Déboires de Jonathan Marchessault: cauchemar à Toronto

Déboires de Jonathan Marchessault: cauchemar à Toronto

Par Marc-André Dubois le 2025-06-13

C’est un scénario cauchemardesque, un retour en enfer pour Jonathan Marchessault. Imagine le pire : ton nom est rejeté, déchiré en morceaux, par ceux pour qui tu aurais tout donné.

Personne ne veut de ton contrat, personne ne veut faire face à tes 5,5 M$ par année pour quatre saisons encore. Les Predators n’ont aucun autre choix que de te garder si aucune transaction possible ne survient et ils resteront enlisés dans les profondeurs du classement.

Puis, le déni de Montréal. le CH a refusé de t’approcher cet été, tu as rejeté leur offre de deux ans, puis maintenant, t’as la porte fermée à double tour. Tu reviens suppliant, mais le Québec t’a tourné le dos.

Marchessault a ensuite snobé par les Maple Leafs, eux aussi pas intéressés à prendre un aile droit vieillissant avec un salaire élevé.

Tout le monde l’a vu à Toronto. Marchessault semblait excité. Il voyait un rôle offensif évident aux côtés d'Auston Matthews. Il voulait une ville de hockey, il l’avait dit : « Je veux vivre la passion du hockey au quotidien. »

C’est un cauchemar comme seule la LNH sait en offrir à ses héros d’un soir. Un scénario cruel, froid, sans pitié. Jonathan Marchessault, ancien récipiendaire du trophée Conn Smythe, champion de la Coupe Stanley avec les Golden Knights, en est aujourd’hui réduit à une caricature tragique : celle du vétéran rejeté de partout, trop cher, trop vieux, trop bruyant. Personne n’en veut. Pas même le club de son cœur. Pas même le Canadien de Montréal.

Et pourtant, l’histoire avait tout d’un retour triomphal. Marchessault, Québécois pur laine, natif de Cap-Rouge, avait tourné le dos au CH l’été dernier, préférant l’argent des Prédateurs de Nashville à l’émotion d’un retour au bercail.

Il avait alors justifié sa décision en s’attaquant indirectement à la pression montréalaise, évoquant le climat étouffant de la métropole, les médias trop présents, la difficulté de protéger ses enfants d’un environnement qu’il jugeait hostile.

« Je veux qu’ils puissent grandir dans une ville où on n’analyse pas chaque coup de patin de leur père. »

Il avait aussi ajouté, dans un ton qui en disait long sur son mépris : « Je suis allé souvent à Montréal… une semaine à la fois, en été, c’est bien en masse. »

Pour les partisans du Canadien, c’était une gifle. Une insulte. Et pour Kent Hughes, une claque sur la table des négociations.

Le DG avait mis fin à toute discussion, préférant concentrer ses ressources sur d’autres priorités. À l’époque, certains avaient murmuré que le contrat proposé par le CH était raisonnable : deux ou trois ans, autour de 5 millions par saison. Marchessault, lui, voulait cinq ans. Il voulait la retraite dorée. Il l’a eue… à Nashville.

Mais voilà que tout bascule. Après une saison moyenne, dans un marché isolé, loin des projecteurs, Marchessault aurait confié à ses proches et selon Frank Seravalli, l’aurait même ouvertement évoqué qu’il serait « ouvert à être échangé à Montréal ». Montréal, qu’il avait fui. Montréal, qu’il avait humiliée. Montréal, qu’il supplie désormais, en silence, d’ouvrir à nouveau sa porte.

Le problème? C’est trop tard. Le vent a tourné. Le karma frappe fort. Le contrat de Marchessault. 5,5 millions par saison jusqu’en 2028-2029, est aujourd’hui considéré comme un salary dump. Une erreur stratégique que Barry Trotz voudrait corriger… mais que personne ne veut absorber. Pas même les Maple Leafs de Toronto, qui avaient brièvement considéré l’idée avant de la rejeter. Pas même les équipes en manque de leadership.

Et surtout, pas Montréal. Sur les réseaux sociaux, la sentence est tombée.

« Trop petit », « trop vieux », « sur la pente descendante », « c’est un autre Gallagher », « on a déjà Laine, on ne veut pas Marchessault », peut-on lire dans des centaines de commentaires.

Certains vont jusqu’à dire : « Il avait juste à signer l’an passé. Qu’il vive maintenant avec ses choix. »

D’autres sont encore plus tranchants : « On ne veut pas être une équipe de préretraités. »

Et même dans les médias, la sympathie s’est évaporée. Jean-Charles Lajoie, dans l’un de ses segments les plus déconnectés, a suggéré que Marchessault pouvait servir de monnaie d’échange pour gravir dans le repêchage et mettre la main sur Caleb Desnoyers.

Une vision stratégique qui ne tient debout que si l’on traite Marchessault comme un morceau de viande. Et il l’a fait, avec condescendance, sans même mentionner le retour possible à Montréal comme un scénario valable.

Pour un joueur comme Marchessault, c’est une gifle de trop. Être considéré comme un simple poids salarial, un pion de transaction, un obstacle à absorber… Voilà le prix de ses choix.

Et pendant ce temps, sa famille, elle aussi, doit encaisser. Car quand un père de famille est rejeté par sa propre province, par le club de son enfance, par les partisans qu’il a peut-être trop vite oubliés, c’est un drame humain.

« Mes enfants ont appris à m’aimer dans mes victoires », avait-il dit. Aujourd’hui, ils doivent apprendre à aimer leur père dans le rejet. Dans le silence. Dans l’indifférence.

Le CH pourrait-il faire un effort? Peut-être. Mais à quel prix? Retenir la moitié du salaire? Envoyer un Josh Anderson en retour? Anderson, malgré son contrat, a été un guerrier en séries. Il frappait tout ce qui bougeait. Il est aimé du vestiaire. Et même s’il coûte 5,5 millions jusqu’en 2027, il n’est plus considéré comme un boulet. À l’inverse de Marchessault.

Kirby Dach? Peut-être. Son contrat de 3,4 millions jusqu’en 2027 est gérable. Mais Nashville cherche-t-elle un centre de 23 ans qui sort d’une blessure grave, pour faire l’acquisition d’un ailier de 34 ans en déclin? Rien n’est moins sûr.

Et Brendan Gallagher? Inutile d’y penser. Barry Trotz ne voudra jamais d’un autre vétéran au contrat lourd. Il veut rajeunir. Il veut du souffle neuf. Pas des legs encombrants.

Alors où va Marchessault? Probablement nulle part. Il reste à Nashville. Pris au piège. Condamné à porter le chandail d’une équipe qui ne voulait pas vraiment de lui, et d’une ville qu’il n’a jamais choisie pour son amour du hockey, mais bien pour les zéros sur son chèque.

Et Montréal, pendant ce temps, rêve à d’autres choses. Un vrai deuxième centre. De la jeunesse. Du souffle. Pas un retour par la petite porte d’un ailier trop payé.

C’est ça, le cauchemar de Jonathan Marchessault. Être indésirable. Être ignoré. Être devenu, en un an, la caricature de ce qu’il redoutait le plus : un joueur qu’on voulait hier, mais dont personne ne veut aujourd’hui.

Et pendant que le jardin pousse à Montréal, pendant que l’espoir fleurit avec Guhle, Reinbacher, Hutson, Slafkovsky et Demidov, la graine Marchessault, elle, est restée dans l’ombre. Sans racine. Sans avenir. Et sans pardon.

Un an plus tard, Montréal s’en sort très bien… sans lui.