David Reinbacher à Pittsburgh: Renaud Lavoie ouvre la porte

David Reinbacher à Pittsburgh: Renaud Lavoie ouvre la porte

Par David Garel le 2025-10-15

Quand Renaud Lavoie parle, certians écoutent, d'autres se ferment les oreilles.

Mais force est d'admettre que Renaud a assez de crédibilité pour parler sur les ondes de Sportsnet. Et cette fois, ce qu’il a dit à dépasse la simple rumeur : c’est une déclaration qui fait trembler le Québec en entier.

Montréal est prêt pour Sidney Crosby. Pas par caprice, pas pour un coup de pub. Prêt parce qu’il y a un plan. Prêt parce qu’il y a une vision. Et surtout, prêt parce que Jeff Gorton et Kent Hughes ont compris que la fenêtre pour accueillir une légende comme Crosby sans se compromettre vient d’être entrouverte.

« Je pense que Montréal, et probablement quelques autres équipes, attendent de voir ce qui va arriver avec Sidney Crosby. À un moment donné, Sidney va vouloir quitter Pittsburgh et se dire : je veux aller gagner une autre Coupe Stanley. »

Renaud Lavoie ne tourne pas autour du pot. Il ne parle pas d’un fantasme, il décrit une mécanique : celle d’un joueur fatigué de tirer seul un navire en perdition, et celle d’un club, le Canadien de Montréal, qui se place méthodiquement pour être la solution. Mais ce qu’il ajoute ensuite est encore plus révélateur :

« Les Canadiens doivent être prêts pour ce moment-là. Ils doivent s’assurer d’avoir de l’espace sous le plafond, de ne pas être menottés. »

Voilà pourquoi le contrat de Carey Price a été déplacé avant le camp. Voilà pourquoi Gorton a répété cette semaine qu’il ne voulait pas faire le “mauvais mouvement”. Et voilà pourquoi Lavoie martèle que Montréal n’est pas pressé, mais prépare chaque détail.

Il n’y a pas de hasard dans le timing. Lavoie l’a rappelé avec justesse :

« C’est pour ça qu’ils ont échangé le contrat de Carey Price avant le début du camp. C’était important pour eux de créer de l’espace. »

On comprend donc que cette manœuvre comptable, qui semblait purement administrative, cache une réflexion stratégique : être prêts pour une transaction majeure. Montréal a désormais la flexibilité d’accueillir un contrat comme celui de Crosby sans s’asphyxier. Et dans une Ligue où chaque dollar compte, c’est une différence capitale.

Mais Gorton et Hughes ne sont pas naïfs. Ils savent que Pittsburgh, malgré ses deux premières victoires (puis deux défaites), s’en va vers une saison de démolition. I

ls savent que Dubas veut rajeunir, récupérer des choix, reconstruire à la base. Et ils savent que le rapport de force changera complètement si Crosby décide lui-même de quitter.

« Si Sidney dit : c’est Montréal ou rien, les Penguins n’auront pas beaucoup de levier. »

Cette phrase de Lavoie vaut son pesant d’or. Parce qu’elle confirme que l’initiative viendra du joueur. Que Crosby, comme Claude Giroux ou Patrick Kane avant lui, choisira sa destination. Et si cette destination est Montréal, Dubas devra s’adapter, pas l’inverse.

Montréal prépare, Pittsburgh hésite

Lavoie l’a répété :

« Le Canadien va être patient, parce qu’ils ne sont pas pressés de faire ce mouvement-là. »

C’est une phrase simple, mais elle résume toute la philosophie Hughes-Gorton. Le CH a le luxe du temps. Le club gagne, les jeunes progressent, l’ambiance est saine. Rien ne presse. Et pourtant, tout est prêt.

Le vestiaire est assez mûr pour accueillir une figure comme Crosby, et Nick Suzuki, que Lavoie a cité directement, n’aurait aucun problème à glisser sur la deuxième ligne :

« Si Sidney choisit Montréal, je suis certain que mon ami Nick Suzuki sera prêt à devenir le deuxième centre, et Sidney, le premier. »

Le message est profond : même les cadres du club, dont le capitaine, ceux qui incarnent le présent et le futur, seraient prêts à céder la place par respect pour la légende. Et ça, dans une chambre de jeunes vedettes, c’est rarissime.

