ouvrir à Brossard, et déjà, les lignes de force sont tracées.

Martin St-Louis a eu le courage, ou l’audace, de couler son top-6 dans le béton dès le premier jour. Suzuki, Caufield, Slafkovsky d’un côté. Dach, Demidov et Laine de l’autre. Fin du suspense.

Le vrai drame, lui, se déroule plus bas. Dans les entrailles de l’alignement. Dans ce bottom-6 devenu une jungle. Et au cœur de cette jungle, un nom attire l’attention : Owen Beck.

Il devait profiter du tournoi des recrues pour envoyer un message clair. Mais il n’a rien envoyé du tout. Invisible. Effacé. Relégué derrière l’ombre de ses coéquipiers. Alors que Kapanen faisait tourner les têtes et que Demidov confirmait son statut de phénomène, Beck passait à côté de son audition.

C’est brutal, mais c’est la réalité.

À l’heure où les projecteurs s’allumaient sur Demidov, ce joyau qui fait déjà rêver les partisans, Beck n’était qu’un figurant. Pire encore, c’est Oliver Kapanen qui a fait éclater la hiérarchie en s’imposant comme le centre des discussions.

On s’attendait à ce que Beck soit celui qui pousse fort, celui qui force la main à St-Louis. Mais dans ce camp, c’est Kapanen qui respire la confiance.

Martin St-Louis ne l’a pas dit devant les micros, mais la composition des groupes parle pour lui. Beck est coincé dans le Groupe B, au milieu d’Anderson, Gallagher, Newhook, Evans et Bolduc. Autrement dit : le ventre mou. Le groupe des gars qui se battent pour ne pas être laissés derrière.

Pendant ce temps, Kapanen est ailleurs. Isolé dans le Groupe A, avec Dach, Demidov et Laine. Une promotion silencieuse, mais lourde de sens.

Le message est clair : Beck est en train de perdre du terrain.

On peut parler d’un coup de massue psychologique. Car depuis son repêchage, Beck traîne cette étiquette flatteuse de joueur intelligent, capable d’exceller dans les deux sens de la patinoire. On le voyait déjà comme le futur Jake Evans amélioré. Mais au moment de montrer ses aptitudes, il s’effondre.

Son tournoi des recrues a été terne. Pas de grosses séquences. Pas d’éclats d’un jeune qui veut briser la porte du vestiaire du Canadien. Et aujourd’hui, ça lui coûte cher.

Pendant que Demidov faisait lever le plafond avec ses passes lumineuses, Beck accumulait les chiffres invisibles. Pendant que Kapanen s’imposait avec son flair offensif et son jeu de transition, Beck se noyait dans l’anonymat.

On parle d’un joueur qui devait profiter de l’absence de vétérans pour briller. Mais au lieu de briller, il s’est éteint.

C’est là que la dramaturgie s’installe. Car dans le bottom-6 actuel, chaque chaise est comptée. Anderson se bat pour prouver qu’il n’est pas un boulet. Gallagher lutte contre son corps et son âge. Newhook tente désespérément de retrouver sa place dans l’échiquier. Bolduc ronge son frein, persuadé qu’il mérite mieux. Evans joue sa survie à chaque présence.

Et Beck, lui, devait être celui qui montait. Celui qui imposait sa fougue, qui faisait peur aux vétérans. Or, il ne fait peur à personne.

À l’inverse, Kapanen s’impose déjà comme une énigme positive. Les observateurs à Brossard le voient plus confiant, plus affamé. Il a compris que sa seule chance était de se démarquer rapidement, et il a sauté dessus. Placé avec Dach, Laine et Demidov, il respire l’air du top-6, même s’il n’y appartient pas encore.

C’est ça qui fait mal à Beck. Son rival direct a réussi exactement ce que lui a échoué.

Et c’est ici que la direction du Canadien envoie un signal inquiétant : les jeunes ne sont pas tous traités également. Demidov a déjà sa piste de décollage. Kapanen a droit à son test dans le groupe élite. Beck, lui, doit se battre dans la boue.

Le constat est implacable : le Canadien croyait avoir trouvé un joyau caché avec Beck. Mais deux ans après son repêchage, il ressemble davantage à une pièce interchangeable. Et dans un bottom-6 déjà surchargé, une pièce interchangeable est une pièce sacrifiable.

Ce n’est pas qu’il soit mauvais. C’est qu’il est invisible. Et dans une organisation où la hiérarchie se dessine à coups de performances spectaculaires, l’invisibilité est une condamnation.

On peut rappeler que Martin St-Louis aime les joueurs qui foncent. Qui imposent leur rythme. Qui font lever la foule et les bancs de presse. Beck n’a pas cette audace en ce moment. Et tant qu’il ne l’aura pas, il restera dans l’ombre.

Le contraste est cruel. D’un côté, Demidov incarne le feu d’artifice, la promesse d’un futur radieux. De l’autre, Kapanen incarne la surprise, le joueur qui déjoue les attentes. Et au milieu, Beck incarne la déception.

Le Canadien ne l’avouera jamais publiquement. Mais dans les couloirs de Brossard, on le sait déjà : Beck n’a plus d’avance. Il est en retard. Et le train ne l’attendra pas.

À 20 ans, il est déjà en danger de devenir un nom de trop. Une pièce qu’on envoie à Laval, qu’on oublie dans les méandres du Rocket, pendant que d’autres écrivent leur place à Montréal.

C’est ça, le drame du camp 2025. Ce n’est pas le top-6 qui attire l’attention – il est déjà écrit. C’est le bottom-6, ce champ de bataille où chaque joueur doit montrer les dents. Et Beck, pour l’instant, ne mord pas.

Il reste encore du temps, oui. Les matchs intra-équipes, la pré-saison, les blessures qui ouvriront des portes. Mais la première impression est déjà faite. Et elle est mauvaise.

Dans un vestiaire où la hiérarchie se cristallise dès le premier jour, Beck a raté son rendez-vous. Et pendant qu’il cherche encore sa place, Kapanen la prend.

C’est peut-être injuste, mais c’est ainsi que fonctionne le hockey de haut niveau. Tu as une fenêtre pour frapper fort. Si tu ne la prends pas, quelqu’un d’autre la prend pour toi.

Et en ce moment, Owen Beck regarde Oliver Kapanen lui voler la lumière.

La saison ne fait que commencer, mais pour Beck, le compte à rebours est déjà lancé.