Lavoie ne s’est pas contenté d’évoquer le rêve Crosby. Il a détaillé les contours d’un échange possible, avec la précision d’un dirigeant :

« C’est probablement la question d’un million de dollars. Parce que si Sidney choisit Montréal, les Penguins vont chercher de la jeunesse et des choix. »

Et il enchaîne :

« On parle ici d’un premier choix, peut-être d’un défenseur droitier comme David Reinbacher. Peut-être un joueur comme Oliver Kapanen, qui comprend de mieux en mieux la Ligue. »

Ce passage est crucial, car il montre que Lavoie ouvre subtilement la porte à Reinbacher, même si tout le monde croyait le jeune Autrichien intouchable. Dans le ton de Lavoie, on sent la prudence, mais aussi le réalisme. Gorton n’a jamais dit “jamais”. 

Et il poursuit, en balisant les limites :

« Mais après ça, c’est à peu près tout. Parce que tu ne vas pas compromettre l’avenir de ta franchise pour un joueur qui finira probablement son contrat à Montréal. »

Autrement dit, le CH est prêt à payer le juste prix, pas le prix du rêve.

Renaud Lavoie a été clair sur un autre point :

« N’attendez-vous pas à voir un Juraj Slafkovský être échangé, ni Cole Caufield, ni Kaiden Guhle. »

Slafkovský, Caufield et Guhle sont intouchables tout le monde le savait.

Mais le simple fait qu’il nomme Reinbacher et Kapanen comme exemples possibles montre que le CH évalue toutes ses options, sans tabou.

C’est la marque d’une organisation qui n’agit plus par impulsion, mais par gestion froide des actifs.

Et quand Lavoie ajoute :

« Tu dois lancer quelques bons jeunes et des choix, mais ça s’arrête là. »

Il trace une ligne rouge. Montréal ne donnera pas “cinq pièces” pour Crosby.

Pas d’hémorragie. Pas de panique.

Seulement un échange réfléchi, maîtrisé, pour le futur.

Lavoie ne cache pas son admiration pour Crosby.

Il sait que peu d’athlètes incarnent autant de valeurs de leadership et d’exemplarité.

Mais il reste lucide : le Canadien veut bâtir une dynastie, pas un musée.

Le défi, c’est de marier les deux mondes.

Crosby représente l’héritage, la tradition, la rigueur.

Le CH, lui, symbolise le renouveau, la jeunesse et la réinvention.

Et si les deux se rejoignent, ce ne sera pas un caprice de vedette.

Ce sera une opération logique, planifiée, méritée.

À Pittsburgh, la réalité est plus sombre.

Les Penguins ont perdu deux matchs de suite.

Dubas parle de “transition”, mais tout le monde comprend qu’il s’agit d’un mot poli pour “reconstruction”.

Et plus les semaines avancent, plus la pression monte pour tirer profit des vétérans.

Crosby, Malkin, Letang... cette génération mythique arrive à la fin de son cycle.

Pendant ce temps, à Montréal, tout avance.

Le club gagne, Hutson brille, Demidov excite les foules, et même Kirby Dach semble renaître.

Et quand Dubas regarde vers le nord, il voit ce que Pittsburgh n’est plus : une équipe en pleine ascension.

Ce que Renaud Lavoie a dit à Sportsnet n’est pas un hasard.

C’est la première fois qu’un journaliste bien branché décrit publiquement le plan exact de Montréal.

Créer l’espace, attendre le bon moment, ne pas surpayer, et protéger ses intouchables.

Ce n’est pas de la rumeur.

C’est un mode d’emploi.

Et quand Lavoie conclut en disant :

« On verra comment les choses vont évoluer. Mais le Canadien est prêt à faire des affaires sérieuses. »

Il ne parle plus en observateur.

Il parle comme un relais du message interne : Montréal n’est plus le petit frère naïf de la LNH.

Montréal négocie comme une franchise mature.

Et si Crosby finit par quitter Pittsburgh, tout le monde sait où il veut aller.